Arrêter le baratin est un très bon conseil, mais de quoi va-t-on parler ? De quoi va-t-on débattre ? Jusqu'à ce jour et depuis plusieurs mois, c'est à une sorte de repli sur soi que l'on assiste en France. On ne s'occupe que de nos problèmes franco-français. Ils existent certes, ils sont sérieux et même graves : le chômage en général, le chômage des jeunes en particulier, le logement, la précarité qui s'étend, l'âge du départ à la retraite et le financement assuré de ces retraites dans l'avenir, l'augmentation des impôts, la dette, la sécurité, etc. On comprend bien que les candidats s'efforcent de répondre à toutes ces questions et qu'ils essaient de rassurer les Français en expliquant et en ouvrant des voies plus ou moins nouvelles vers des solutions.
Mais la France n'est pas une île. Si les Français ne s'occupent pas du monde, il faut savoir que le monde se préoccupe de la France et s'inquiète de nous voir si peu conscients des dangers qui menacent. Nous semblons croire, en effet, que l'orage que l'on entend gronder au loin, ne nous atteindra pas. Pourtant après la Grèce, l'Italie, le voici sur l'Espagne. Croyons-nous que, par miracle, il s'arrêtera à nos frontières ?
La dette follement creusée nous rattrape et, si l'on ne prend pas rapidement toutes les mesures nécessaires, elle mettra en péril non seulement le modèle social auquel nous sommes si justement attachés, mais aussi l'ensemble de notre mode de vie.
Regarder la réalité en face
C'est dans la solidarité avec les autres pays, c'est dans le renforcement de l'Europe que nous trouverons notre salut. C'est bien sûr dans l'effort, cet effort qu'ont su fournir d'autres pays, comme la Suède, le Canada ou l'Allemagne. Il n'est pas défendu de considérer ces exemples et peut-être d'en tirer des leçons pour nous-mêmes. Ainsi, l'Allemagne est aussi endettée mais, grâce à l'efficacité de son industrie, à ses exportations, elle peut faire face. Nous en sommes loin.
Pourtant, le temps presse car le monde continue à tourner. Nous devons tenir compte de cette mondialisation et non la nier. En effet, si le monde est en changement permanent, il est aussi en chantier, rappelait récemment le géographe ambassadeur Michel Foucher. Nous ne pouvons rester à l'écart et donc nous devons nous demander quelle puissance nous voulons être au XXIe siècle ? Comment mobiliser les énergies ? Comment nous appuyer sur l'Europe qui est un nécessaire levier ? Il nous faut une vision, de grands projets ; il faut viser haut pour impulser le sursaut, redonner souffle, vigueur, énergie, espérance à notre pays, à sa jeunesse. Mais qui parle de tout cela en cette campagne ?
De toute façon, l'heure de vérité va sonner immédiatement après l'élection du président de la République. C'est alors que, loin des fifres et des tambours de campagne, nous nous trouverons devant la dure réalité, cette réalité qu'il faut accepter de regarder en face dès maintenant, ce qui évitera peut-être d'amères déceptions génératrices hélas de colère.
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