"C'est ma table de travail. Je vais la garder comme souvenir" : le cuisinier du camp, Rafael Rodriguez Ballesteros, un restaurateur de 56 ans au chômage, surveillait l'emballage de la précieuse table pliante, avant de rentrer chez lui, "très ému après avoir reçu toute cette tendresse de la part de ces jeunes".
"Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir", avaient-ils prévenu en plantant leur village alternatif le 17 mai sur la grande place du cœur de la capitale espagnole. Presque un mois plus tard, malgré les risques de démobilisation, les "indignés" annoncent d'autres rendez-vous, à commencer par une journée de manifestations le 19 juin.
Ces derniers jours, ils sont déjà passés à d'autres formes d'action. Un sit-in nocturne, mercredi devant le parlement, ciblant la classe politique aux cris de "bien sûr, bien sûr qu'ils ne nous représentent pas". Puis samedi, un face-à-face houleux avec la police anti-émeutes pour accueillir la réélection du maire conservateur de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardon. "La place restera un lieu d'assemblées, chaque quartier continuera à travailler et nous poursuivrons le mouvement sur Internet", explique un porte-parole du mouvement, Marcos Quesada, étudiant en droit de 19 ans.
UN SYMBOLE DEMEURE
Le mouvement était né spontanément le 15 mai d'une manifestation de citoyens autour de cibles disparates : le chômage qui frappe plus de quatre millions d'Espagnols et presque la moitié des moins de 25 ans, les politiciens taxés de cynisme et de corruption, les banques, les dérives du capitalisme. Très vite, relayé par les réseaux sociaux, il a tissé sa toile à travers l'Espagne, dans une fronde au ton libertaire, inédite dans ce pays où des campements ont fleuri sur les places publiques de dizaines de villes et villages.
Leur plate-forme réclame une modification de la loi électorale, accusée de ne pas donner de place aux petits partis, la "transparence" des instances politiques et économiques, la participation des citoyens à la vie politique. Mais les outils restent flous, les leaders inexistants et l'avenir des "indignés" en point d'interrogation, malgré un large soutien de l'opinion publique.
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