jeudi 27 septembre 2012
La France faible : François Hollande pourra-t-il tenir encore quatre ans et demi à l'Elysée ?
Cette semaine, Serge Federbusch revient
aussi sur la baisse de popularité de François Hollande, Marine Le Pen
qui compte interdire le port de la kippa et du voile en public, la BPI
et le gaz de schiste.
Comment,
en 160 jours, ont-ils pu en arriver là ? Pour éviter de prendre des
coups politiques, François Hollande, depuis son élection et malgré sa
posture récente à destination des téléspectateurs de TF1, s’abrite
derrière le gouvernement. Au prétexte de normalité constitutionnelle, la
répartition des tâches est simple : à lui les annonces agréables et les
généralités, aux autres, Premier ministre et ministres, les mauvaises
nouvelles. Jusque là, rien que de très classique …
Sauf qu’hélas le froid souffle beaucoup plus fortement sur l’actualité que le chaud ces derniers mois. On
se trouve donc dans une situation paradoxale où le président s’exprime
essentiellement sur les mesurettes et gadgets de peu de portée contenus
dans son programme alors que le gouvernement est contraint d’aborder les
sujets lourds, ce qu’il ne fait naturellement qu’avec le plus
d’ellipses et de précaution possible, à la notable exception de Manuel
Valls.
Ainsi, ces derniers jours, a-t-on
entendu François Hollande préempter des sujets aussi considérables que
l’inauguration d’un monument au camp des Milles, de nouvelles salles au
Louvre ou une aide d’urgence aux sans-abris alors que son Premier
ministre n’abordait rien moins que la question des tensions autour de
l’islam, du traité européen ou de la hausse de la fiscalité. Sur ce
dernier sujet d’ailleurs, c’est le sauve-qui-peut car personne ne veut
prendre la responsabilité d’annoncer le retour de la TVA sociale ou
l’alourdissement considérable de la CSG. Tout est donc abordé de biais,
par des fuites, des confidences anonymes et autres bruits de couloirs. A
ce rythme, les ministres vont bientôt parler masqués.
Sans
aller jusqu’à l’hyper-présidence, le service minimum du chef de l’Etat,
sous la cinquième République, est de traiter des grands enjeux. Depuis
mai dernier, c’est un Premier ministre-zombie qui doit s’y coller et,
naturellement, ni sa légitimité ni son autorité ne sont respectées, sur
ces sujets de première importance, par les ministres ou qui que ce soit.
François Hollande voulait un Premier ministre qui le protège sans lui
faire d’ombre, ce qui est impossible, surtout en temps de crise. D’où
l’étrange sentiment de vacance du pouvoir qui s’installe chaque jour un
peu plus à la tête de l’Etat et accroit son impopularité. Les Verts n’en
font déjà plus qu’à leur tête et le gouvernement tire à hue et à dia.
Conséquence
directe de cette situation : devant Matignon, la danse du scalp a
commencé, François a ouvert son carnet et Martine ressorti ses
ballerines. Le problème, c’est que François ne veut pas de Martine.
Ce
début de règne sent déjà la fin et l’effondrement sondagier du pouvoir
est plus inquiétant qu’il n’y paraît. En effet, l’expérience des
présidences passées montre qu’après pareille chute, on ne rebondit
jamais sauf en période de cohabitation.
Dès
lors que la proportion de mécontents franchit la barre des 50 %, la
pente est trop rude à remonter (juin 1983 pour Mitterrand, novembre 1995
pour Chirac et mars 2008 pour Sarkozy). C’est déjà le cas pour
François Hollande dans le « baromètre » du JDD, ce le sera bientôt dans
celui du Figaro. Puisque, malgré nos objurgations, le président ne se
résout pas à provoquer une cohabitation, que peut-il faire ? Rien, si ce
n’est encaisser les coups. Dès lors, il va se trouver face à une
situation inédite sous la 5ème République : effectuer un
entier mandat en première ligne de l’impopularité. Il est peu probable
que la rue, les entreprises et les banlieues le laissent terminer
sereinement.
A
ceux qui rêvent d’une nouvelle Saint Barthélémy, le climat qui s’est
installé en France depuis deux semaines donne quelque espoir. Des
vendeurs de mauvaise soupe journalistique, caricaturistes sans
inspiration et démagogues de tout poil font commerce éditorial et
politique d’une tension réelle, montante, en grande partie liée à
l’inculture et au défaut d’assimilation d’une fraction non négligeable
des jeunes musulmans. La vidéo mise en ligne sur le site de Riposte
laïque, où l’on voit d’inquiétants imbéciles se goberger sur les
Champs-Elysées de la bataille victorieuse des fidèles de Mahomet sur les
Juifs d’Arabie au 7ème siècle ( !) n’a été que très
discrètement reprise par les médias. Mais le silence et la gêne ne sont
pas des solutions. Le plus terrible est d’entendre Mou-Président, pardon
Moi-Président, balbutier que : « Ce qui divise n’est pas bon ». Quel
rappel à l’ordre ! Les extrémistes vont trembler. Et, pendant ce temps,
Marine Le Pen nous apprend qu’une fois le Front national au pouvoir, on
pourra arborer des crucifix mais pas trop gros, des kippas discrètes et
des voiles labellisés non islamiques.
Nous ne
sommes guère enclins au catastrophisme mais cette situation commence à
devenir préoccupante. Elle ne pourra trouver de solution que par des
mesures courageuses mais respectueuses des libertés.
D’abord,
les lois mémorielles et privatives de liberté d’expression ont ouvert
la boîte de Pandore de la censure. Puisqu’on ne peut parler librement de
la Shoah, se moquer des homosexuels ou déblatérer des Noirs, pourquoi
ne pas interdire également la fustigation de l’islam ? Il
n’existe plus de rempart intellectuel sérieux contre le rétablissement
du délit de blasphème dès lors que la critique virulente des religions
ne diffère guère de celle des races. De même, empêcher une manifestation
de salafistes ne les fera pas disparaître. Cela accroît leur prestige
auprès de leurs coreligionnaires, puisqu’ils peuvent se targuer de
combattre un interdit à géométrie variable. Le ministère de l’Intérieur
plastronnera un temps mais le cycle paranoïa/répression est engagé et
l’infection va se développer à bas bruit.
Le
retour à la liberté d’expression est donc paradoxalement la première
étape de la lutte contre ces obscurantistes, elle mettra le mal au grand
jour. Elle va de pair avec le fait de considérer que le port d’un
voile, d’une calotte ou de tout autre signe religieux dans la rue est un
droit individuel inviolable sauf nécessité impérieuse d’ordre public.
Si le visage n’est pas dissimulé, rien ne justifie l’interdit. S’il n’ya
pas appel au meurtre mais simple expression de l’imbécillité, nulle
raison de censurer.
A contrario, et c’est
essentiel, le rétablissement du droit commun implique qu’on en finisse
avec les ruineuses politiques de la ville et autres subventions
clientélistes à une myriade d’associations parasitaires. Tout comme on
devrait cesser de promouvoir, sous le nom de logement social, des
ghettos. Ou de contourner, comme à Paris, la loi de 1905 en
subventionnant la construction de mosquées sous prétexte de pratiques
culturelles.
La question de l’islam est l’abcès de
fixation des tensions sociales en France et toutes les politiques de
discrimination positive entretiennent positivement les discriminations. Les populations issues de l’immigration ne doivent bénéficier ni de faveurs ni de défaveurs.
Enfin,
et c’est toute la difficulté, seule la création d’emplois pérennes dans
le secteur privé et le retour de la croissance économique parviendront à
ramener ces sujets et les partis qui les exploitent à ce qu’ils étaient
avant le début des années 1980 : des lubies et des ramassis
folkloriques d’énervés. La réforme des institutions pour réduire le
poids des élus professionnels et celui de l’administration, la baisse
des impôts, la lutte contre les corporatismes et la déréglementation
mais aussi le refus d’adopter la règle d’or budgétaire tant que la
question de la surévaluation de l’euro n’est pas réglée, bref la levée
des contraintes qui nous étouffent : telles seraient les solutions
réelles à la crise sociale et communautaire vers laquelle nous nous
dirigeons.
Naturellement, sur tous ces points, le
pouvoir actuel va dans la direction opposée à celle qu’il faudrait
suivre. Ses imprécations antiracistes et rappels à la mesure vont faire
long feu. La suite à la prochaine provocation …
Dans
l’esprit gosplanisé de nos dirigeants, la Banque publique
d’investissement sera le remède miracle aux maux des entreprises
françaises. C’est un syndrome classique qui frappe le grand corps malade
de notre économie administrée : en regroupant les différents organismes
qui œuvrent à son financement, le gouvernement espère obtenir plus de
puissance de feu. Mais aveugles et paralytiques, même attelés, ne vont
guère loin quand leur chemin est jonché de trous. Le gouvernement ne
cherche pas d’économies d’échelle et il n’obtiendra pas d’efficacité
accrue.
Le plus terrible, dans cette affaire, est
le droit conféré aux régions de s’immiscer dans le fonctionnement de la
BPI. Ce choix vient d’être confirmé par Moscovici : "La BPI est fondée
sur un partenariat entre l'Etat et les régions. Dans la pratique, 90%
des décisions de la BPI seront prises en régions. Elles définiront les
orientations et les priorités de la BPI avec l'Etat, aussi bien au
niveau national qu'au niveau local … des guichets uniques seront mis sur
pied au plus près des entreprises".
Quand bien
même les régions ne l’obtiendraient que pour les crédits et les projets
qu’elles financent, c’est ouvrir la possibilité aux élus locaux
d’interférer dans des décisions d’investissements privés à partir de
fonds publics. C’est encore plus sûrement faire prévaloir des
considérations politiques locales sur les besoins des marchés et des
consommateurs. Les mille et un exemples de dérives dans la
gestion des collectivités territoriales font craindre le pire en matière
de dévoiement clientéliste si la France s’engage dans cette voie.
Intrusion
autoritaire dans la hausse des tarifs, refus arbitraire et hypocrite de
permis d’exploiter les gaz de schistes : une logique politicienne sévit
déjà dans la fixation du prix de l’énergie à la consommation.
Comme pour la récente et vaine intervention
gouvernementale sur le tarif de l’essence à la pompe, la démonstration
de l’inanité des actions de l’Etat face à des mécanismes de fixation
totalement mondialisés n’a pas tardé. Même Delphine Batho,
ministre de l’Energie ( ?) soupire en réclamant le droit de ne plus être
mise au pied du mur ! Sur ce sujet aussi, il fallait bien cet épisode
« hollandais » pour que la France réalise à quel point les idées
socialistes sont obsolètes. On en revient donc à notre observation
liminaire : comment tenir quatre ans et demi dans ce cul-de-sac ?
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