mardi 25 septembre 2012
« Mariage » homo : le rôle « prophétique » de l’Église
Sans prononcer le mot mais en s’adressant à des évêques français, Benoît XVI s’est attaqué ouvertement au projet socialiste du « mariage » homosexuel par ces mots sans ambages : « Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde, mais plutôt prophétique. »
Il a ainsi clairement répondu au sophisme de Jean-Marc Ayrault qui,
pour riposter au discours du Primat des Gaules contre la dénaturation du
mariage, avait déclaré qu’aucune religion « ne peut s’imposer à tous » (Présent de samedi)…
Ce n’est pas la religion ni l’Eglise catholique, la plus
respectueuse de la (vraie) liberté religieuse, qui imposent quelque
chose à l’homme en la matière. C’est la nature institutionnelle et donc
la réalité du mariage, dont l’arbitraire socialiste veut aujourd’hui imposer
la déconnection avec ce réel, c’est-à-dire l’aliénation. Mais ce n’est
par hasard aussi si l’Eglise catholique est historiquement et
prophétiquement la plus à même de nous garder de cette aliénation, en
sentinelle confirmée du bien commun. Comme l’a dit le cardinal
Barbarin : la première page de la Bible qui a traversé les cultures et
les siècles a « un peu plus de force et de vérité que les décisions circonstancielles ou passagères d’un Parlement » !
A côté de mots plus faibles, le cardinal Vingt-Trois l’a dit aussi excellemment (sur le site du diocèse de Paris) : « Quand
des mutations font courir un risque majeur à la société et à l’homme,
nous devons d’abord jouer un rôle d’éveilleur ou de sentinelle, puis
prendre nos responsabilités… Que devient une société dans laquelle le
commandement de ne pas tuer est légalement contourné ? »
Alors que le gouvernement français s’apprête donc à contourner
légalement la réalité morale et politique du mariage en l’ouvrant aux
homosexuels (et donc en détruisant le mariage), le Pape s’est adressé
solennellement, à Castel Gandolfo, à une trentaine d’évêques de l’ouest
de la France, sans citer ce projet de loi, mais en se référant
clairement au « débat » qui bat son plein en France :
« Celle-ci [la famille] est menacée en bien des endroits, par suite d’une conception de la nature humaine qui s’avère défectueuse.
Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde
mais plutôt prophétique, car cela revient à promouvoir des valeurs qui
permettent le plein épanouissement de la personne humaine, créée à
l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous avons là un véritable défi à
relever. » La famille, « fondement de la vie sociale », est menacée par suite d’« une conception de la nature humaine qui s’avère défectueuse », a t-il bien précisé :
« En effet, le bien que l’Eglise et la société tout entière attendent
du mariage et de la famille sont des institutions qui doivent être
promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité,
parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure
pour la convivialité humaine comme telle. »
Les visites de travail ad limina des évêques français qui s’étaleront jusqu’en décembre sont les premières effectuées sous le pontificat de Benoît XVI
(les dernières remontant à la fin du pontificat de Jean Paul II, en
2003-2004). Elles se déroulent à un moment où les dossiers épineux ne
manquent pas, de l’ouverture à la tradition à la chute dramatique des
vocations, en passant par les projets du gouvernement socialiste sur le
« mariage » homosexuel et la « fin de vie ».
« Eveiller » les consciences et « prendre nos responsabilités »,
affirme le cardinal Vingt-Trois face à la gravité de l’enjeu ?
Peut-être pas alors à la manière indiquée par le porte-parole de
l’épiscopat (Mgr Bernard Podvin) dans La Croix du 2 juillet dernier, alors que président et gouvernement socialistes affichaient clairement la couleur : « Du
côté des évêques de France, il est hors de question de céder à la
précipitation : l’Eglise catholique use et usera de sa liberté comme
elle l’a toujours fait dans sa relation avec les pouvoirs publics pour
s’exprimer sur les projets sociétaux. » Le problème est que si elle use de cette liberté comme elle l’a fait par le passé et notamment pour la légalisation du « crime abominable », il y a beaucoup de souci à se faire !
« Mon souci n’est pas de défendre un pré carré confessionnel », déclare encore Mgr Vingt-Trois. On comprend bien sûr qu’il se place stratégiquement et licitement au niveau de la loi (morale) naturelle. Mais le problème également est que la loi d’Amour, la loi surnaturelle apportée par Jésus-Christ, n’est pas vraiment un « pré carré », qui « enferme » dans une « morale étroitement ou strictement
confessionnelle ». Elle vient de la Révélation d’un Dieu qui est le
Bien commun surnaturel, le Dieu de tous et pour tous, Créateur du monde
visible et invisible et donc garant de la loi naturelle. L’Eglise
catholique n’est pas une association particulière mais la communauté la
plus universelle qui soit, comme son nom l’indique. C’est à elle qu’il
revient de défendre la dimension publique et sociale du Salut contre la
prétention du laïcisme qui entend toujours la réduire, la privatiser ou
la marginaliser sinon l’étouffer…
Jean Madiran l’avait déjà dit : « On ne reproche pas à l’incroyant de faire comme s’il n’était pas croyant… C’est le comme si
du chrétien qui fausse tout en imaginant une zone de pensée et d’action
où il serait possible de faire comme s’il n’était pas (encore)
chrétien. L’ordre naturel n’est pas un compromis entre le chrétien et
l’incroyant :… il est cette réalité que le chrétien aperçoit exactement
s’il la considère dans une perspective surnaturelle, et que l’incroyant
peut admettre dans une perspective naturelle » ( Cf. Sous le signe d’Antigone, p.183).
Sans doute faudrait-il des évêques qui sachent certes distinguer légitimement entre foi et raison, mais pour mieux les unir sous un mode réellement prophétique, comme leur demande le Saint-Père. « Otez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel », résumait aussi Chesterton.
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