vendredi 17 juin 2011
La réforme vaut bien une messe
C’est un artifice que de nombreux prestidigitateurs du grand cirque politique sortent régulièrement de leur chapeau. Il a la sonorité d’une remontrance et l’aspect flou d’une morale, mais il n’est ni l’une, ni l’autre. C’est un écran de fumée sémantique qui laisse roder le mystère. Abracadabra… et voilà : « Ça n’intéresse pas les Français ». Une formule magique qui permet d’échapper au danger immédiat d’une question gênante. Ça marche à tous les coups mais ça finit par user le spectacle. Et la suggestion - principe premier de la magie - reste muette, laissant derrière elle le goût de plus en plus prononcé de la frustration.
Eh bien chiche, Mesdames et Messieurs les artistes ! Relevez le gant aujourd’hui et demain à Strasbourg. Intéressez les Français ! Faites, faites donc. Il n’est que temps. Dans les années 70, à l’aube noire de la première crise, une publicité fanfaronnait : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées ! ». Presque quarante ans plus tard, la crise est toujours là, la France n’a toujours pas de pétrole, mais cette fois elle n’a plus d’idées non plus. Même le coq déchaîné de notre humour national n’arrive pas à en rire. L’anxiété devant l’avenir rendrait même aphone le glorieux volatile qui dans son inaltérable et mécanique optimisme n’oublie jamais de signaler midi au-dessus de l’auguste portail des DNA. C’est dire.
La nonchalance fataliste des élites devant le moral désespérément bas que révèlent, les uns après les autres, les bulletins de santé de la société française, devrait être secouée à l’approche d’une nouvelle année électorale qu’on nous annonce évidemment « décisive ». Si seulement ! Si seulement l’urgence pouvait réveiller un pays assoupi par un discours politique corrompu jusqu’à la moelle par les techniques et les éléments de langage lénifiants des communicants. Ce n’est pas la réclame de Martine Aubry hier soir dans le 20 heures de TF1 pour les vertus de « la vieille soupe » qui risque de réchauffer l’humeur d’un public citoyen désabusé, et encore moins d’ouvrir son appétit.
Mais attention, les lignes que vous venez de lire pourraient bien être taxées d’un infamant « populistes » quand elles n’appellent qu’à l’enthousiasme d’une vie démocratique inventive, généreuse, fluide, décontractée et animée par l’envie d’avoir envie. Les idées neuves qui circuleront en liberté dans ce foyer séculaire de l’humanisme européen qu’est la capitale alsacienne sont autant d’amazones salvatrices. 100 n’y suffiront pas, d’ailleurs, pour prendre d’assaut la forteresse inerte d’un débat public cadenassé. Elles auront besoin qu’on leur ouvre les portes de toutes les chapelles de décideurs.
Dans une France qui n’aimerait que les révolutions, la réforme vaut bien une messe. Une grand-messe intellectuelle, laïque et universelle. Elle commence ce vendredi à 12h30.
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