Dans un pays plutôt jeune à la démographie dynamique, comment pourrait-on prétendre, au moment des grands choix, construire l’avenir sans explorer la question scolaire ? Comment une nation pourrait-elle n’en débattre qu’à la marge quand l’Éducation nationale est le premier poste du budget, et que le pays pointe désormais au 28 e rang (au classement Pisa) pour la qualité de son système éducatif ?
Malgré leurs lamentations officielles, les gouvernements successifs ont, dans les faits, admis passivement et avec fatalisme l’échec scolaire qui, chaque année, laisse 15 % d’une classe d’âge entrer au collège sans savoir lire, écrire et compter correctement, et 150 000 adolescents sortir de leur parcours éducatif sans diplôme ni qualification.
Pour cette rentrée, les politiques ont fait un gros progrès. L’école élémentaire, traditionnellement négligée dans une France sûre de posséder la meilleure primaire du monde, s’impose, enfin, comme une priorité de leurs priorités.
François Bayrou, fidèle à l’un de ses infatigables chevaux de bataille, en fait une de ses deux urgences nationales. François Hollande place les jeunes en tête de son futur projet, et - plus surprenant - voilà même le très comptable Luc Chatel qui fait la promotion d’un modèle finlandais extrêmement généreux
Encore faudra-t-il passer du simple diagnostic à l’épreuve de vérité. Que valent les plus belles professions de foi quand les suppressions de postes reviennent, concrètement, à alourdir le nombre d’élèves par classe (pas partout, d’accord…), à désorganiser un peu plus un système de remplacements déjà ubuesque, à priver des directeurs d’école qui font des miracles avec des moyens dérisoires d’un poste d’aide administrative ? A raser les Rased, seule structure véritablement organisée pour aider les élèves à problème ?
Les politiques vont-ils enfin sortir des faux-semblants ? Le ministre, de ses calculs absurdes qui s’enorgueillit de respecter la règle de suppression d’un fonctionnaire sur deux ? L’opposition, de ses promesses intenables, comme celle de Ségolène Royal prévoyant carrément un deuxième enseignant par classe ? Quant au système lui-même, du haut en bas, est-il décidé à se délivrer de dogmes, d’habitudes, de postures qui pétrifient toute évolution lucide ?
Notre pays est-il, oui ou non, collectivement capable de ce courage collectif dont dépend le futur de ses enfants ?
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire