jeudi 18 août 2011
Indignés au sud, populistes au nord
Les emprunteurs feront payer leur imprévoyance à leurs prêteurs. Dans l'attente d'une belle, saine et durable croissance, on ne voit pas mieux.
Au début de la crise, à l'été 2007, on se cachait la profondeur du mal en faisant semblant de croire que les traders et les financiers étaient responsables de tout. Il fallait surveiller les premiers, punir les seconds, et tout rentrerait dans l'ordre.
En ce mois d'août 2011, ce sont les spéculateurs et les agences de notation qui jouent le rôle de coupables. Il suffirait de faire plier les premiers et de supprimer les secondes pour calmer le jeu.
S'il faut bien taxer fortement les profits des spéculateurs, interdire certains produits financiers qui ne nourrissent qu'une économie fictive et qui pourrissent l'économie réelle, considérer les agences de notation comme des indicateurs parmi d'autres et non pas comme des oracles, il n'en demeure pas moins que nous sommes envasés dans une durable crise de la dette qui freine l'activité économique et creuse encore les déficits.
Cette situation, commune à la quasi-totalité des pays occidentaux, est le résultat de politiques nationales délibérées, menées avec l'approbation tacite des électeurs.
Nous sommes aujourd'hui tellement ensablés, que personne ne sait comment et dans quel état nous en sortirons.
Ceux qui ont prêté de l'argent à l'État américain constatent avec une angoisse croissante que le ralentissement de l'activité de la première puissance économique mondiale et le blocage institutionnel promettent une dette accrue et des remboursements de plus en plus aléatoires. En Europe, plus personne ne croit que la Grèce pourra rembourser intégralement ses créanciers, et on se demande s'il n'en sera pas de même pour le Portugal, l'Espagne et l'Italie.
D'éminents économistes ne cachent plus que la sortie de crise la plus vraisemblable est une inflation capable de dégonfler une dette devenue incontrôlable.
C'est-à-dire que ceux qui détiennent des liquidités ou des placements sur les marchés, particuliers comme investisseurs institutionnels, verront leur patrimoine se déprécier. Les emprunteurs feront payer leur imprévoyance à leurs prêteurs. Dans l'attente d'une belle, forte, saine et durable croissance, on ne voit pas mieux.
Cette crise sans issue visible, nous la payons et nous la paierons économiquement et socialement, mais aussi politiquement. Les peuples européens sont désemparés. Au sud, des « indignés » expriment ce désarroi en dénonçant un monde injuste au service d'une caste de privilégiés, au nord, des « populistes » manifestent leur angoisse en dénonçant une mondialisation infernale au seul profit d'élites corrompues, et un peu partout, des citoyens s'abstiennent.
Face à tant d'humeur et de scepticisme à la fois, comment faire entendre un discours politique crédible, réaliste et mobilisateur ? Ce sera un peu compliqué.
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