Pour les socialistes, ce dixième anniversaire, jour pour jour, de l'UMP, est une aubaine. Le PS apparaît presque comme un modèle de démocratie ! Le vaudeville Copé-Fillon fait oublier un instant les mauvais sondages, la TVA, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le divorce redouté d'avec les écologistes.
Une aubaine pour les centristes aussi. La création de l'UMP n'a pas empêché François Bayrou d'exister ni Jean-Louis Borloo de lancer l'UDI, l'Union de centre droit. Encore un effort, messieurs Copé et Fillon, et il va ouvrir un hôpital de campagne pour les victimes de ce combat des chefs ! Car on les voit mal se tomber dans les bras après tant de blessures.
Une aubaine pour les extrêmes, enfin. Marine Le Pen peut compter les points et distiller ses messages à un électorat souvent ouvert à des alliances avec sa formation. Car en dehors de la parenthèse de 2007, l'UMP ne s'est jamais débarrassée du sparadrap frontiste. La fille a fait mieux que le père à la présidentielle. Au risque d'encourager la porosité avec l'extrémisme, Jean-François Copé, notamment, a développé des thèmes sociétaux auxquels la droite classique n'a jamais donné de réponse satisfaisante.
Il y a donc ceux que ces fâcheuses fâcheries réjouissent. Et ceux qu'elles navrent.
Loin de l'indiscipline socialiste, les militants UMP aiment la culture du chef, d'un chef dominant. Cette division, parfois jusqu'à la haine - sans majorité nette pour la faire taire et porteuse de revanche - est le pire scénario qu'ils pouvaient imaginer. Ils se souviennent de l'affrontement RPR-UDF, incarné par Jacques Chirac et Édouard Balladur, qui avait coûté si cher à la droite.
Surtout, ce raté monumental, dont François Fillon est le principal perdant dès lors qu'il était le favori, intervient alors que la reconstruction de la droite n'a rien du ravalement de façade.
Depuis 2007, le premier parti de droite a perdu toutes les élections. Face à une gauche majoritaire à tous les étages de la démocratie, l'UMP doit vite construire une opposition intelligente pour rêver d'une vague bleue aux municipales et créer un élan avant la présidentielle de 2017.
Peu sollicité pour produire des idées et souvent réduit au rôle de remplisseur de salles, le militant aurait intérêt à se déshabituer des choix tous dictés d'en haut, au mépris de sa sensibilité ¯ gaulliste, humaniste, libérale... - ou de sa Région. On n'étalonne pas son discours de la même manière selon que l'on milite dans le Sud-Est frontiste ou dans le Grand Ouest social-démocrate.
Surtout, avant d'écrire un projet, le nouveau président devra bien analyser l'échec présidentiel, chose difficile quand on est coresponsable du bilan. Crise ou pas crise, la France, en dix ans, n'a pas su retrouver son rang par rapport à la compétitivité des autres pays. Ce constat, attesté par Louis Gallois, sanctionne une défaillance qu'il faudra assumer.
Autant de raisons qui imposeront à Jean-François Copé, élu dans la douleur et à la merci d'une implosion, d'être rassembleur pour deux. De changer les pansements avant de penser les changements !
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