Parmi les femmes qui gravitent dans l'orbite de Dominique Strauss-Kahn, il en est une dont le témoignage pourrait aujourd'hui se révéler essentiel pour éclairer la personnalité de l'ancien leader socialiste. C'est du moins l'avis de l'avocat de Tristane Banon, Me David Koubbi, qui a confié dimanche au
Parisien avoir envoyé un courrier au parquet de Paris pour demander à ce que soit auditionnée Piroska Nagy, « la » femme en question.
Le premier scandale sexuel de DSK
Economiste hongroise, ancienne employée du Fonds monétaire international, Piroska Nagy a été le premier « scandale sexuel » de Dominique Strauss-Kahn. En 2007, la blonde économiste a 50 ans, est membre du département Afrique et présente une mission sur le Ghana. DSK est fortement impressionné par sa prestation et un échange d'e-mails s'ensuit, glissant progressivement de la relation de travail aux avances sexuelles. Un an plus tard, le forum de Davos leur permet de passer du virtuel au réel et l'économiste cède aux avances du directeur du FMI. Mais la belle est elle aussi mariée et son époux, qui découvre la liaison rapidement, n'est pas ravi. Il se plaint, demande une enquête interne sur les agissements de DSK. Les investigations, menées par un cabinet d'avocats international, blanchissent l'incriminé : il n'a pas usé de son autorité pour arriver à ses fins, ni même pour favoriser l'avancement de sa maîtresse. L'avocat chargé de l'affaire a eu à sa disposition l'intégralité de la correspondance des amants et conclut qu'il s'agissait d'une relation « consensuelle ».
"Il a un problème"
Choquée par la médiatisation de l'affaire, Piroska Nagy écrit au juriste pour lui dire tout le mal qu'elle pense de son analyse. «
M. Strauss-Kahn a abusé de sa position pour entrer en relation avec moi », estime l'économiste dans son courrier. «
Je n'étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. [...] J'avais le sentiment que j'étais perdante si j'acceptais et perdante si je refusais », explique-t-elle encore. L'ancienne subordonnée disait avoir été «
piégée » et s'interrogeait également sur l'absence d'une enquête spécifique sur un éventuel «
abus de pouvoir ». Surtout, elle concluait sa missive en qualifiant DSK d'homme «
agressif », dont elle craignait qu'il «
n'ait un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d'une institution où des femmes travaillent sous ses ordres ». C'est précisément ce passage qui semble intéresser l'avocat de Tristane Banon. La jeune journaliste s'est en effet engagée dans une bataille judiciaire avec Dominique Strauss-Kahn, auquel elle reproche d'avoir essayé d'abuser d'elle dans un appartement parisien en 2003. Après avoir évoqué plusieurs fois l'épisode sans pour autant traîner son agresseur présumé devant les tribunaux, Tristane Banon a finalement décidé il y a peu de passer à l'action en déposant une plainte pour « tentative de viol ». DSK qualifie pour sa part la scène d'«
imaginaire » et a annoncé avoir déposé plainte pour «
dénonciation calomnieuse » à l'encontre de la journaliste.
"Nécessaire à la manifestation de la vérité"
Une enquête préliminaire est donc en ce moment en cours sur l'affaire, plusieurs proches de la jeune femme et responsables du Parti socialiste ont été et doivent encore être auditionnés par les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) en charge du dossier. C'est dans ce cadre que David Koubbi a adressé sa demande. «
Il apparaît absolument nécessaire à la manifestation de la vérité dans le cadre de l'enquête en cours que Mme Piroska Nagy soit entendue afin d'être éclairés sur les habitudes de M. Dominique Strauss-Kahn », a affirmé l'avocat dans sa missive au ministère public.
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