Furieux de la
décision de l'UE de lever les taxes anti-dumping pesant sur les briquets
chinois, le géant européen des briquets menace de ne plus investir en
France.
mardi 27 novembre 2012
Bic prêt à allumer la guerre des briquets ?
Voilà
plus de 20 ans que l'Union européenne conservait la même barrière à
l'entrée sur son sol des briquets chinois : une taxe anti-dumping de 6,5
centimes d'euros, destinée à empêcher un prix de vente inférieur au
prix de revient, et qui se traduisait par le doublement du prix des
marchandises concernées. Une barrière toute symbolique, d'ailleurs,
puisqu'elle n'empêchait pas l'arrivée de ces mêmes briquets chinois sur
le marché européen par d'autres biais - par exemple en passant par le
Vietnam. Mais l'époque de cette fameuse taxe est bel et bien révolue. La
Commission européenne
vient d'émettre un avis défavorable à sa reconduction. Techniquement,
Bruxelles doit se prononcer d'ici le 12 décembre, mais il y a peu de
chances que l'avis de la Commission ne soit pas suivi.
Colère du groupe français Bic,
qui s'estime le principal menacé par cette décision européenne,
puisqu'il est en position de leader sur le marché européen. "Nous ne
comprenons pas la recommandation de la Direction générale Commerce de la
Commission européenne, qui va, sans raison valable, à l'encontre des
intérêts de l'industrie européenne", a souligné mardi dans un communiqué
Bruno Bich, le président du conseil d'administration de Bic. "En
demandant le renouvellement de cette taxe, longtemps demeurée
inefficace, nous demandons simplement l"application de règles de
commerce équitables".
Que va faire Bic ?
Le géant européen du briquet pourrait ne pas en
rester là. Il a menacé mi-novembre de réexaminer des investissements de
plusieurs dizaines de millions d'euros prévus sur son site de Redon,
dans l'ouest de la France, si l'UE ne luttait pas plus efficacement
contre les importations de briquets chinois.
Dans cette affaire, les instances européennes
sont quelque peu gênées aux entournures. Certes, une enquête a été
ouverte au niveau européen en juin dernier, à la demande de Bic, sur le
contournement par le Vietnam des taxes visant les briquets chinois. Mais
pour l'heure, il n'y a pas de preuve d'un dumping. Or, en vertu des
règles du commerce international, une telle preuve est nécessaire pour
pouvoir maintenir la fameuse taxe anti-dumping - une mesure qui doit
être renouvelée tous les cinq ans. En outre, il faut pouvoir démontrer
que les pratiques anticoncurrentielles provoquent un dommage pour
l'entreprise ou le secteur. Difficile à prouver dans le cas de Bic, dont
la marge d'exploitation s'élève à environ 40% dans le secteur des
briquets.
Faute de mieux, la Commission a donné l'assurance
aux Etats qu'elle allait continuer à surveiller le marché. De leur
côté, les industriels peuvent lancer une procédure pour obtenir
l'instauration de la taxe sur les briquets en provenance d'autres pays
asiatiques, notamment pour les briquets "made in Vietnam"... fabriqués
en fait en Chine.
Enfin, reste l'argument de la sécurité des briquets chinois, mise en
cause par les industriels européens notamment en ce qui concerne les
enfants. Mais sur ce dernier point, les instances européennes bottent en
touche en soulignant que les contrôles relèvent de la responsabilité
des Etats membres.
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