samedi 17 mars 2012
Une élection moyenne
La liste des partants au premier tour de l’élection présidentielle
n’est pas encore définitive, mais le record de participation de 2002 ne
sera pas battu. Il y avait alors seize candidats à la location dans
l’ancien palais de la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV. Hier
soir, alors que le Conseil constitutionnel avait cadenassé ses grilles,
dix personnalités disposaient des cinq cents parrainages exigés pour
participer à la course vers l’Élysée. On les retrouvera dans la
campagne, sauf anomalie grave dans leur dossier. Une onzième,
l’écologiste Corinne Lepage, ne désespérait pas de voir le Conseil
valider un nombre suffisant de signatures, parmi le demi-millier
approximatif qu’elle dit avoir réunies.
Dix ou onze concurrents
devraient donc se partager bientôt panneaux d’affichage et temps de
parole, soit moins que lors des deux précédentes présidentielles du XXI e siècle,
et à peu près autant qu’en 1995 (neuf candidats) et 1981 (dix). Par
contre, l’élection suprême attire davantage aujourd’hui qu’à ses débuts,
puisqu’il n’y avait eu que six rivaux en 1965 – il est vrai que la
haute figure du général de Gaulle décourageait alors certaines ambitions
– et sept en 1969. Ces chiffres révèlent un paradoxe : contrairement au
but affiché avec la règle entrée en vigueur en 1981, augmenter de cent à
cinq cents le nombre des « parrains » n’a pas réduit celui des
candidats. Une fois soldés par un « happy end » les psychodrames de
certaines collectes de signatures, plus poussives que d’autres, il n’est
même plus certain qu’il y ait urgence à réformer cette procédure. Et
qu’il y ait nécessité – alors que les « primaires » pourraient se
multiplier dans les partis, à l’exemple du PS – d’instaurer une autre
pré-élection, où chaque compétiteur devrait réunir un million de
paraphes. La présidentielle à la française deviendrait un scrutin à
quatre tours…
Un autre chiffre doit retenir l’attention : une
enquête d’opinion révèle qu’en quatre semaines, l’intérêt pour la
campagne a subi une baisse sensible. Le phénomène n’est peut-être que
passager, de l’ordre de la fatigue de printemps. Mais il rappelle que
l’implication du citoyen dépend surtout de la substance du débat. Il est
souhaitable que l’élection de 2012 ne soit « moyenne » qu’en termes
arithmétiques.
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