lundi 27 septembre 2010
À pique mouchetée
Finie la petite musique de la différence, voilà la grosse caisse de la distance ! Ce « lui c'est lui, moi c'est moi » à pique mouchetée sur France 2, ponctué du discret rappel qu'il est le co-auteur du programme de Nicolas Sarkozy, sonne la fin du bail de François Fillon à Matignon. Les formules, même pas toujours saillantes comme à son habitude, ne laissent aucun doute sur la prise d'autonomie du Premier ministre par rapport à celui qui « n'a jamais été son mentor. » La séparation prochaine affleurait sous le propos policé. Logique. Depuis le temps que le président de la République annonce son remaniement comme une bouée de sauvetage, on ne voit pas comment il pourrait donner le sentiment d'un vrai changement en signifiant leur congé à Kouchner, Morin, Amara et quelques autres, tout en conservant l'actuel hôte de Matignon.
Bientôt quatrième Premier ministre retraité de l'UMP, François Fillon ne fera rien qui puisse être contraire aux intérêts de Nicolas Sarkozy, tant que celui-ci est en lice pour un autre mandat. On ne critique pas publiquement le président de la République quand on a été son chef de gouvernement. François Fillon reprend sa liberté mais à la différence de ceux qui sont repartis sur le terrain, il restera loyal et tiendra le discours de l'unité. La pierre est pour le jardin de de Villepin, dont le gaullisme lyrique l'agace, et pour Raffarin.
La sortie est soignée, la différence est pointée et le message surligné : François Fillon n'est pas une créature de Nicolas Sarkozy. Influencé par ses origines et ses mentors, les gaullistes sociaux Le Theule et Séguin, il a la fibre républicaine, il n'aime ni le populisme, ni la démocratie quand elle se venge. On se souvient de sa position sur l'instrumentalisation du débat sur les Roms.
Octobre, après le vote du Sénat, ou novembre avant le G20, peu importe désormais la fenêtre de tir : François Fillon va partir et laisser Nicolas Sarkozy assumer son programme, ses idées et son projet en se passant de celui qui donnait à l'opinion la sensation de l'équilibre. Il devenait de plus en plus difficile pour l'Élysée de conduire une politique marquée à droite et d'instaurer des jurys populaires avec un démocrate social à Matignon.
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