En déplacement à Athènes mercredi, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à la présidentielle, a rencontré les manifestants grecs. Il a "l'intime conviction" que la crise de la dette touchera la France et que seule une sortie de la zone euro peut l'endiguer.
Je ne veux pas paraître vantard, mais j'ai étonnamment été bien accueilli. Je me suis rendu mercredi matin place Sindagma [la place de la Constitution, l'un des lieux de rassemblement des manifestants grecs, Ndlr]. J'ai été très surpris et ému d'avoir été acclamé par la foule présente. Les gens ont applaudi l'écharpe tricolore que je portais [Nicolas Dupont-Aignan est député-maire d'Yerres, Ndlr]. La France représente encore quelque chose. Après mon discours, j'ai pu rencontrer ces personnes, plus modérées que ne le disent les médias. Le mouvement n'est pas politisé : certes il y a des militants d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, mais ils ne représentent pas la majorité des manifestants. Il n'y a pas de drapeaux rouges place Sindagma, mais que des drapeaux grecs. La crise, là-bas, n'est pas politicienne mais démocratique.
L'endettement entraîne une menace des droits citoyens, de la démocratie. Aujourd'hui à Athènes, il y a un discrédit total de la classe politique et du bipartisme. Les gens ont l'impression de ne pas maîtriser leur pays. On leur a imposé un plan de spoliation : on les ruine pour renflouer leurs banques et on ruine les contribuables européens pour renflouer leur dette. Les Français vont, à eux seuls, payer 17 milliards d'euros pour éviter la banqueroute grecque. Soit le gain de notre réforme des retraites! Bruxelles a imposé à Athènes des mesures drastiques pour éviter d'exclure la Grèce de l'Europe économique. Mais c'est l'effet inverse qui se produit. L'Etat surendetté est vu par le reste de la zone euro comme un boulet. Les décideurs de la Commission européenne opposent, à tort, les victimes de la crise au reste de l'Union. Derrière ces décisions technocratiques, il y a des gens, révoltés contre un plan de sortie de crise inefficace et révoltant. Et rien ne changera : les profits continueront à alimenter les banques tandis que les pertes doivent être payées par les contribuables.
C'est ce que je préconise pour la Grèce... et pour la France. Dans la zone Euro, l'Allemagne va bien, mais le reste des pays membres est surendetté. Les banquiers continuent comme avant et ce qui se passe en Grèce n'est qu'un commencement. Une manifestante m'a dit mercredi matin : "Ça nous arrive à nous, mais demain, ça vous arrivera". J'en ai l'intime conviction. La fuite en avant des plans d'aide européens –pour la Grèce, bientôt le Portugal ou l'Irlande– ne vise qu'à retarder leur sortie de la zone euro. Pourquoi Athènes ne pourrait pas sortir de la monnaie unique dès maintenant, et reconstruire ainsi son système économique?
La caste de Bruxelles dramatise toute sortie de l'euro. Tout le monde oublie que de nombreux pays sont sortis de zones monétaires sans pertes ni fracas. Les pays de l'ex-Union soviétique, la Tchécoslovaquie quand elle s'est scindée en deux... Rien n'est impossible si un plan économique solide s'accompagne d'une réelle volonté politique. La vraie folie serait de persister dans l'euro. Aujourd'hui, les démocraties européennes sont devenues des oligarchies au service des banques et non plus des peuples.
L'euro était censé consacrer l'Union. Elle n'a fait qu'exacerber les différences, les nationalismes. Désormais, les dirigeants se parlent par ministres et médias interposés et s'affrontent sur des questions sensibles, comme l'immigration, alors qu'ils devraient être au contraire unanimes. Nous sommes dans un système dictatorial qui ne fait que protéger les intérêts des banques. L'idée européenne a été dénaturée. Au lieu d'écouter les Indignés qui manifestent un peu partout, nos oligarques accélèrent et vont dans le mur.
Vous parlez de protection, mais l'euro fort est plutôt synonyme d'asphyxie! Les Chinois ou les Américains ne sont pas fous : ils ont dévalué leur yuan ou dollar pour éviter le mécanisme implacable de l'endettement. L'euro, c'est une saignée, c'est le Mediator. Et moi, je suis le docteur Frachon [le médecin qui a alerté des méfaits du médicament au début des années 2000, Ndlr].
Je suis un pragmatique qui veut rassembler. Leur formation respective, à l'extrême, divisent les Français. Ceci dit, il est normal qu'ils reprennent le débat que j'ai lancé il y a plusieurs années sur une sortie de l'euro. Ce sera un thème de campagne majeur, à l'instar du protectionnisme. C'est toute la raison de ma candidature. L'oligarchie qui domine en France ne veut pas en parler. Est-ce que nous, Français, sommes encore un peuple qui peut réfléchir? Est-ce que nous pouvons encore compter dans le monde de demain? Voilà les questions qui seront, j'espère, au centre du débat électoral.
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