Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, qui
souhaiterait prendre la présidence de l’Eurogroupe, assure dans une
tribune publiée dans Les Échos que croissance et assainissement
budgétaire ne sont pas contradictoires, tout en continuant de dénoncer
les relances financées par les déficits et l’endettement. Portrait.
L’élection de François Hollande a un mérite, elle nous en apprend
plus sur la politique Outre-Rhin et ses figures éminentes qui la
composent. Quelle belle ouverture sur le monde. Et tant mieux !
Mais attention, malgré son association au socialisme de marché, cette école ORDO, comme l’appellent les Allemands, et qui fait encore la part belle aux interventions d’État, serait qualifiée en France par tous les partis en vigueur d’ultra-libérale. Et dire qu’à quelques encablures de Strasbourg, se réunissaient au nez et à la barbe de tous ces odieux personnages.
Plus admirable encore (ou plus inquiétant selon les points de vue) est le fait que ses tenants ont collaboré avec d’autres penseurs libéraux « plus authentiques », ce qui démontre une ouverture d’esprit, mais aussi une compréhension fine et subtile de la pensée libérale et des mécanismes du marché.
Ce qui n’est pas rien, quand on compare le désert intellectuel qui règne en France dans les manuels d’économie où sont à peine mentionnés un Ludwig von Mises ou un Israel Kirzner, et bien sûr jamais un Murray Rothbard (Hayek et Friedman sont cités, mais en exemple de ce qu’il ne faut pas faire) . Et cela a un impact considérable sur la formation idéologique d’une élite destinée à prendre les rênes du pouvoir, comme pour Wolfgang Schäuble. Imprégné d’ordo-libéralisme, on comprend aisément pourquoi il ne donne aucun crédit aux plans de relance et considère l’assainissement budgétaire comme la seule voie du salut. Keynes n’est pas sa tasse de thé.
À l’opposé prenons le parcours de François Hollande, qui malgré un passage par HEC (et encore), à sans l’ombre d’un doute été imbibé des mantras hyper-étatistes lors de son séjour à Science Po et à l’Ena, à une époque d’ailleurs où être keynésien était être de droite (et c’est toujours le cas pour les melenchonistes). Et nous pouvons réaliser le gouffre idéologique qui sépare les deux hommes.
Certes l’idéologie n’a plus le vent en poupe en cette époque de relativisme et de pragmatisme effréné, et elle tend à se corroder chez les hommes politiques à force de compromis et de sournoiseries. Il en est ainsi du marché politique qui sélectionne les plus roublards et les moins intègres d’entre nous.
Mais il reste tout de même, malgré ces années de vicissitudes, des réflexes quasi archaïques qui font que nos deux hommes n’auront décidément pas la même vision du monde, et encore moins de l’Europe.
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