1. L'hommage à Jules Ferry, la première bourde
Première
commémoration, première bourde. Voilà François Hollande décidé à
inaugurer son quinquennat par un hommage appuyé à Jules Ferry !
Quelqu’un,
parmi les nombreux enseignants œuvrant au parti socialiste, pourrait-il
rappeler à ce président novice que Ferry, alias «le Tonkinois» selon
Clémenceau, fut l’un des principaux inspirateurs de la politique
coloniale de la France ? Qu’il déclara un jour : «Je répète qu’il y a
pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour
elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures».
Anti-communard
farouche, Ferry s’attira même ce jugement de Karl Marx : «Avocat sans
le sou avant le 4 septembre, réussit comme maire de Paris pendant le
siège à tirer par escroquerie une fortune de la famine. Le jour où il
aurait à rendre compte de sa mauvaise administration serait aussi celui
de sa condamnation». Prière de transmettre au Front de Gauche ...
2. La langue de bois au programme
D’une
prudence de serpent dans d’autres domaines, François Hollande s’est
gardé, pendant la campagne électorale, de faire des promesses dont la
trahison serait immédiate. Il lui faut en effet, pour gagner les prochaines législatives, ne décevoir personne d’ici le 17 juin,
bref continuer à bercer son public de la douce illusion qu’il lui
épargnera les morsures de la crise et ne s’en prendra qu’à la méchante
finance et à quelques affreux riches.
Pour
cela rien de tel qu’un peu de langue de bois (de rose). Prenons un
exemple : l’abandon annoncé de la fameuse «Revue générale des politiques
publiques» (RGPP) qui a tant déplu à sa clientèle de fonctionnaires.
Que
propose-t-il à la place ? Il s’est engagé à lui substituer un «projet
de refondation et de modernisation de l’action publique», avec comme
première étape «l’établissement par chaque ministre avant fin septembre
2012 d'un projet pluriannuel de modernisation et de simplification des
services et des opérateurs sous sa tutelle». Les fonctionnaires risquent
de comprendre en septembre, c’est à dire après les législatives,
qu’entre le «PRMAP» et la «RGPP», il y a peu de différence ! La «simplification» annoncée promet des réveils douloureux et
l’on attend avec impatience de voir si les syndicats qui conspuaient
Sarkozy montrent autant de vigilance à défendre les intérêts de leurs
adhérents face à son successeur ...
3. Ayrault anéanti ?
Qu’on se le dise, il serait périlleux d’évoquer une condamnation de Jean-Marc Ayrault prononcée en 1997.
Selon son avocat, le socialiste Jean-Pierre Mignard (qui se verrait
bien garde des sceaux et accumule pour cela les états de service), cette
sanction est "nulle et a été anéantie par [une] réhabilitation intervenue en 2007".
Ce
pénaliste averti ajoute même, histoire de bien intimider les éventuels
contrevenants : "Nul ne peut plus l'invoquer sans être en infraction
avec la loi pénale. Les transgressions dans ce domaine ont fait l'objet
régulièrement de condamnations pour diffamation". Brrr ... ça fait peur !
Les esprits taquins se contenteront donc de relever la réaction publique de l’avocat et non les faits en cause, hé, hé. Nous
signalerons quand même que l’interdiction de mentionner ces
condamnations ne vaut, selon le code pénal, que pour «toute personne
qui, dans l'exercice de ses fonctions, a connaissance de condamnations
pénales». Pas le commun des mortels ou des plumitifs, donc.
N’ayez pas peur, disait François Hollande en conclusion de son débat
avec Nicolas Sarkozy ...
Dans
mon souvenir, l’Antiquité prenait fin à la chute de l’empire romain.
Dans celui de Bruno Roger-Petit, il devait s’agir de la chute de
l’empire Jospin.
Qu’écrit encore cet historien original ? «François Hollande [...] est placé dans le possible viseur de la droite et de ses relais médiatiques les plus puissants».
Ah ? Un groupe Facebook, «plus puissant média» ... L’arroseur
antisarkozyste se plaint d’être désormais arrosé alors qu’il n’a encore
reçu que quelques gouttes.
Une petite question,
qui n’effleure pas l’esprit de ces souples défenseurs de la moralité
publique : et si celui ou celle qui a exhumé la condamnation d’Ayrault
était en concurrence avec lui pour Matignon ?
A ceux qui, comme Claude Guéant, disent que la cohabitation est
«contraire à l’esprit des institutions de la Ve République», posons une
question : si un suicidaire se procure un pistolet faut-il, par souci de
cohérence, lui fournir des balles ?
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