jeudi 17 mai 2012
Ayrault, simple Premier ministre
L'investiture de François Hollande a été placée sous le signe d'une
solennité assumée. Loin des fastes mitterrandiens, aux antipodes de
celle de Nicolas Sarkozy, la cérémonie comportait un mélange de gravité
et de sobriété, sans rupture véritable avec le symbole du « monarque
républicain » mais avec un souci appuyé de simplicité. Classicisme aussi
dans l'annonce du Premier ministre, sur le perron de l'Élysée, et le
choix de l'intéressé. Jean-Marc Ayrault obéissait au portrait robot. Il
incarne l'image du Premier ministre modeste appelé à s'inscrire dans les
pas d'un président revendiquant sa « normalité ». Il passe ses vacances
en camping-car. Il est réputé gérer sa ville en bon père de famille. Il
n'est pas l'homme d'une écurie mais d'une fidélité. Proche du président
sans être un intime. Ils ont cheminé ensemble, sa loyauté est
récompensée. Il est certes dépourvu d'expérience ministérielle et se
situe dans la lignée des chefs de gouvernement méconnus du grand public,
dont la longévité peut s'avérer inverse à leur faible exposition
médiatique. Plus expert de la langue de Goethe - et parfois de bois -
que de la phrase culte. François Hollande aurait pu exercer un choix
générationnel avec Valls ou Moscovici (hasardeux en temps de crise), le
choix de l'expérience avec Fabius (trop
éléphantesque), de la filiation
à gauche avec Aubry (risquée, la cohabitation avec la très électrique
patronne du PS). Au lieu de quoi il a opté pour le plus petit
dénominateur commun. On connaît peu de détracteurs à Jean-Marc Ayrault ;
on lui reconnaît un sens du compromis qui ne sera pas superflu dans «
l'enfer » de Matignon.
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