La taxation excessive fait certes fuir les plus fortunés, mais surtout les talents de demain. Les 75% seront un mesure néfaste sur le long terme.
Arrivé en France très jeune, j'ai fait mes études à l'école communale
puis dans un lycée parisien avant d'être envoyé poursuivre mes études à
Oxford : j'ai donc vécu au Royaume-Uni de 1972 à 1978, années marquées
par des turbulences politiques et financières graves.
Hollande; un "présiden"t à l"envers |
En octobre 1973, le futur chancelier de l'Echiquier, Denis Healey, promettait d'imposer à 75% les revenus des plus riches, puis, en pleine campagne électorale quelques mois plus tard, en février 1974, il promit à une certaine catégorie de spéculateurs de les « presser jusqu'à ce que les noyaux geignent » (« squeeze until the pips squeak »). Le ministre de l'Industrie, Anthony Wedgwood-Benn, vicomte socialiste, surnommé Mao Tse Benn, sillonna le pays insultant les patrons, encouragea les coopératives ouvrières et ordonna, au nom d'une politique industrielle vigoureuse, la fusion de deux constructeurs automobiles qui accéléra la faillite de l'ensemble...
Le taux d'impôt sur les revenus au-delà de 20.000 livres (l'équivalent d'environ 200.000 euros d'aujourd'hui) fut porté à 83 % en 1974, taux porté à 98 % sur les revenus du capital.
Au bout de quelques années de déclin industriel, de chaos social et de désordre monétaire, le FMI intervint et Margaret Thatcher gagna les élections législatives... Le monde oublia vite Harold Wilson et ses ministres !
Cependant, l'attitude des politiques au pouvoir eut un impact déterminant sur les choix de carrière et de vie des étudiants que nous étions. Les discours hostiles à la réussite financière et leur mise en oeuvre eurent un effet visible : le départ de ceux qui avaient déjà fait fortune. Moins visible était l'impact de ces discours et de ces actes sur une classe d'âge représentant l'élite du système scolaire britannique, dont une grande partie était décidée à quitter le pays sitôt le diplôme obtenu. La création de start-up n'était pas encore ce qu'elle devint vingt ans plus tard : nous nous orientions plutôt vers les grandes entreprises, les établissements financiers, les cabinets d'avocats, d'expertise comptable ou de conseil avec une exigence simple : partir à l'étranger dans les douze mois suivant notre embauche.
Le résultat de ces choix devait marquer les dix années qui suivirent : mes amis étaient à Hong Kong, New York, Harvard ou Melbourne. Nombreux sont ceux qui, trente-cinq ans plus tard, ont réussi leur vie ailleurs privant le pays de leur contribution à jamais.
Aussi, aujourd'hui, je constate dans mon pays d'adoption des similitudes avec ce que j'ai vécu jadis. La perspective de ne pas pouvoir réussir financièrement sur notre territoire pousse des jeunes produits de l'excellence de notre système éducatif à partir réussir ailleurs, comme l'ont fait des centaines de jeunes Britanniques entre 1970 et 1980. Mes fonctions et mon activité d'investisseur privé me conduisent à côtoyer des dizaines de personnes âgées de 30 à 45 ans dans de nombreuses professions, qui mettent à exécution leur projet d'exil : ils ne supportent pas l'idée de travailler et de vivre sous un plafond de verre qui interdit d'aspirer au niveau de richesse de leurs aînés.
Aucune statistique ne peut saisir un tel mouvement : mon observation et mes souvenirs concourent à me convaincre que ce gâchis est avéré.
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