lundi 27 septembre 2010
La question politique de l'euro
E n créant l'euro, il y a bientôt douze ans, les pays membres de la zone avaient négligé de se poser une question simple : qu'est-ce qu'une monnaie commune ? Ayant consenti à abandonner leur souveraineté monétaire au profit de la Banque centrale européenne, ils ont fait comme si cela devait suffire à assurer le succès de l'entreprise. S'autorisant du même coup à violer le pacte de stabilité et de croissance qui devait garantir la viabilité économique de la zone.
On sait, depuis la crise grecque, combien l'indiscipline budgétaire d'un pays, fût-il l'un des plus petits, peut menacer l'édifice. Mais comment imposer la discipline, si personne ne la respecte ? Et surtout, plus fondamentalement, si les gouvernements -et les opinions -de la zone refusent toute brèche dans le principe de souveraineté budgétaire des Etats ? Abandon de la souveraineté monétaire d'un côté, maintien de la souveraineté budgétaire de l'autre comme deux plaques tectoniques, cette contradiction menace depuis l'origine la zone euro d'un séisme majeur. La faille qui court d'Athènes à Dublin est toujours active.
Echaudés par la crise grecque du début de l'année et ses prolongements irlandais, les membres de la zone euro cherchent la parade. D'où les propositions que doivent faire, cette semaine, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, d'un côté, et le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, de l'autre. Il s'agit, dans le cadre des traités existants, de renforcer la discipline budgétaire par des mécanismes de sanction plus probants.
L'intention est louable, bien sûr. Mais la démarche souffre, comme depuis le début de l'euro, de ce que la question essentielle ne soit toujours pas posée franchement aux opinions publiques : une monnaie commune est-elle viable sans une forme de fédéralisme budgétaire ? Une fois de plus, des débats fort techniques à Bruxelles -par quel mécanisme, et selon quels critères, sanctionner un Etat laxiste ? -masquent la question de fond. Celle-ci est politique. Il s'agit de savoir dans quelle mesure chaque pays de la zone se sent solidaire des autres. Dans quelle mesure le sentiment d'union l'emporte sur la préférence nationale. Si ces pays partagent plus qu'une monnaie, la conscience d'un destin commun. C'est bien parce que la réponse ne va pas de soi que la question doit être posée.
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