TOUT EST DIT

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jeudi 16 février 2012

Métamorphose d’un président candidat en candidat président  

 Le candidat perçait de plus en plus fortement dans sa chrysalide présidentielle. Il apparaissait depuis des mois par bandes successives, toujours plus visibles. La mue est achevée, nous dit-il aujourd’hui. Le président s’est transformé en candidat. Microscopique métamorphose car pour la plupart des Français la différence semble à peu près inexistante. Depuis plusieurs mois déjà la chenille élyséenne, accélérant sa mutation en candidat papillon, voletait à sa guise dans la campagne présidentielle. Et l’agence de notation Moody’s vient de faire au président candidat, quarante-huit heures avant sa transmutation en candidat présidentiel, un cadeau d’entrée en campagne : elle met la France, avec ses cinq années de sarkozysme, sous « perspective négative », prélude à une prochaine dégradation. Le 16 janvier dernier, après la dégradation de la France par Standard and Poor’s, Nicolas Sarkozy s’était réjoui, un peu hâtivement, que Moody’s, la seule agence qui semblait compter à ses yeux, maintenait son triple A à la France. Alors qu’il ne s’agissait que d’un sursis, avec mise sous observation. Maudit soit Moody’s ! En tout cas ces observations défavorables nous rappellent que « le vrai marqueur de la présidentielle » ce sera bien notre endettement et nos déficits publics. Et d’une manière plus générale, nos finances et notre économie en capilotade… Une campagne clopin-clopant ? Initialement Nicolas Sarkozy souhaitait rentrer en campagne le plus tard possible. Comme François Mitterrand l’avait fait le 22 mars 1988. Mais son handicap dans les sondages était trop lourd pour prolonger l’atermoiement – je n’ose pas écrire le suspens – jusqu’au mois prochain. L’éditorialiste de La République du Centre constate de façon amusante : « Celui qui voulait être le président du triple A est devenu, par la force des choses, le candidat du triple galop pour rattraper son retard sur François Hollande. » Un triple galop qu’il va devoir conduire avec la hantise de se voir retirer un fer supplémentaire par quelque maréchal-ferrant des agences de notations. Par la faute de ces dernières, la campagne de Nicolas Sarkozy va-t-elle se dérouler, comme le chantait si bien notre regretté ami Pierre Dudan, clopin-clopant ? Bayrou : « surplace » ou « rétropédalage » ? Vanité et dérision du métier d’observateur politique. Il y a quinze à peine un hebdomadaire titrait : Et si la droite ralliait Bayrou… L’hypothèse, pour n’être pas la plus probable, paraissait néanmoins sur le point de devenir crédible. Nicolas Domenach, chroniqueur de Marianne, écrivait : « Si Nicolas Sarkozy s’effondre, le leader centriste peut-il rassembler les élus de la droite ? Politique-fiction ? Pour l’instant, oui. Mais il y croit, et certains préparent des appels en sa faveur. Ils sont nombreux à le juger seul capable de battre François Hollande. » Le candidat du MoDem percevait paraît-il des signes du destin en sa faveur. « La sortie de route de Dominique Strauss-Kahn. L’expulsion de Nicolas Hulot, le renoncement de Jean-Louis Borloo »… François Bayrou se voyait déjà « devenir le champion de substitution face à François Hollande ». Une sorte de plan B, « que certains travaillent déjà à mettre en œuvre ». Ses partisans parlaient de « transcender » le centre et s’imaginaient « déborder » la gauche et la droite « par les gens d’en bas que leur candidat réconcilierait avec ceux d’en haut ». Une sorte « d’appel au peuple ». D’où le slogan lancé le mois dernier : « produire français », qui sonnait de façon un peu insolite dans la bouche de cet européiste à tous crins. Le Béarnais reprend volontiers à son compte la devise d’Henri IV, « ce qui doit arriver ne peut manquer ». Dégringolé au fond du trou électoral après sa percée à l’élection présidentielle de 2007 (près de 19 % des suffrages), François Bayrou avait redémarré, « telle une fusée », dans les dernières semaines de 2011. Las ! La fusée semble déjà sur le point de retomber… La devise d’Henri IV s’efface peu à peu derrière la réflexion d’André Gide : « Il y a un temps pour vivre. Et un temps pour se souvenir d’avoir vécu. » L’ambition présidentielle de François Bayrou semble être déjà entrée dans la seconde phase. Référendum « dum-dum » Après avoir fait, entre 2007 et 2011, quelques pas en direction du PS, il paraissait, ces dernières semaines, dénoncer l’irréalisme du programme de François Hollande. Mais, depuis le week-end dernier, après l’interview du chef de l’Etat dans Le Figaro magazine, Bayrou, qui n’est pas à un zigzag près, change une fois de plus de trajectoire. Il fustige à nouveau Nicolas Sarkozy. Et en des termes souvent outranciers. Pour le centriste, l’idée avancée par le président de la République d’un éventuel référendum sur les droits des chômeurs est « indigne ». Et de vaticiner : « Une société se juge au traitement qu’elle réserve aux plus faible de ses membres (…) L’idée, pour gagner des voix, d’un référendum organisé sur les droits des chômeurs, c’est la négation de ce qu’un chef d’Etat doit à un pays comme la France. » En quoi le fait de vouloir inciter les chômeurs à trouver une formation plus en adéquation avec le marché du travail, et surtout leur en donner les moyens, serait une démarche « indigne » ? L’un des cadres du MoDem insiste « Au cynisme électoraliste de Sarkozy, Bayrou répond par des valeurs humanistes. » C’est-à-dire par les valeurs subversives de la gauche et de la franc-maçonnerie (voir à ce sujet l’article de Rémi Fontaine dans Présent de mardi). Sur le « cynisme électoraliste de Sarkozy » Bayrou ne fait en l’occurrence qu’ajouter une surenchère mal venue et déplacée. Le candidat du MoDem, après un « surplace » dans les sondages suivi d’une légère glissade, se chercherait « un nouvel élan ». Mais sa nouvelle rampe de lancement, fustiger le discours soi-disant droitier de Nicolas Sarkozy le plus violemment possible, du haut d’une insupportable posture morale, est franchement pourrie. François Bayrou pense que Nicolas Sarkozy, par ses déclarations appelant au référendum sur le droit des étrangers expulsables et sur les chômeurs, lui a offert « le bol d’air politique qui lui faisait cruellement défaut ». Mais il s’agit d’un air que par ses déclarations intempestives d’humaniste progressiste, intolérant et moralisateur, il s’est ingénié à vicier… A propos de ces référendums, un lecteur me reproche de ne pas en avoir parlé dans mon article de mardi sur l’interview du président de la République. Je n’en ai pas parlé en effet, parce qu’il s’agit de vaines promesses que Nicolas Sarkozy, s’il est élu, se gardera bien de tenir. Sans doute n’y croit-il pas lui-même… Juste avant mercredi soir… Selon le dernier sondage publié avant la déclaration présidentielle de mercredi soir, François Hollande et Nicolas Sarkozy arrivent toujours en tête avec respectivement 28 % et 24 % des intentions de votes. Marine Le Pen se maintient à 20 %. Bayrou patine à 12 %. Et Mélenchon, l’homme auto-proclamé « du bruit et de la fureur », n’arrive toujours pas à atteindre la barre des 10 %. Mélenchon ou beaucoup de bruit pour rien ?

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