jeudi 16 février 2012
Le vrai coup d'envoi
Toute déclaration de candidature, et spécialement celle d'un président sortant, relève de la formalité à la fois banale et périlleuse. La décision de Nicolas Sarkozy, confirmée hier soir de manière à la fois grave et conventionnelle, était si peu une surprise que le principal danger était de faire un flop. Mais ce risque n'est rien à côté de ceux que vise à déjouer son entrée dans le match présidentiel.
La première grande inquiétude de l'Élysée était ¯ et demeure un peu ¯ que Marine Le Pen prive Nicolas Sarkozy de second tour. L'étroitesse de leur écart dans les intentions de vote explique que le Président, qui espérait se déclarer le plus tard possible, façon François Mitterrand, ait accéléré son calendrier. Ainsi, pour la première fois, on a en même temps un candidat président en campagne et un Parlement qui vote les réformes du président candidat !
Sa seconde crainte était que l'avance de François Hollande compromette toute chance de réélection. Jamais un candidat n'est parvenu à combler un tel retard en 66 jours. Pour relever le défi, il ne pouvait plus prolonger la fable du lièvre et de la tortue. Au risque d'apparaître à la remorque du calendrier socialiste, son urgence était de déshabituer les Français de l'idée que François Hollande, le candidat qui n'aurait pas de programme, serait déjà installé à l'Élysée.
Beaucoup va se jouer dans les quinze jours à venir. Logiquement, l'officialisation de sa candidature devrait accentuer la bipolarisation autour des deux favoris et permettre à Nicolas Sarkozy de gagner quelques points pour prétendre faire jeu égal, au premier tour, avec François Hollande. S'il devait rester scotché autour de 25 % ou rechuter dans quelques jours, il n'aurait plus grand-chose à espérer, compte tendu de ses réserves de voix pour le second tour.
Pour faire mentir le pronostic dominant et atténuer un antisarkozysme qu'il sait plus fort que l'envie de gauche, il va jouer le tout pour le tout, se battre chaque seconde, prendre tous les risques.
D'un point de vue arithmétique, il peut compter sur le retrait de Christine Boutin, d'Hervé Morin, peut-être de Dominique de Villepin. Mais ça ne suffira pas. Il lui faudra à la fois remobiliser la droite et affaiblir la gauche autour du thème d'une France forte et protectrice.
Vis-à-vis de son camp, il va marteler le propos sur les valeurs ¯ le travail, la rigueur, le refus de l'assistanat ¯ pour retrouver les déçus de 2007. Quitte, en fin de campagne, à insister sur des thématiques rassembleuses ¯ écouter le peuple, son idée centrale ¯ plus agréables aux oreilles des humanistes de l'UMP, des radicaux de Jean-Louis Borloo et des centristes de François Bayrou. Un grand classique, au fond, de toute campagne.
Vis-à-vis de la gauche, il va essayer de noyer François Hollande sous une pluie de critiques et de propositions déstabilisantes. Au dynamisme et au courage du capitaine dans la tempête, il va opposer, comme il a commencé de le faire hier soir, l'irresponsabilité et la faiblesse de la gauche. Exercice délicat dont l'abus risque, au contraire du but recherché, de valoriser un François Hollande bien décidé à rester stoïque dans le tumulte de la campagne.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire