jeudi 16 février 2012
Au revoir, M. le Président
Voilà, c’est fini… Le premier quinquennat de Nicolas Sarkozy s’est achevé hier soir vers 20 h 15. Même si, bien sûr, il occupera encore la fonction jusqu’au bout de son mandat, le président a passé la main au candidat. Il a sans doute été sincère dans son impatience à recouvrer sa liberté de mouvement même si on peut s’étonner de son excitation à retrouver le contact avec les Français comme si ces cinq années passées à l’Élysée avaient été un exil. Bien préparé, il a été techniquement bon, plutôt habile dans sa façon de manipuler le produit – lui-même – et manifestement plus à l’aise sur le plateau d’une inoffensive Laurence Ferrari que sous les ors compassés de son palais. Mais après ?
Cette honnête prestation lui a permis de dérouler très professionnellement son argumentaire, mais pas de faire la différence. Certains, saluant l’artiste, l’auront trouvé gaullien mais il est resté l’homme de l’éternelle promesse. Ah, cet alléchant « J’ai des choses à dire aux Français » sans qu’il ne donne jamais la moindre idée de ce qu’il avait précisément d’inédit à leur dire, comme une allégorie de l’attente déçue qui plombe aujourd’hui son déficit de popularité. Le président a séduit sûrement, mais il n’aura guère convaincu. Sobre et apaisé mais vaguement répétitif, ce Sarkozy 2 a enterré le Sarkozy 1 qui s’était promis de rompre avec le conformisme de gouvernement. Emblématique d’une imagination revue à la baisse par la crise, la très pépère, très gestionnaire et très incantatoire « France forte » de 2012 a sorti du cadre l’ambitieuse « France d’après » de 2007, et éteint le souffle du parc des expositions de Versailles. Dream is over ? La mélancolie de John Lennon serait-elle toujours d’actualité en ces temps de doute absolu ?
Voilà, c’est fini aussi - après tout, ça n’arrive pas qu’aux politiques - pour les deux quinquennats d’écriture nocturne que j’achève ce matin avec ce 1960 e et dernier éditorial dans les DNA. J’ai aimé passionnément ce lien quotidien avec vous. Je l’ai toujours voulu libre de tout esprit partisan, mais critique, c’est vrai, à l’égard de tous les pouvoirs, parce que c’est son rôle, tout simplement. J’ai agacé - et parfois même exaspéré - ou amusé. Plu ou déplu. Correspondu avec les uns et les autres avec le respect de tous et le goût du débat. Vous allez tous me manquer. Beaucoup. Comme toutes les équipes, valeureuses, de cette belle maison que sont les Dernières Nouvelles d’Alsace dont je dirai toujours fièrement qu’elles étaient « mon » journal.
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