Objet d’un bras de fer entre l’État français et ArcelorMittal, les
deux hauts fourneaux de Florange ne sont pas viables à eux seuls, dans
une industrie en surcapacité de production. Le site comprend également
un secteur rentable, la fabrication d’acier pour les constructeurs
automobiles. L’industriel veut garder le meilleur et se débarrasser du
pire ; le gouvernement refuse une telle option, qui condamnerait les
hauts fourneaux et les 600 emplois qui en dépendent : voici l’enjeu.
Mais
il y a aussi le style. Le numéro un de la sidérurgie mondiale ne
déteste pas faire monter la température, avec acquisitions à la hussarde
et prise de risques financiers, qui en font aujourd’hui un groupe dont
la dette est considérable : plus de 18 milliards d’euros. Bienvenue dans
l’Hexagone en 2006, lorsqu’il se présentait en sauveteur d’Arcelor,
l’Indien Lakshmi Mittal était le symbole de la mondialisation et de la
réussite des pays émergents. Il est aujourd’hui présenté comme le diable
par Arnaud Montebourg, dont le goût pour la nuance est proverbial. «
Nous ne voulons pas de Mittal en France », proclame Monsieur
Redressement productif, au risque de donner une image caricaturale de la
France alors qu’elle cherche à retrouver sa compétitivité et à séduire
des investisseurs. Au risque, aussi, d’apparaître comme simplement
démagogue, au cas où Florange ne trouverait pas repreneur.
Industriel d’un côté, ministre de l’autre, chacun joue avec le feu, méthode stérile et infernale.
Le
chef de l’État reçoit ce matin le dirigeant sidérurgiste, utile montée
en ligne. François Hollande devrait se passer des effets de langage, ce
qui n’empêche pas la fermeté. Passera-t-elle par une nationalisation
temporaire ? Évoquée par le gouvernement, l’option n’est pas forcément à
exclure. En 2004, le ministre de l’Économie s’en était inspiré pour le
sauvetage – réussi – d’Alstom. Ce ministre se nommait Nicolas Sarkozy.
Et durant la grande crise financière, de nombreux pays y ont eu recours
pour éviter la faillite de leur système bancaire.
C’est d’une
approche pragmatique – et surtout pas idéologique, dans un sens ou dans
l’autre – dont le site mosellan a besoin. Aucun propos incendiaire ne
rallumera les hauts fourneaux.
mardi 27 novembre 2012
Propos incendiaires
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