Faisons un test. Demandons à une personne qui ne serait jamais allée à Londres de nous décrire une image de la ville telle que le cinéma l'a gravée en elle. Les taxis noirs sillonnant la capitale avec leur lumière orange seraient inévitablement mentionnés. Frappé de plein fouet par la récession, ce fleuron des meilleures traditions d'Albion vient de se tourner vers la Chine pour assurer son avenir.
La création d'une coentreprise entre Manganese Bronze, premier constructeur de "black cabs" du royaume, et le groupe chinois Geely doit relancer la production de ces véhicules trapus aux allures de fiacres motorisés. L'usine de Shanghaï doit assembler un millier de taxis par an. Le nouvel associé a également pris 20 % du capital de la firme de Coventry. Depuis la faillite, en 2005, de MG Rover, l'essentiel de la production automobile britannique est assuré par des groupes étrangers. Manganese Bronze est désormais le premier constructeur national.
La crise économique a toutefois fait plonger jusqu'à 40 % la demande de taxis noirs au Royaume-Uni au cours de l'année écoulée. En diminuant les recettes des 21 000 chauffeurs londoniens attitrés, la concurrence des "mini cabs", véhicules sans signe distinctif que l'on doit appeler au préalable, a pénalisé le renouvellement du parc. La production quotidienne de taxis noirs est tombée à douze véhicules. Par ailleurs, la compagnie a été contrainte de mettre fin à l'accord de distribution à Chicago et à San Francisco en raison d'un désaccord avec son représentant américain.
"Londres a le meilleur système de taxi au monde. La popularité de la marque constitue un formidable atout à l'exportation", clame John Russel, directeur général de Manganese Bronze. Et de rappeler que pour qu'un taxi soit homologué, il faut que le véhicule puisse virer de 180° quasiment sur place, prévoir un emplacement spécial pour les bagages à côté du chauffeur. La hauteur "convenable" doit permettre d'y prendre place sans ôter son haut-de-forme. A l'écouter, la conduite n'admet aucun laisser-aller.
L'antenne chinoise doit servir de tremplin pour s'attaquer à l'Asie du Sud-Est et au Proche-Orient. Des exploitants de pays anglophiles comme l'Espagne et le Portugal se sont dits intéressés par ce symbole d'un certain art de rouler. Voire d'un art de vivre.
Marc Roche
jeudi 8 octobre 2009
Des taxis noirs londoniens "made in China"
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