samedi 14 avril 2012
Le troisième homme et le deuxième Front
C'est offenser Jean-Luc Mélenchon que lui appliquer cette pseudo-théorie
de la boucle qui met tous les extrêmes dans le même sac. Mais qu'il le
veuille ou non, le phénomène Mélenchon est constitué des mêmes
ingrédients que ceux qui font le succès de ses principales cibles :
Nicolas Sarkozy et la famille Le Pen. Bien sûr, les gentils « petits »
et les méchants « gros » des uns et des autres ne sont pas les mêmes,
mais le populisme politique est le socle assumé des deux « Fronts ».
Leurs ennemis - les élites - ne sont pas les mêmes, mais les cercles des
supporters du Front de gauche et du Front national ne sont pas
étanches. L'électeur ouvrier et protestataire hésite et fait le grand
écart, enjambe tous les candidats d'un système qui l'a trop déçu.
Troisième homme de cette campagne 2012, Jean-Luc Mélenchon fait les yeux
doux aux mêmes électeurs, avec les mêmes méthodes. Celles qu'il a
reprochées à Nicolas Sarkozy d'employer quand il aspirait l'électorat du
FN avec succès : Le Pen père tombait sous les 11 % le 22 avril 2007.
Beau parleur, volontiers agressif, injurieux, menaçant à l'occasion.
Mélenchon aussi fait peur. « S'il fait peur, c'est aux nantis » ,
rétorquent ses soutiens. L'argument est le même à l'extrême opposé ! Au
risque de passer pour une « perruche médiatique » qu'il déteste
publiquement, on peut constater que son image est devenue aussi
marketing que celle de Sarkozy, dont il a récupéré pour slogan le fameux
« Cass'toi pov'con ». Ceux à qui le système convient se rassurent :
c'est un épiphénomène, il ne sera pas au second tour. Tiens, on disait
la même chose de Le Pen
jusqu'en 2002.
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