mardi 25 septembre 2012
Est-il bien raisonnable pour le gouvernement de faire semblant de ne pas voir le problème avec la participation des Verts ?
On avait déjà connu
le soutien (des communistes) sans participation (au gouvernement
socialiste). Est-il venu le temps de la participation (des ministres
écologistes) sans soutien (des parlementaires de ce parti) ? A observer
le psychodrame qui se déroule actuellement dans la majorité gouvernementale, on est en droit de se poser la question.
Reprenons :
jeudi dernier aux Journées parlementaires du PS à Dijon, Jean-Marc
Ayrault exhortait la majorité à voter massivement en faveur de ce Traité
budgétaire européen. Il s’adressait alors aux membres de l’aile gauche
de son parti qui clament ouvertement leur refus d’apposer leur signature
à ce texte négocié jadis par Nicolas Sarkozy. Samedi dernier, le
Conseil fédéral d’EELV se prononçait à son tour à 70% des suffrages
contre le Traité, donnant ainsi consigne à ses élus de voter "non", au
grand embarras de Cécile Duflot, et à la fureur de Daniel Cohn-Bendit.
Des
ministres désavoués par leur base militante. Voilà réunis les
ingrédients d’une crise politique, voire la perspective d'un départ des
ministres écologistes du gouvernement, qui sait ? Mais que nenni ! Après
avoir envoyé les leaders socialistes à Canossa expliquer que les
écologistes ont toute leur place dans l’équipe gouvernementale, c’est
Matignon qui est monté au créneau pour expliquer que "leur démission
n’était pas du tout à l’ordre du jour" et qu’ils "font pleinement
honneur au gouvernement" !
De leur coté, les députés écolos présents au Palais Bourbon clament leur droit à la différence et expliquent à qui veut l’entendre que le Traité ne fait pas partie du pacte majoritaire signé avec le PS. Et sur France 2 la ministre du Logement, Cécile Duflot, a déclaré qu’elle resterait à son poste tant qu’elle serait "utile". "Ma position est très simple, être ministre, ça veut dire s'appliquer un principe de solidarité gouvernementale. Je soutiens (donc) le gouvernement. La question du départ des ministres écologistes du gouvernement ne se pose pas".
Désavoue-t-elle pour autant ses amis ? On le devine, mais la ministre
du Logement a pratiqué l’esquive en maniant la casuistique à haut débit
(verbal).
Fin du premier acte,
mais pas fin de l’épisode, car cette polémique va se poursuivre jusqu’au
vote (sous les quolibets de l’opposition), et on verra probablement le
groupe écologiste se diviser sur ce texte à l’Assemblée. Mais Jean-Marc
Ayrault a d’autres chats à fouetter et il n’a qu’une hâte : en finir
avec cette affaire au moment où il doit faire passer la pilule du budget
et ses augmentations d’impôts ! Provoquer une crise et une remaniement
aujourd’hui serait contre-productif et affaiblirait sa majorité.
Car
tout le monde se tient par la barbichette : lorsque les écologistes se
retranchent derrière leur cohérence, ils n’ont pas tout à fait tort : on
leur demande aujourd’hui d’approuver un texte que toute la gauche
refusait hier. Pendant la campagne présidentielle François
Hollande n’affirmait-il pas qu’il renégocierait le Traité s’il était élu
? Une fois à l’Elysée, le président de la République a dû se rendre à
la raison : le Traité imposant des budgets en équilibre aux pays membres
n’a pas été modifié. François Hollande a certes obtenu le
déblocage d’un fonds de 120 milliards d’euros pour relancer l’économie
européenne. C’est au nom de cet argument que l’opposition d’hier devenue
majorité, accepte (avec plus ou moins d’enthousiasme), de l’approuver
ce Traité. Mais divisez 120 milliards par 27 (pays membres) : la somme
dévolue à la France sera inférieure au montant du grand emprunt lancé
par Nicolas Sarkozy !
Si
dans la majorité tout le monde est tellement désireux de "mettre le
couvercle sur la marmite", c’est parce que cette crise larvée est
révélatrice du comportement des écologistes, partenaires privilégiés du
PS. Ils ont beau avoir changé de nom et s’appeler désormais
Europe-Ecologie les Verts, ils sont, comme l’a dit avec amertume un de
leur père fondateur Daniel Cohn-Bendit, restés "Les Verts".
C’est-à-dire un parti gauchiste et intransigeant, où le compromis ne
sert que les ambitions personnelles. Cécile Duflot rêvait
d’être ministre. Elle a obtenu son portefeuille de ministre du Logement
et a mis sa muselière. Irréprochable en apparence. Ses amis mènent la
vie dure au gouvernement ? Sous la Vème République les ministres ne sont
en théorie pas les représentants de leur parti politique, même s’ils en
sont ou en ont été les dirigeants. Elle peut donc s’en laver les
mains !
A l’époque de
la gauche plurielle, quand Lionel Jospin était Premier ministre, les
députés communistes, lorsqu’ils étaient en désaccord avec le
gouvernement, faisaient trainer la discussion et s’abstenaient au moment
du vote, mais n’ont jamais voté contre un projet gouvernemental. Qu'en
sera-t-il lorsque les écologistes seront en désaccord avec un texte
gouvernemental et non plus un Traité signé par des prédécesseurs ?
Cécile Duflot affirme qu’elle restera au gouvernement tant qu’elle sera
utile. Et indispensable ?
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