samedi 25 octobre 2014
Toutankhamon : "la vérité révélée"
Une reconstitution 3D du corps de Toutankhâmon, réalisée à partir des scanners 3D de la momie royale. Crédit : BBC
Ce documentaire revient, grâce à une autopsie virtuelle inédite réalisée à partir des scanners 3D de la momie royale, sur les dernières recherches menées sur le pharaon de 19 ans. Une excellente synthèse des travaux menés ces dernières années.
LÉGENDE. « En fait, il n’y a pas vraiment de nouveaux résultats mais ce documentaire souligne à juste titre qu’il est peu probable que Toutankhâmon soit mort des suites d’un accident de char, comme cela a été dit récemment. Il avait effectivement une fracture au genou gauche qui n’a pas guérie, mais elle pourrait résulter d’une simple chute, explique Albert Zink, directeur de l’Institut des Momies et de l’Homme des Glaces, joint à Bolzano, en Italie. D’autre part, on n’imagine mal qu’avec un pied bot, ce jeune homme ait pu participer à des courses de chars».
Toujours est-il que le jeune souverain ne jouissait pas d’une santé florissante. Selon Ashraf Selim, le radiologue égyptien impliqué dans ces analyses et interrogé sur la BBC, « Toutankhamon avait en effet développé la maladie de Kohler au cours de son adolescence », une ostéonécrose douloureuse de la face dorsale du pied qui entraîne un problème de locomotion. Ce qui expliquerait aussi la présence de plus de 130 cannes et bâtons retrouvées dans la tombe du pharaon, dont certaines faisaient penser que Toutankhamon était infirme et avait besoin de support pour marcher.
PALUDISME. Nombre d’entre elles montraient des traces d’usure. Selon Albert Zink, sa mort précoce aurait été causée non par un accident mais en raison d’un état général de faiblesse due au paludisme qu’il avait contracté et aux déficiences génétiques héritées du mariage consanguin de ses parents qui étaient frère et sœur comme l’ont montré des études génétiques menées par Albert Zink (lire Sciences et Avenir n°758 avril 2010)
Le paléogénéticien basé en Italie a en effet mené des analyses de la famille de Toutankhâmonen 2010, en compagnie de Zahi Hawass, ex-patron des Antiquités égyptiennes, et d’une équipe internationale (voir graphique SetA ci-dessous).
Le généalogie de Toutankhamon. Crédit : Sciences et Avenir / Leemage / AP / Sipa
Avec des résultats surprenants sur les liens complexes et incestueux qui unissaient les uns aux autres. Ils ont notamment permis d’établir que le père du jeune pharaon était bien Akhénaton l’"Hérétique" (momie KV55). Mais la Maman ? Depuis toujours, les spécialistes pensaient qu’il s’agissait de la célèbre Néfertiti.
Ne voyait-on pas les deux souverains représentés côte à côte, sur les pylônes des temples et autres décors, dans toute leur majesté ? Mais les résultats génétiques avaient été… implacables ! Néfertiti ne pouvait en aucun cas être reliée à Toutankhâmon. Dès lors, bienmalin qui allait pouvoir retrouver une mère parmi toutes les épouses qui constituaient les vastes harems pharaoniques !
C’était sans compter sur la coutume qu’avaient les souverains égyptiens d’épouser leurs sœurs (lire interview sur l’inceste royal en fin d'article). La mère de Toutankhâmon se révélait être une sœur d’Akhénaton, une momie connue sous le nom de « Young Lady » et identifiée sous l’étiquette KV 35 YL. « Nous avons essayé de poursuivre nos analyses sur l’ADN mitochondrial (celui transmis par la lignée maternelle) mais la situation politique en Egypte ne nous l’a pas permis pour l’instant. Ceci étant, les résultats préliminaires confirment bien notre analyse précédente. Les parents de Toutankhâmon –KV 55 et KV 35- étaient probablement frère et sœur », a ajouté Albert Zink.
L’autopsie virtuelle réalisée pour les besoins du documentaire de la BBC prouverait ainsi que les handicaps physiques de cet enfant-roi, -source d’intérêt inépuisable depuis sa découverte en 1922-, aurait été directement causée par les déséquilibres hormonaux liés à la fratrie de ses parents. Ce qui n’a pas empêché le jeune souverain d’épouser lui-même… sa demi-sœur Ankhésénamon.
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