Au moment où ils s'embarquaient dans l'aventure de l'euro, les dirigeants européens n'imaginaient probablement pas la situation que nous vivons ces jours-ci – il est vrai qu'à l'époque, la dette publique des pays de la zone euro était bien inférieure. Et s'ils l'ont fait, ils ont dû se dire que leurs successeurs auraient sûrement trouvé le moyen de sortir par le haut d'une éventuelle crise.
Mais ceux-ci semblent paralysés, tels "des lapins face aux phares d'une voiture", comme l'écrivait récemment The Economist. Incapables pour des raisons électoralistes ou, pire, faute de vision sur le long terme, de prendre le taureau par les cornes ou simplement de réaliser qu'ils sont face à un choix radical : abandonner la monnaie unique ou renforcer les pouvoirs de l'Union, notamment en matière fiscale.
Or, l'un des principaux arguments soulevés par ceux qui s'opposent à de nouveaux transferts de compétences, c'est le fait qu'ils se trouveraient ainsi privés d'une des principales expressions de leur souveraineté. Mais, depuis l'éclatement de la crise, il se trouve que cette souveraineté est de fait déjà fortement limitée : ce sont les marchés bien plus que les électeurs ou les programmes des partis qui dictent les politiques économiques des Etats les plus fragiles, et même de certains des plus solides.
Le cas le plus flagrant est celui de l'Italie, qui s'est vu quasiment dicter un plan de rigueur par la Banque centrale européenne, peu convaincue par les mesures annoncées quelques jours auparavant par le gouvernement.
Dans ces conditions, vaut-il mieux céder volontairement un peu de sa souveraineté à des institutions sur lesquelles il existe un minimum de contrôle démocratique, ou préfère-t-on s'en remettre aux marchés, qui obéissent, eux, à bien d'autres règles ?
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