samedi 14 avril 2012
“Mes six ans avec Sarkozy”
Comment se comporte le président
sortant, loin des micros et des caméras ? Témoignage d'un de ses
collaborateurs directs, qui s'est occupé jusqu'en septembre dernier de
deux des dossiers les plus sensibles de ces dernières années :
l’immigration et la sécurité.
J’ai mon idée personnelle sur ses qualités et
ses défauts. J’ai toujours été effaré par la propagande haineuse qui
s’est déchaînée contre lui : les couvertures de magazines indignes :
« est-il fou ? cet homme est dangereux, le voyou de la République. » Je
me souviens de cette histoire d’un enseignant ayant accolé sa photo dans
une salle de classe à l’initiative d’un élève auquel était demandé de
représenter « le méchant ». Pour ceux qui le connaissent – même
un peu, comme c’est mon cas – le décalage entre la réalité et l’image
qui est donnée de lui est sidérant.
Nicolas
Sarkozy est un personnage profondément humain, je n’ai jamais vu
personne d’aussi accablé en face de la douleur et de la misère des
autres. Tout le temps passé à recevoir les parents de victimes, cela n’a
rien de protocolaire ou de volonté d’affichage. Il le fait, comme aucun
Président avant lui, parce que c’est ainsi qu’il conçoit son devoir,
auprès de ses compatriotes malheureux. Laisser entendre qu’il n’aime pas les gens est un mensonge d’une grossièreté infinie.
C’est tout le contraire, je l’ai vu à plusieurs reprises, sans la
presse, sans les caméras, passer des nuits auprès de chauffeurs
d’autobus agressés par des voyous, auprès de jeunes des cités, de
commerçants, de policiers, non pour l’affichage, mais pour les écouter
et leur parler.
Nicolas Sarkozy ne cesse de
travailler, de créer, d’innover, insatiable de réformes, trop seul dans
un océan d’inertie : les internats d’excellence, les peines planchers,
la détention de sûreté, les jurys populaires en correctionnelle, la
suppression de la taxe professionnelle, ce sont des exemples de ses
idées personnelles qu’il a imposées contre le conservatisme, y compris
d’une partie de son entourage. En matière d’immigration, des réformes
considérables ont été accomplies sous son autorité, sur les reconduites à
la frontière ou de regroupement familial, qui ont été caricaturées ou
ignorées.
Nicolas Sarkozy est un vrai
« national », extrêmement remonté contre les aspects bureaucratiques et
paralysants de la construction européenne ou les excès de la
décentralisation, même si, par pragmatisme, il préfère lutter en
coulisse contre ces phénomènes plutôt que de provoquer des crises
supplémentaires. Il est le seul, dans la classe dirigeante, à
pouvoir se mettre en colère – violente – parce que le drapeau tricolore a
été profané ou la Marseillaise sifflée, dans un océan d’apathie et
d’indifférence. Quand il dit qu’il veut protéger les Français de la
crise, c’est une véritable obsession chez lui. Tout cela, je l’ai vu et
vécu. Je connais aussi ses défauts, son incapacité à se
taire quand il le faudrait, une confiance parfois excessive envers une
partie de son entourage. Mais si par malheur il est battu, je ne donne pas six mois aux Français pour le regretter amèrement dans le chaos qui s’annonce.
Je
sais par avance les moqueries et l’indignation, de droite et de gauche,
que mon bref témoignage va déclencher, mais je ne demande à mes
lecteurs que de croire en ma sincérité et en ma loyauté à leur égard :
je ne fais plus partie de “l’entourage” dont on m’a écarté, et je n’ai
pas la moindre espèce d’ambition personnelle, surtout pas politique.
J’ai seulement envie d’apporter ma part de vérité, même modeste, à la
veille d’une échéance importante.
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