TOUT EST DIT

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samedi 27 août 2011

Vers un idéal qui rassemble

« Jette-leur du grain, ils se battront. Fais-les construire une cathédrale, ils s'uniront » (Saint-Exupéry).

N'est-ce pas un peu ce qui nous arrive avec cette société de consommation qui produit énormément et gaspille à tout va ? N'est-ce pas cela qui attise les convoitises, provoque les surenchères funestes autant que les frustrations redoutables ? En effet, dans cette course, il y a les gagnants qui peuvent profiter de nombreux biens et facilités, mais aussi les perdants qui vont, tôt ou tard, tenter de s'en emparer par la ruse ou par la violence.

C'est un peu ce que l'on a vu se produire dans nos sociétés riches : combien de pillages lors de manifestations tournant à l'émeute, ces dernières années à Londres, Paris, Los Angeles, etc. C'est ainsi que l'on voit se déliter la cohésion sociale et se renforcer les individualismes, en même temps que s'accroissent les peurs et le sentiment d'insécurité.

Ce que l'on constate aussi à l'intérieur de nos sociétés occidentales commence à attiser les rivalités et les divisions d'un pays à l'autre, ainsi qu'entre les sociétés riches du Nord et celles du Sud moins développées.

Tout cela est renforcé par la mondialisation qui, du coup, est fortement critiquée, au point que certains en appellent à une sorte d'hypothétique repli sur soi, avec fermeture plus ou moins hermétique des frontières aux produits et aux ressortissants étrangers.

Un grand projet

Quelles cathédrales faudrait-il donc bâtir, aujourd'hui, pour rassembler les citoyens dans un effort commun auquel chacun serait appelé à contribuer selon ses qualités et ses compétences, pour l'amélioration du sort de tous ? Répondre à cette question est d'autant plus urgent que la crise actuelle est plus lourde de menaces en tout genre.

Bien sûr, nous vient à l'esprit l'Union européenne, ce merveilleux et considérable projet qui, peu à peu, a pris forme en soixante ans. Il paraît malheureusement un peu essoufflé aujourd'hui ; moins enthousiasmant car, au lieu de constater les avancées, on y voit surtout des problèmes. Certes, ces problèmes existent en Europe comme dans le monde entier, où nous ressentons de plus en plus directement des soubresauts.

Mais appeler à la « démondialisation », comme on l'entend de plus en plus ces temps-ci, ne résoudra rien, bien au contraire. D'abord parce que la « démondialisation » ne se décrète pas plus que la mondialisation ne le fut. Celle-ci est une résultante de l'ensemble des évolutions techniques et relationnelles à travers les moyens de transport rapides et les réseaux de communication instantanée qui couvrent la planète et atteignent les lieux les plus reculés, les moins accessibles. Cela ne s'arrêtera pas, même si un pays ou un groupe de pays tente de sortir du jeu planétaire.

Dans cette mondialisation, l'Europe est une réalité toute nouvelle. C'est le moment de lui donner vie davantage. C'est-à-dire plus de présence aux hommes d'aujourd'hui, plus d'audace dans les réformes du système financier mondial, plus de rigueur dans la gestion, plus de liens avec les autres pays, plus de soutien des pays pauvres où l'on meurt encore de faim.

Voilà les cathédrales que notre siècle devrait construire, pour que l'homme, tout homme, tous les hommes, grandissent sur les chemins de la montée humaine.

La revue Études va consacrer son numéro de septembre à ces questions. 14, rue d'Assas, 75006 Paris.

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