TOUT EST DIT

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lundi 16 mai 2011

Un immense gâchis

Stupéfiant. Ahurissant. Assourdissant. Invraisemblable... Qu'un des plus puissants dirigeants du monde, parmi les plus surveillés et les plus respectés, puisse jouer son avenir sur une possible affaire de moeurs au pays du puritanisme est un choc et un désastre.

Personne n'aurait imaginé pareil polar politico-sexuel, si implacable dans son déroulement, si précis dans la seule version que l'on connaît, si improbable compte tenu de l'enjeu et de l'intelligence de Dominique Strauss-Kahn, que l'on en vient à douter de son authenticité.

Que l'agression soit avérée ou qu'il s'agisse d'un complot, que les faits soient exacts, approximatifs ou inventés, que l'inculpation repose ou pas sur une preuve de culpabilité, Dominique Strauss-Kahn est pris au piège d'une procédure judiciaire. Comment pourrait-il continuer à diriger le FMI, ce métier de globe-trotter ? Faire campagne en France, tout en préparant son procès ? Cela n'a rien à voir avec l'épisode dérisoire de la Porsche dans une rue de Paris ou l'exploitation du prix de ses costumes. Le pire scénario au pire moment.

Le calendrier judiciaire étant bien plus lent que l'agenda politique, et la justice américaine n'étant pas du genre à expédier les affaires, l'inculpation de DSK ouvre une phase de fortes turbulences pour toute la classe politique. Son onde de choc lui ferme la porte des primaires, pour lesquelles les candidatures doivent être déposées dans les deux mois, et de facto celle de l'Élysée. Elle ouvre une crise de succession au FMI au moment où il faut vite convaincre les Européens d'empêcher la contagion de la crise grecque.

Les conséquences politiques étant là, une double question se pose : à qui profite l'affaire ? Et à qui nuit-elle ?

Même s'il s'agissait d'un piège, dans lequel Dominique Strauss-Kahn serait en tout état de cause tombé, cet épisode troublant et humiliant risque de lui coûter sa carrière publique, de salir son honneur d'homme et celui de ses proches.

Elle est désastreuse pour la qualité du débat politique et pour l'image de la France qu'elle va ternir des semaines durant. Elle assomme ses amis politiques et Martine Aubry. Elle ébranle le PS qui n'a plus de leader évident et qui doit se préparer à une primaire qui ne ressemble plus du tout à une banale formalité, au seul profit de l'ex-favori des sondages.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, on peut déjà identifier trois bénéficiaires. Dans un PS abasourdi, François Hollande qui, sans imaginer un tel scénario, avait anticipé que DSK n'était pas à l'abri d'un faux pas, pourrait devenir le favori. Il est le mieux préparé, le plus motivé, mais la multiplication prévisible des candidatures va corser son parcours.

Par effet de contraste, cette affaire relativise singulièrement les critiques comportementales adressées à Nicolas Sarkozy. Le Président a en outre compris qu'il n'aurait rien à gagner d'une instrumentalisation de l'événement. La droite, dont Dominique Strauss-Kahn était le concurrent le plus redoutable, y voit une occasion d'élargir son électorat, spécialement du côté des centristes dont Jean-Louis Borloo a annoncé, hier, qu'ils auraient bien un candidat. Enfin, elle pourrait profiter à l'extrême droite qui fait peu de cas de la présomption d'innocence et se délecte de tout ce qui a le goût de la décadence politique.


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