Depuis les législatives anticipées du 6 mai, Karolos Papoulias, le président grec, a essayé de mettre d’accord les partis politiques, afin qu’ils forment une coalition à même de gouverner un État criblé de dettes et qui joue sa survie dans l’union monétaire.
« Le temps est contre nous »
Selon un document mis en ligne sur le site de la présidence, il s’était déclaré déçu dimanche par ses interlocuteurs, attendant d’eux une « discussion plus avancée » alors que l’insécurité politique pousse les Grecs à retirer leur argent au risque de faire écrouler le système bancaire.« Je pense que le temps est contre nous. Et je suis effrayé à l’idée des problèmes que doit affronter le pays », avait ajouté le président, qui poursuivait encore hier à Athènes ses pourparlers en proposant un exécutif composé de personnalités non politiques. Mais de nouvelles élections s’avéraient inévitables, le président pourrait s’adresser à la télévision à la population.
Karolos Papoulias a déjà pu mesurer la colère de ses compatriotes. Le 28 octobre, au lendemain d’un accord d’aide européenne sur la Grèce, des milliers de manifestants, à Thessalonique, l’avaient contraint à quitter l’avenue où devait avoir lieu un défilé militaire annuel, aux cris de « traîtres, traîtres ».
Un vétéran de la politique
Haute figure d’habitude respectée, le chef de l’État s’est aussi fait huer au début de cette année dans une petite ville portuaire où il était venu assister aux célébrations orthodoxes du baptême du Christ.Autant de jours d’épreuve pour cet homme de 82 ans, marié et père de trois filles. Chef de l’État depuis 2005, reconduit en 2010 pour un second quinquennat, Karolos Papoulias est aujourd’hui démuni de tout pouvoir politique, après en avoir eu dans ses fonctions de ministre des affaires étrangères, exercées à deux reprises au cours des années 1980 et 1990.
Ce vétéran de la politique grecque a fréquenté le Parlement depuis sa première élection en 1977 comme député du Pasok, le parti socialiste grec, dont il est membre fondateur.
Homme de consensus
Proche d’Andréas Papandréou, il avait d’abord réussi ses faits d’armes en contribuant à renverser le régime des colonels depuis l’Allemagne, en dénonçant la junte sur les ondes de la radio Deutsche Welle et en fondant un syndicat étudiant.Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, ce polyglotte s’est surtout forgé une image d’homme de consensus, qui sied à la fonction présidentielle, au-dessus des partis. Pour preuve, c’est la formation de centre droit Nouvelle Démocratie qui l’a proposé initialement au poste de chef de l’État.
Hier, il a misé sur ce parti comme sur quatre autres, y compris sur la formation nationalo-populiste du transfuge conservateur Panos Kammenos, pour sortir la Grèce de son impasse politique. En vain.
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