L’économie européenne semble avoir survécu au pic de la crise
et être sur la voie de la reprise. Mais celle-ci dépend la capacité des
responsables politiques à surmonter leurs hésitations et les aléas
électoraux.
Angela Merkel et Mario Monti s’accordent à dire que nous avons besoin
de "plus d’Europe" ; que seule une plus grande harmonie politique peut
nous redonner espoir en l’avenir. Si l’austérité qui s’abat sur nos
économies en récession est excessive, j’insiste là dessus, c’est
précisément à cause de la défiance mutuelle qui règne entre nos pays.
Cette défiance, nous pourrons la surmonter si nous nous unissons
davantage.
Reste à savoir si l’allure à laquelle la chancelière souhaite
s’engager dans cette voie n’est pas trop lente. Car aujourd’hui Berlin
parle juste, mais agit peu, comme le relève une sommité allemande, le
philosophe Jürgen Habermas. Peut-être faudra-t-il attendre encore un an
et demi et les élections allemandes de l’automne 2013 pour régler
durablement les questions en suspens.
La belle entente dont ont témoigné le 13 mars les deux chefs de
gouvernement [Mario Monti et Angela Merkel] a du sens, alors qu’il est
très peu question d’Europe dans la campagne électorale française –
Nicolas Sarkozy marque même des points dans les sondages en attaquant certaines politiques européennes.
De nouvelles règles pas si rigides
La crise majeure qui nous a frappés a montré que les pouvoirs publics avaient un rôle indispensable à jouer dans l’apaisement des turbulences sur les marchés, afin de cadrer quelque peu leur énergie, tout en respectant les règles. Mais elle montre aussi que certains pouvoirs publics – les pays de la zone euro – ne font pas le poids. A Paris, ni le président en fonction ni celui qui pourrait le battre, le socialiste François Hollande, ne semblent l’avoir encore compris.D’autres lignes sont heureusement en train de bouger. Le compromis dégagé le 13 mars avec l’Espagne, qui lui donne les coudées un peu plus franches dans les mesures de réduction du déficit, rend le pacte budgétaire à venir un peu moins dur. En outre, lorsque l’on se penche sur les aspects techniques, on se rend compte que les nouvelles règles disciplinaires régissant les comptes publics sont moins rigides qu’elles n’en avaient l’air au départ.
Sans parler du fait qu’elle témoigne de l’estime dont jouit notre président du conseil, l’étrange annonce de la candidature de Mario Monti à la présidence de l’Eurogroupe est l’effet collatéral d’une partie de chaises musicales en cours.
Peut-être les angoisses de la Bundesbank se trouveront-elles apaisées par l’arrivée au directoire de la Banque centrale européenne du Luxembourgeois Yves Mersch (un "faucon" à l’allemande), à un poste qui jusqu’ici semblait dévolu à un Espagnol. Si c’est le cas, il deviendra urgent de remplacer à la présidence de l’Eurogroupe le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, jusqu’alors maintenu faute d’avoir trouvé quelqu’un pour le remplacer.
Une phase propice aux changements
Même si à Bruxelles, comme à Paris et à Berlin, la classe politique a réagi tard et confusément, la phase de détente actuelle sur les marchés financiers facilite certains changements. Les écarts de compétitivité entre les pays, qui nuisent à la cohésion de la zone euro, pourraient être réduits en Allemagne, non par l’action du gouvernement, mais par celle des syndicats, qui sont en train de réclamer de fortes revalorisations des salaires. S’ils les obtiennent, l’avantage dont bénéficie l’Allemagne sur les autres pays se réduira.Pour autant, on continue à avancer à tâtons, au risque de trébucher sur de nouveaux obstacles. Si elles ont bien lieu le mois prochain, les élections législatives anticipées en Grèce nuiront très probablement à la qualité du gouvernement ; et de nouvelles mesures d’austérité sont à prévoir pour 2013. Par ailleurs, il faudra sans doute conclure un deuxième plan d’aide en faveur du Portugal au cours de l’été.
L’Italie ne sera pas tirée d’affaire tant que son appareil productif n’aura pas renoué avec la croissance. En attendant, elle a déjà reconquis ses pleins droits à la participation aux choix de l’Europe, ce qui n’est pas rien. La menace exercée par le spread [écart de taux avec les bons du trésor allemands] nous a fait prendre de bonnes décisions sur le plan économique ; espérons de ne pas avoir à à la regretter face à de nouvelles turbulences sur notre scène politique.
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