Adhérents, cadres et élus de l'UMP ne peuvent plus guère compter que
sur Nicolas Sarkozy pour empêcher un éclatement du principal parti de
la droite française, dont la crise a d'ores et déjà commencé à remodeler
le paysage politique en France.
L'ancien président a déjeuné lundi avec son ancien Premier ministre, qui
conteste l'élection à la présidence de l'UMP de Jean-François Copé,
confirmée par la commission des recours du parti avec un écart plus
grand - 955 voix - que lundi dernier (98 voix).
Mais ce dernier a jugé la décision de la commission des recours "illégale" et réunira ses troupes mardi pour décider de la suite des événements, un nouveau vote des militants ou la création d'un groupe séparé faisant partie des options.
Il faudra alors que Jean-François Copé "trouve les mots" lors de la réunion du groupe parlementaire UMP qui aura lieu mardi pour éviter une scission, estime Patrick Balkany, qui ne croit cependant pas à un éclatement du parti, fruit de la fusion en 2002 du RPR gaulliste et de l'UDF centriste et libérale.
Un sondage Ifop pour le Journal du dimanche montre que l'ancien Premier ministre garde toutefois une cote d'avenir importante : 51% des Français souhaitent qu'il joue un rôle important (49% avant le scrutin interne) et les sympathisants de l'UMP le plébiscitent à 86% (90% avant l'élection).
En revanche, Jean-François Copé voit sa cote s'effondrer chez les Français à 55% (contre 76 avant l'élection) et s'éroder encore chez les sympathisants UMP, à 32% (29% avant le scrutin).
Si rien n'est définitif en politique, il faudra désormais attendre 2015 et la prochaine élection du président de l'UMP, si le parti existe encore, puis la primaire de 2016, pour voir se dessiner le profil de son candidat à la présidentielle.
"C'est une des hypothèses", a confirmé à Reuters un de ses proches, le député Bernard Debré, pour qui "une scission du groupe est le premier pas vers une scission de l'UMP."
Ce pourrait en tout cas être un moyen de priver Jean-François Copé d'une partie des dotations publiques accordées aux partis en fonction du nombre de leurs députés, estiment des amis de François Fillon.
Scission ou non, l'UMP risque également fort de s'affaiblir par attrition - une hémorragie d'adhérents, de cadre et d'élus, tentés, par exemple, de rejoindre l'Union des démocrates et indépendants (UDI).
La crise de l'UMP conforte, de façon presqu'inespérée pour lui, la démarche de l'ancien ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, qui veut faire de l'UDI le parti leader d'une coalition de droite et de centre-droit avec ce qui restera de l'UMP.
La "prétention" de l'UMP à être le parti unique de la droite et à "embrasser toute l'opposition" a vécu, a déclaré lundi matin Jean-Louis Borloo.
Pour la présidente du FN, Marine Le Pen, qui espère pour sa part rallier les fractions les plus à droite de l'UMP, celle-ci ne peut plus représenter une opposition "crédible et sérieuse".
"Hier on en était à multiplier par cinq le nombre d'adhésions que l'on fait quotidiennement", a-t-elle déclaré sur France 2. "Et encore il ne s'agit là que d'adhésions internet."
La majorité, Parti socialiste en tête, bénéficie aussi à première vue de la crise de l'UMP, qui allège la pression au moment où sa conversion à une politique d'austérité et baisse du coût du travail suscite des tensions dans ses propres rangs.
Mais à moyen terme, la prolongation de la crise de l'UMP, voire l'éclatement ou la disparition de ce parti, ne serait pas nécessairement une bonne opération pour le PS.
Cela créerait d'un côté, en renforçant l'UDI, un pôle d'attraction pour les déçus du socialisme. D'un autre côté, l'affaiblissement du poids de la droite républicaine ouvrirait un boulevard aux extrêmes, y compris à gauche.
"Il faut que ce mauvais feuilleton se termine car la démocratie a besoin d'une opposition en ordre de bataille", a souligné lundi la sénatrice PS Frédérique Espagnac.
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