jeudi 27 septembre 2012
Sahelistan
L’épreuve budgétaire s’annonce périlleuse, la majorité connaît de
vives tensions : afin d’oublier un peu les soucis hexagonaux, François
Hollande aspire peut-être à une brève parenthèse hors de nos frontières.
Mais son voyage à New York, pour un premier discours devant l’Onu, n’a
rien d’une tranquille escapade, car le terrain de la politique étrangère
est presque aussi miné que la scène intérieure.
La Syrie est au
cœur du débat, mais les Nations Unies ne parviennent pas à endiguer la
répression sanglante menée par Bachar Al-Assad. On peut regretter que la
France ne soit pas plus offensive dans ce dossier. Mais la paralysie
incombe à la communauté internationale dans son ensemble, la Chine et la
Russie continuant de protéger le dictateur syrien.
C’est dans un
autre dossier, que notre pays se retrouve en première ligne, celui du
Mali. Le nord du pays est aux mains de rebelles islamistes, dans la
région où sont détenus les quatre otages français aux mains d’Al-Qaïda
au Maghreb islamique. Les autorités légales du Mali viennent de faire
appel à l’Onu pour une intervention militaire, à laquelle la France est
prête à contribuer mais pas directement par des troupes au sol. Et dans
le cadre d’une opération qui serait avant tout menée par des forces
africaines.
De prime abord, cette ligne équilibrée paraît tenable :
elle ne donne pas prise au reproche éventuel de néocolonialisme, mais
témoigne d’un esprit « facilitateur », selon l’expression diplomatique,
dans une zone, le Sahel, dont notre pays ne peut se désintéresser pour
des raisons historiques et stratégiques.
Mais un tel engagement
expose au risque de l’engrenage non maîtrisé, qui peut devenir coûteux
en vies humaines, même sans intervention directe. Et très lourd sur le
plan budgétaire, alors que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault présente
une loi de finances d’extrême rigueur.
La France est en train de
quitter l’Afghanistan. Mais elle pourrait bientôt être engagée sur un
autre front anti-islamistes radicaux. Laurent Fabius, ministre des
Affaires étrangères a trouvé un néologisme qui résume bien la nature du
piège malien : il l’a baptisé le « Sahelistan », menaçant mélange de
sable et de feu.
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