TOUT EST DIT

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samedi 17 mars 2012

Hollande : tour de vis… à gauche 
 
En délicatesse avec les sondages face à Nicolas Sarkozy, malmené sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon, François Hollande se voit contraint de préciser un programme dont il aurait bien aimé laisser des pans entiers dans le vague. Histoire, sans doute, de faire oublier une succession de contradictions socialistes : sur l’imposition à 75 % des riches (qu’il refusait voici un an et qu’il réclame aujourd’hui), sur le quotient familial, la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu, la taxation de l’assurance-vie. Que sais-je encore ?
Sur le plateau de France 2, jeudi soir, le candidat socialiste, sous l’œil attentif du secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, s’est donc employé à développer « des paroles et des actes ». Et, si possible, à promettre – promettre, encore promettre ! – de les faire concorder…
Avec, au passage, un cruel dilemme : faut-il mécontenter sa gauche ou les centristes ?
Au-delà des échanges aigres-doux façon sportifs du dimanche, mais qui sont en définitive le lot de ce type d’émissions, François Hollande a tenté de jouer dans tous les registres, depuis le réaliste qui ne s’est « jamais illusionné » sur les sondages, jusqu’à l’amical brossant dans le sens du poil le tribun Mélenchon, en passant, clou du spectacle, par le politique conscient de ses responsabilités.
En cela – qu’importent, donc, les sondages – le candidat socialiste se veut le meilleur. Du moins affirme-t-il être « le seul » à avoir livré publiquement « un programme » chiffrable et évaluable. « Vous connaissez le programme de Nicolas Sarkozy ? », lance-t-il à ses interlocuteurs ; avant de sortir la brosse à reluire : « Moi, j’ai été le seul à me livrer à cet exercice de cohérence et de vérité. J’ai mis soixante propositions. Ce document est distribué partout (…) »
D’ailleurs, l’Institut de l’entreprise, qui s’y intéresse de près, affirmait un peu plus tôt dans la journée que les nouvelles mesures (non encore chiffrées par François Hollande) de ce programme, annoncées depuis la semaine dernière sur la petite enfance, le SMIC ou le logement étudiant, alourdissent la facture des finances publiques de 2,92 à 5,37 milliards d’euros. De son côté, l’Institut Montaigne estime que ces dépenses nouvelles feraient grimper la facture de 20 %.
Parmi les réponses aux diverses attaques qu’il subit de part et d’autre, Hollande a tenté de répondre spécialement sur les questions économiques. Avec, comme mesure principale, le rétablissement du « plafonnement » des impôts directs à 85 %. Ce qui n’a, cela va sans dire, mais va encore mieux, semble-t-il, en le disant, « rien à voir » avec l’idée de bouclier fiscal, ni avec l’introduction annoncée plus tôt d’une tranche d’impôt à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros par an. « Il n’y aura pas de modulation, il n’y aura pas de plafonnement » de l’impôt à 75 %, assure François Hollande. L’un justifie l’autre, en quelque sorte. D’ailleurs, il veut poursuivre les riches partout, et annonce donc vouloir taxer les exilés fiscaux par le biais d’une renégociation des conventions fiscales avec les pays qui les abritent.
Quoi qu’il en soit, et son entourage l’a crié sur tous les tons, cette vision sauce Hollande de l’impôt ne saurait être perçue comme « confiscatoire ». On jongle avec des chiffres (75, 85…) qui frôlent le cent qui leur sert de référence, mais non ! vous pensez bien, rien de – comment dites-vous déjà ? ah oui ! – rien de confiscatoire là-dedans.
La main sur le cœur, le candidat assure d’ailleurs que sa seule intention est de faire « primer la morale ». La morale ! Dans la bouche de François Hollande, c’est pour le moins savoureux ! – Pas en matière morale, en tout cas !
Le reste est à l’avenant… Taxé de mollesse sur l’immigration, le candidat socialiste entend bien la réduire, du moins la clandestine, en luttant contre les passeurs. Pas de « régularisations massives » – d’autant qu’en période de campagne électorale ça ne paye pas, mais « sur des critères objectifs, simples, applicables ». Quant au reste, il confiera au Parlement la gestion de quotas d’immigration économique.
Secoué par les « conservateurs » – comment osent-ils ? – sur la question européenne, Hollande, là encore, fait le brave. Contre le traité de discipline budgétaire. Et contre Angela Merkel, car ce n’est pas elle « qui décide au nom de tous les Européens ». « Je ne suis pas dans la soumission », affirme Matamore.
Ce n’est pas grave, car, s’il était élu, ça lui passerait. Comme pour tous les autres…
Hollande a accéléré le rythme – à son corps défendant. Tout y passe : le prix des médicaments, les dépenses de prévention, les soins palliatifs, etc.
Retenons encore deux points. Hollande s’engage à tripler le nombre d’enfants de moins de trois ans en maternelle. « C’est une question de justice, et une question aussi de réussite scolaire », assure-t-il. Et, mais nous l’avons souligné déjà à de multiples reprises, de mainmise de l’Etat sur la formation des enfants dès le plus jeune âge. On ne sait jamais ! Certains parents pourraient avoir de l’éducation une vision pas franchement citoyenne…
A l’autre bout de la chaîne humaine, François Hollande veut établir « une procédure » pour « encadrer » la fin de vie. « Je ne prends pas le mot d’euthanasie, ça laisse penser qu’il serait accepté une forme de suicide », précise-t-il.
Ah ! parce qu’en supprimant le mot, on peut aussi supprimer le patient ? Et le problème moral, par-dessus le marché…
Heureusement, si l’on peut dire, la morale ne fait pas partie de son vocabulaire éthique
Ce qui n’empêche pas le candidat socialiste de marcher sur des œufs : « Il ne s’agit pas de dépénaliser, mais d’encadrer cette mort dans la dignité. »
Non ! non ! on ne joue toujours pas sur les mots…
En définitive, il y a un point sur lequel je pourrais être d’accord avec François Hollande. C’est celui-ci : « Le vote de premier tour est un vote essentiel. »
Mais pas pour les raisons qu’il croit…
OLIVIER FIGUERAS

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