Interviewé hier soir sur France 2, le chef de l'Etat a tenté de clore le volet politique de l'affaire Bettencourt. Le ministre du Travail, Eric Woerth, qu'il a défendu, devra néanmoins quitter son poste de trésorier de l'UMP. « Réformer, c'est bousculer des intérêts », a-t-il insisté en cherchant à se poser en président entièrement absorbé par son « devoir ».
Se saisir de la première éclaircie dans l'affaire Bettencourt pour tenter de clore la polémique et réexpliquer aux Français sa politique. Telle était la mission que s'était assignée hier soir Nicolas Sarkozy, interviewé sur France 2 par le journaliste David Pujadas. L'exécutif comme la majorité comptaient beaucoup sur cette intervention télévisée pour permettre au chef de l'Etat de reprendre la main au moment où sa cote de popularité atteint son plus bas niveau depuis son élection en 2007 - 33 % d'opinions favorables selon un sondage LH2 pour « Le Nouvel Observateur » publié hier. Une heure durant, Nicolas Sarkozy a donc justifié, chiffres à l'appui, ses réformes afin de convaincre qu'il s'acquitte de son devoir de « régler toutes les questions concrètes qui se posent aux Français ». Lui qui s'était tenu à une relative réserve médiatique depuis la défaite de son camp aux régionales afin de présidentialiser son image a veillé à s'exprimer calmement et à éviter tout terme polémique, cherchant à se poser en « homme d'équilibre et de sang-froid ». Comme s'il voulait rôder le profil de « président-protecteur » dont il entend faire son credo pour la prochaine présidentielle.
Encore fallait-il répondre aux questions sur l'affaire Bettencourt. Tentant de clore le volet politique de cette affaire, le chef de l'Etat s'est appuyé sur le rapport « extrêmement fouillé » du chef de l'Inspection générale des finances, Jean Bassères, dédouanant l'ancien ministre du Budget Eric Woerth de toute intervention écrite dans le traitement de la contribuable Liliane Bettencourt. Eric Woerth est « un homme honnête (...), qui vient de subir la calomnie et le mensonge avec une dignité qui fait honneur à la classe politique », a-t-il souligné, précisant que le ministre du Travail porterait jusqu'au bout la réforme des retraites.
« Campagne de calomnie »
Afin de contrer le soupçon de conflit d'intérêts dénoncé par la gauche, il a néanmoins souhaité la création d'une commission transpartisane afin de « modifier » la législation sur le sujet et « conseillé » à Eric Woerth, qui y est prêt (voir ci-dessous) d' « abandonner » son poste de trésorier de l'UMP. L'exécutif estime qu'un tel changement de pied ne sera plus perçu comme un aveu de culpabilité. Interrogé sur le soupçon de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007, qui demeure, il a nié être « un intime » de Liliane Bettencourt et dénoncé une « campagne » de « calomnie » motivée par ses réformes qui « bousculent des intérêts » et « gênent un certain nombre de gens ». Pas question pour autant de revenir sur le bouclier fiscal, même si le montant rétrocédé à la milliardaire - 30 millions d'euros -a pu choquer. Après avoir défendu le procureur de Nanterre, Philippe Courroye - « un homme compétent » -, le chef de l'Etat n'a pas voulu commenter le souhait du PS de le voir dessaisi au profit d'un juge indépendant - « que la justice décide ». « Je n'ai absolumenent rien à cacher », a-t-il insisté.
« Autopersuasion », selon Aubry
Contrairement aux dirigeants de l'UMP qui ont manié ces jours-ci l'invective à l'égard du site Mediapart, le chef de l'Etat s'en est bien gardé - « ce n'est pas mon rôle ». Toujours par souci d'apparaître comme un homme « honnête », guidé par l' « équilibre » et la « justice ». « Je me méfie autant des gens qui idolâtrent l'argent que des gens qui le détestent », a-t-il souligné. Cherchant à reprendre langue avec l'électorat traditionnel de la droite, il a promis une amplification de l'action du gouvernement en matière de sécurité, d'agriculture et de médecine libérale. Il a surtout défendu longuement la réforme des retraites, réfutant que le report de l'âge légal puisse être injuste. « La première injustice, c'est de ne pas avoir d'argent pour payer la retraite des retraités », a-t-il insisté, précisant que les pensions de 1,5 million de personnes sont financées « par la dette ». S'il est prêt à modifier - un peu -le projet de loi, Nicolas Sarkozy a affirmé que les « manifestations » programmées en septembre n'auront « pas d'incidence » sur le contenu du texte. Martine Aubry n'a vu dans cette intervention qu' « autosatisfaction » et « autopersuasion ».
mardi 13 juillet 2010
Bousculé par l'affaire Bettencourt, Sarkozy se pose en homme de « sang-froid »
ELSA FREYSSENET
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