TOUT EST DIT

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mardi 15 mai 2012

Nicolas Sarkozy commence une nouvelle vie

Nicolas Sarkozy veut s'occuper autrement et souhaite que ses amis défendent les idées et les valeurs qu'il a portées pendant son mandat.

Libre. Nicolas Sarkozy a déjà connu ce paradoxe: une sensation de liberté qui suit les heures pénibles de la défaite. C'était en 1995, après l'échec d'Édouard Balladur au premier tour de la présidentielle de 1995. Il en avait fait un livre intitulé Libre et publié en 2001. Déjà, à l'époque, il s'était posé la question: fallait-il continuer la politique? Son épouse d'alors, Cécilia Sarkozy, ne le souhaitait pas. Il a préféré le long chemin de la reconquête qui le mena à l'Élysée douze ans plus tard.
Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy se pose autrement la question. Il a clairement écarté l'idée du recours. «La politique, c'est comme ça! J'y ai cru, mais cela n'a pas été suffisant, maintenant il faut que je trouve autre chose», a-t-il confié jeudi dernier à l'ancien maire du Havre, Antoine Rufenacht, en ajoutant: «Il faut bien dire que j'ai vraiment tout eu.» Un président sortant que ses interlocuteurs trouvent, à leur grande surprise, «dans une forme excellente».
Désormais, le président sortant veut s'occuper autrement. «Giscard et Chirac, ils n'ont jamais travaillé. Moi, j'en ai besoin», a-t-il expliqué à son interlocuteur, en reconnaissant ne pas être sûr d'avoir encore trouvé l'occupation qui remplira vraiment ses journées. Son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, se dit en tout cas contente de voir son mari «arrêter de se surmener».
Nicolas Sarkozy va donc organiser sa vie autrement. Il prendra le temps d'y penser lors des quinze jours d'escapade prévus loin de l'Hexagone. Il retrouvera son cabinet d'avocat au mois de juin. Il défendra les dossiers de grandes sociétés en contentieux avec les États étrangers, de la Russie à l'Argentine, la Chine ou les États-Unis.
Il devrait installer son cabinet d'ancien président - dont il ne sait pas encore comment il veut l'utiliser - rue de Miromesnil, dans le même arrondissement que l'Élysée. «Il ne s'en servira pas pour créer une Fondation, comme Jacques Chirac», glisse l'un de ses anciens collaborateurs. Encore faut-il constituer l'équipe qui entourera l'ancien président. Enfin, le président sortant a l'intention de siéger au Conseil constitutionnel dont il est membre de droit.
Mais il lui faut suivre aussi les évolutions de la politique hexagonale, en «Français parmi les Français». Il a laissé faire son ami Brice Hortefeux, qui créera ces jours-ci une association des amis de Nicolas Sarkozy. Il ne contrariera pas la création d'un éventuel courant pour défendre les idées et les valeurs du sarkozysme.
Il veut en effet que ses proches continuent de défendre son bilan. Et il tient à sa place dans l'histoire. Henri Guaino, témoin des dernières heures de son mandat de sixième président, a vu le soin mis à réussir sa sortie. La volonté de se montrer rassembleur et d'afficher la continuité de la République en invitant son successeur aux cérémonies du 8 mai 1945. «Il a raté son entrée, mais il a magnifiquement réussi sa sortie», a résumé l'un des sages de la Haute Assemblée à propos du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le président sortant a d'ailleurs beaucoup aimé cette enquête d'opinion dans laquelle déjà 50 % de sondés jugent qu'il a été «un bon président», à peine quelques jours après la défaite. Il se fait aussi raconter par le menu les tiraillements entre François Hollande et Martine Aubry. «Il trouve ça très drôle», s'amuse l'un de ses amis.
Une chose est sûre: selon une loi d'airain de la politique, le président sortant ne désignera pas de favori dans la compétition qui s'annonce pour prendre le leadership à droite. Il ne fera rien non plus, espèrent ses proches, pour fermer la porte définitivement à la possibilité d'un retour. Mais ça, «ce sont les circonstances qui le décideront, pas lui», reconnaissent ses amis.

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