jeudi 15 mars 2012
Le Fouquet’s de Seine-Saint-Denis
Si Nicolas Sarkozy développe sa tactique, attestée par de nombreux
observateurs, de piller dans les argumentaires de ses rivaux des idées
qu’il a parfois annihilées durant son quinquennat, histoire de chaluter
large dans le vivier des indécis et des déboussolés, il en est une —
lancée hier par François Bayrou — qui devrait bientôt apparaître dans le
bréviaire UMP : l’implantation d’appartements de prestige dans les
cités populaires.
Plaidant pour « l’équilibre » et « la mixité »
des populations, pour prévenir des déstabilisations explosives de notre
société, le président du MoDem ne s’est pas contenté d’annoncer des
logements sociaux, « et même ultra-sociaux », dans tous les programmes
immobiliers. Plus hardi, le candidat centriste prône aussi l’inverse : «
Je ferai dans les quartiers des appartements de luxe pour favoriser les
mélanges. » C’est une perspective de révolution à plus d’un titre. Si
ces oasis d’opulence ne trouvaient pas d’occupants volontaires,
faudrait-il envisager l’attribution autoritaire des logements, comme
dans les ex-pays communistes ? Et le luxe dans les cités est-il
séparable de ses « équipements sociaux » propres, tels une filiale du
Fouquet’s dans le 93 ?
La caricature trouve là un bon terrain. Au
risque de confondre un détail piquant avec le tout : François Bayrou a
mis à feu le deuxième étage de sa fusée, pour tenter de gagner de la
vitesse et de l’altitude. En troquant le mot d’ordre « Un pays uni, rien
ne lui résiste » contre « La France solidaire », il voudrait faire
vibrer des fibres que ses rivaux ont peu sollicitées jusqu’ici. Parler
de la société en termes chaleureux, et non en sanctions, taxations et
programmes d’expulsions, chiffrés comme des objectifs de représentants
de commerce. En allumant le néon « solidarité » au frontispice de sa
permanence, n’est-ce pas — avec un mot plus contemporain — la «
fraternité » de notre devise républicaine que François Bayrou s’efforce
d’introduire dans la campagne ? L’avenir dira si ce nouvel effort
convaincra les électeurs. Qui se demandent toujours avec quelle alliance
au Parlement l’actuel député des Pyrénées-Atlantiques pourrait
gouverner sans voir ses idées personnelles dénaturées.
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