Une intervention aussi attendue et réclamée n'est efficace que si elle apporte du nouveau. Au plus bas dans les sondages, au point d'avoir perdu, dimanche, la législative partielle dans le fief UMP de Rambouillet, Nicolas Sarkozy devait frapper fort pour atténuer la crise de confiance qui mine l'exécutif et fragilise la fin du quinquennat.
Le style même de l'émission - un entretien sobre sur le perron de l'Élysée - et le moment choisi - un soir sans foot ni vélo, entre un rapport favorable à Éric Woerth et la présentation de la réforme des retraites - témoignent à eux seuls de la gravité du rendez-vous avec les Français.
Les « affaires » au rayon des accessoires oubliés ? En avocat précis et plutôt serein, Nicolas Sarkozy confirme dans sa fonction et défend Éric Woerth. Mais, en souhaitant son départ, désormais probable, de trésorier de l'UMP, il admet la possibilité d'un problème dans l'exercice de responsabilités qui peuvent s'avérer conflictuelles.
Nicolas Sarkozy convainc moins quand il affirme que la « calomnie » subie par Éric Woerth tient à ses responsabilités de ministre des retraites. Depuis des mois, la gauche parlementaire pointait du doigt la conflictualité entre la fonction de ministre et celle de trésorier d'un parti. Et ce n'est pas l'opposition qui a révélé les affaires, mais des journalistes. Soucieux d'apaiser le climat, le Président se permet d'ailleurs de prendre de la distance avec ceux de ses amis qui règlent des comptes avec les médias.
Un gouvernement capable de restaurer la confiance ? Nicolas Sarkozy n'aime pas subir le calendrier. Éric Woerth défendra donc la réforme des retraites et le gouvernement sera remanié fin octobre, comme déjà annoncé. Cent jours pendant lesquels le pays sera gouverné par une équipe en sursis. Mais, à vrai dire, céder aux injonctions des uns et des autres de changer d'équipe maintenant n'aurait pas davantage été une preuve d'autorité.
Des règles de gouvernance fondées sur l'éthique, une république irréprochable ? En annonçant une commission pluraliste - alors qu'il gèle la commission d'enquête demandée par l'opposition - il promet de préciser la notion de conflit d'intérêts, mais ne s'étend pas sur les suspicions liées au financement de l'UMP ou à la fraude fiscale de certains gros contribuables. En confirmant que les ministres seront mis sous surveillance, il reconnaît des « maladresses » insupportables en période de crise.
Des garanties aux classes populaires et moyennes victimes de la rigueur ? Sur les retraites, le Président maintient le cap. Il promet d'être attentif aux carrières longues, à la pénibilité, aux polypensionnés. Il annonce, dans la foulée, l'ouverture du dossier de la dépendance. Il rappelle le poids de la fiscalité sur les hauts revenus, mais défend aussi le bouclier fiscal pour les plus aisés. Il invoque le poids de la contrainte internationale pour justifier sa politique.
Au total, aura-t-il été convaincant ? C'est toute la difficulté de Nicolas Sarkozy, faire mentir cette réflexion du philosophe américain Ralph Waldo Emerson : « Ce que tu es parle si fort qu'on n'entend plus ce que tu dis. » Les prochains sondages seront regardés de très près.
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