TOUT EST DIT

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lundi 29 octobre 2012

Le PS ne sert plus à rien..., sauf à soutenir Ayrault !

Hervé Gattegno intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique "Le parti pris".
Ce week-end à Toulouse, le PS tenait son premier congrès depuis l'élection de François Hollande. Harlem Désir a été intronisé au poste de premier secrétaire et les socialistes ont serré les rangs derrière le Premier ministre. À part ça, pas grand-chose. Votre parti pris : le PS ne sert plus à rien..., sauf à soutenir Jean-Marc Ayrault.

Sans surprise, le PS a tenu l'un des congrès les plus ennuyeux de son histoire. Ce n'est pas entièrement de sa faute. Que son vrai chef soit à l'Élysée et ses éléments les plus brillants au gouvernement, ça n'aide pas le parti à garder une dynamique et en plus ça l'oblige à s'aligner sur le pouvoir. De ce point de vue, Harlem Désir est l'homme de la situation : il n'est pas assez fort pour être indiscipliné, ni assez charismatique pour faire de l'ombre à Jean-Marc Ayrault - c'est dire...
Le Premier ministre a eu droit à plusieurs ovations et tous les ténors socialistes lui ont rendu hommage. C'était une mise en scène ?
Ce type est dangereux
Plutôt une (re)mise en forme. Jean-Marc Ayrault a du mal, on le sait, à imposer son autorité. Il a été secoué par les couacs de ses ministres. Et vexé, parfois, par les commentaires acides sur son impréparation - dont certains partent de l'Élysée, ce qui est injuste, car Matignon n'a pas le monopole de l'inexpérience... À Toulouse, tout le monde l'a couvert de fleurs. Ça lui a sûrement donné du tonus, mais c'était presque trop : entre la médaille du travail et l'éloge funèbre. Normalement, c'est le chef qui galvanise la troupe. Là, c'est comme si on espérait l'inverse...
L'expression qu'on a remarquée, dans le discours de Jean-Marc Ayrault, c'est "le nouveau modèle français" : sa version d'un mode de gouvernement apaisé, fondé sur la consultation et la négociation. Est-ce que ça peut être l'atout de Jean-Marc Ayrault ?
C'est tout le mal qu'on lui souhaite. C'est vrai qu'il y a une rupture de style avec Nicolas Sarkozy : plus d'attention, de dialogue, moins de décisions expéditives. Mais du coup, Jean-Marc Ayrault et François Hollande laissent s'installer l'impression que les discussions s'éternisent pour pas grand-chose. Pendant ce temps-là, les patrons, les médecins, les enseignants grognent. Et l'affaire du rapport Gallois sur la compétitivité risque d'alimenter ce malaise. En fait de négociation, le gouvernement a surtout l'air de négocier avec Louis Gallois pour que le contenu du rapport ne le mette pas en difficulté... Ou qu'il ne soit pas appliqué.
Vous croyez que le PS est condamné à avaler la potion amère de la rigueur jusqu'à la fin du quinquennat ?
Il n'y a pas de crise de régime, mais c'est bien un régime de crise qui est imposé à la majorité. Et il est douloureux. D'où la nécessité d'en appeler aussi aux sujets qui flattent les militants : le vote des étrangers, le mariage gay, les attaques contre la droite... À part cela, on a vu aussi Ségolène Royal se pousser du col et Martine Aubry se positionner en réserve pour Matignon. Effet positif garanti pour Jean-Marc Ayrault : on peut le trouver brouillon et atone, personne n'est pressé de revoir le duel des deux dames du PS - comme à Reims, en 2008. Mieux vaut sans doute un congrès ennuyeux qu'un congrès meurtrier... et trafiqué.

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