Le rapport de 12 pages a été compilé par une mission de treize experts des droits de l'homme mandatée par le Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay. Celle-ci doit s'adresser jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU où se tiendra une réunion spéciale consacrée aux droits de l'homme et à l'urgence humanitaire en Syrie. Le rapport fait notamment état "de tortures et d'autres traitements dégradants et inhumains de civils par les forces de sécurité et l'armée". Il relève "une apparente volonté de tirer pour tuer, la plupart des blessures par balles des victimes ayant été localisées dans la tête, la poitrine et généralement la partie supérieure du corps". "Tant les forces armées que les forces de sécurité" syriennes "sont impliquées dans la répression des manifestations pacifiques", note le rapport indiquant que celles-ci "ouvrent souvent le feu sans discernement sur des civils, sans sommation et à courte portée".
Des blessés exécutés dans leur lit d'hôpital
Le rapport donne par ailleurs l'exemple le 3 juin à Hama d'une manifestation où les participants avaient apporté "des milliers de fleurs" pour les offrir aux forces de sécurité" comme gage de la nature pacifique de leur marche. La plupart des manifestations en Syrie ces derniers mois ont été pacifiques, insiste le rapport, notant que selon les témoignages, des "civils de tous âges" ont participé à ces marches "portant des branches d'olivier et torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés". "De nombreuses femmes et beaucoup d'enfants ont été tués" et des "exécutions sommaires ont eu lieu en dehors du contexte des manifestations", relève également le rapport. La mission de l'ONU affirme "être en possession de 1 900 noms de personnes tuées en Syrie depuis la mi-mars", tous des civils".
Elle a notamment relevé des témoignages indiquant une sorte de "modus operandi" de l'armée syrienne pour tuer des civils "en utilisant a) les forces sur le terrain, b) des snipers sur les toits et c) des bombardements aériens". Certains témoignages font également état d'exécutions sommaires, notamment "le 1er mai à Daraa où 26 hommes, les yeux bandés" ont été abattus dans un stade de football "transformé en quartier général par les forces de sécurité". Il y a de nombreuses allégations, note le rapport, de civils exécutés sur le lit d'hôpital par les forces de sécurité" et les membres de la mission ont observé parmi les civils "une peur intense" de se rendre à l'hôpital, préférant ne pas être soignés plutôt que de risquer d'être capturés.
Les membres de la mission ont enquêté entre le 15 mars et le 15 juillet aux confins de la Syrie en l'"absence de coopération du gouvernement syrien" concernant l'accès au pays. Cette mission a été mandatée par une résolution votée lors d'une session spéciale le 29 avril dernier du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Une nouvelle session spéciale sur la situation en Syrie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU se tiendra lundi à Genève, à la demande de l'Union européenne, des pays arabes, et des États-Unis. La Suisse a de son côté décidé de rappeler à Berne son ambassadeur à Damas pour consultations, mettant en avant le "comportement inacceptable des forces de sécurité syriennes" et déplorant "le grand nombre de morts et de blessés".
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