Le premier, c’est l’insoutenable légèreté avec laquelle certains hommes politiques européens quémandent et celle avec laquelle d’autres hommes politiques accordent des sommes astronomiques puisées dans des fonds publics.
A titre d'exemple, le montant demandé par le petit Portugal couvrirait en une seule fois les coûts de fabrication de 2400 nouveaux kilomètres d’autoroute (pour mémoire, nos dirigeants se couvrent eux-mêmes d’éloges lorsqu’ils parviennent à annoncer 50 ou 100 nouveaux km en quatre ans).
Le gaspillage a continué, tirant l'Europe entière vers le fond
D’autre part, le Portugal demande ces dizaines de milliards d’euros précisément aux autres pays européens, eux-mêmes tous endettés. Et croyez-vous que cela les gêne le moins du monde ? Pensez-vous ! Ils préconisent même un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) afin de répondre à d’autres éventuelles demandes de pays en faillite. Les dettes se voient allègrement couvertes par de nouvelles dettes. Vous comprenez cela ? Moi pas.Le deuxième, c’est cette insupportable tendance qu’ont les pays européens à avoir bien conscience de leurs problèmes sans chercher à les résoudre depuis des décennies, mais au contraire en les amplifiant. Le Portugal, pour revenir à lui, a été le premier à enfreindre le Pacte de stabilité dès 2001.
Que s’est-il passé ? Des sanctions découlant naturellement du Pacte de stabilité ont-elles contraint le Portugal à un retour à la raison ? Absolument pas. Le gaspillage a continué, si bien que, dix ans plus tard, Lisbonne n’a en rien assaini ses finances, mais, de fait, elle a fait faillite. La violation d’une règle n’est donc pas punie, mais bien tolérée, même si cela tire l’Europe entière vers le fond. Vous comprenez cela ? Moi pas.
La planification communiste revient par le fenêtre de l'UE
Le troisième, ce sont les conséquences isoutenables que ces dettes colossales en Europe sont en train de provoquer. Les pays européens ne s’endettent pas pour investir dans l’éducation, dans la recherche ou encore dans d’ambitieux projets promettant de futurs retours sur investissement : le gros des dettes européennes provient d’un excès de consommation, de prestations sociales disproportionnées, de retraites non provisionnées, d’un secteur public hypertrophié et surtout d’un niveau de vie bien au-dessus des moyens de millions de personnes.Les dettes ne sont donc pas contractées au nom d’un avenir meilleur, mais elles hypothèquent cet avenir. Pourtant, loin de susciter une quelconque hostilité, elles sont plutôt approuvées. Vous comprenez cela ? Moi pas.
Le Portugal ne discute pas de l'adoption des réformes, il vient justement de les rejeter. Il réclame 80 milliards d’euros. Il les aura. Sa dette, comme c’est le cas de la Grèce, ne fera qu’augmenter. Il ne la remboursera jamais et la dette de tous les autres pays européens qui financent ce sauvetage va augmenter simultanément.
Telle est l’Europe d’aujourd’hui — autrefois au premier rang mondial — persuadée qu’elle est que sueur et larmes appartiennent au passé, et qu’il suffit de déplacer d’en haut des milliards fictifs d’un FESF à l’autre pour garantir sa prospérité. Je n’ai pas l’habitude de comparer Bruxelles à Moscou. Elles ne correspondent à rien. Mais je crains néanmoins que la planification centrale chère aux communistes, expulsée par la porte de Novembre [1989], nous revienne en pleine figure par la fenêtre de l’UE.
Le vrai danger : ceux qui imposent leur rêve d'un Euro-Etat
Je sais que ce qui est en jeu en Europe, c’est bien plus que l’euro. Je suis conscient du fait que l’Europe sans solidarité a souvent été une Europe belliqueuse. Je sais aussi que le Fonds européen de stabilité financière et ses prêts astronomiques ont pour but de sauver non seulement les trois pays endettés de la zone euro, mais aussi, sans doute, le projet européen tout entier.Et là réside précisément le cœur du conflit : peut-on sauver la coopération européenne en s’appuyant sur une idée qui semble erronée ? Autrement dit, la paix et la prospérité en Europe ne sont-elles pas davantage menacés par ceux-là même qui, souvent contre la volonté de nations entières, imposent leur rêve de l’Euro-Etat, plutôt que par d’autres qui, depuis le début, affirment qu’une coopération raisonnable au sein de l’Europe ne repose pas nécessairement sur une monnaie commune, sur des impôts communs, ni sur un grand ministère des Finances omnipotent, mais plutôt sur des règles de fair-play et une compétition dans la diversité ?
Après le petit Portugal, ce sera au tour de la grande Espagne et de la grande Italie. On sera alors au bord de la désintégration de la zone euro. Derrière elle se profilera un le scénario du retour, aujourd’hui inimaginable, à la couronne slovaque. Ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Sauf une : avec la fin des euro-illusions s’achèvera aussi la fuite en avant, couronnée de succès, de la Slovaquie devant son propre vide.
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