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jeudi 15 mars 2012

Le cri de détresse des archéologues grecs


Sur un prospectus affichant la photo de la statue du "Marathon Boy" est inscrit un slogan, en français : "Les monuments ne peuvent pas crier. Toi, tu le peux." Les archéologues grecs ont imprimé en plusieurs langues ces tracts et les distribuent à l'entrée de différents sites archéologiques, dans le centre d'Athènes. Car leur message s'adresse aux étrangers, aux touristes, aux experts internationaux. "Notre ministre de la Culture est indifférent aux grèves et manifestations que nous faisons depuis des mois pour défendre le patrimoine culturel grec et arrêter les coupes dans la culture à cause de la crise. Avec une mobilisation internationale, le message sera plus fort, nous en avons besoin", explique Despina Koutsoumba, archéologue et présidente de l'Union des archéologues de Grèce.
"Il y a urgence", reprend-elle. "La culture représente moins de 1 % du budget de l'État, soit 12 millions d'euros par an. C'est l'un des budgets les plus bas de l'Union européenne, alors qu'il y a, en Grèce, 19 000 sites archéologiques, 210 musées, mais seulement 900 agents de surveillance. Ce n'est pas assez ! Il y a eu près de 50 % de coupes dans notre secteur depuis 2010, et on nous annonce encore 40 % de personnel en moins dans les prochains mois. C'est pire que démolir une colonne du Parthénon ! Parce que tous les jours, le danger de destruction du patrimoine augmente. Il y a des fouilles illégales, moins de budget pour les restaurations et plus de trafic d'antiquité. Le pire va bientôt arriver si ça continue", prévient Despina Koutsoumba.


Vols et coupes budgétaires

De surcroît, les musées sont en état d'alerte depuis quelques semaines. Début janvier, un tableau cubiste de Picasso, une toile de Piet Mondrian et un dessin du XVIIe siècle italien ont été volés à la Pinacothèque d'Athènes. En février, 63 pièces antiques ont été dérobées au musée archéologique d'Olympie. La police recherche toujours les criminels. Mais pour les archéologues grecs, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. "Nous voyons des horreurs tous les jours. Cela concerne toute la sécurité nationale, c'est la propriété de tous. Aujourd'hui, c'est la Grèce, demain, ce sera le Colisée de Rome, le Louvre à Paris et d'autres", renchérit l'archéologue Amalia Tsiouti.
Depuis le début de la crise, nombre de musées ou sites archéologiques ont fermé leurs portes, comme celui de Sikiona à Corinthe, ceux des îles de Kasos et de Leros, les musées byzantins d'Athènes et de Thessalonique, ou encore la collection néolithique de l'île de Rhodes. "Ceux qui sont subventionnés par les fonds européens restent ouverts, mais ils représentent aujourd'hui une minorité. À ces coupes sur les musées, il faut ajouter la baisse de nos salaires. Nous sommes docteurs en archéologie et nous gagnons 650 euros par mois. Il est difficile de motiver de nouveaux arrivants dans le métier", conclut-elle. L'ensemble des archéologues appellent à une grande mobilisation le 18 avril prochain, journée de l'héritage culturel.

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