Le président de la République est apparu ces derniers jours, au fil du déluge de commentaires provoqués par l'affaire Bettencourt, comme un funambule. Avec ces signes fugaces et cruels montrant que l'artiste pouvait ne plus maîtriser sa trajectoire. Son calendrier, en langage politique. Le président de la République s'est naturellement efforcé, hier soir face à David Pujadas dans une mise en scène intimiste, de convaincre du rétablissement de l'artiste. Si tant est qu'il se soit jamais vraiment senti en péril... Grave, concentré, pédagogue, presque ennuyeux, Nicolas Sarkozy n'a pas chuté. Adressant ainsi un pied de nez narquois à ses adversaires comme à ses amis les plus encombrants. La calomnie, a-t-il expliqué, il s'y était préparé.
Convaincu, compassionnel, complice : la tonalité était claire. Le chef de l'État a consacré un quart de son intervention à « l'affaire », soutenant sans concession son ministre du Travail. Il ne pouvait en être autrement à la veille de la présentation en conseil des ministres du projet de réforme des retraites préparé par Éric Woerth.
Cette réforme, l'hôte de l'Élysée l'a défendue certes techniquement mais avec force. Exonérant au passage les syndicats de toute responsabilité : pérenniser les retraites sera l'œuvre de Sarkozy, point. Même conviction dans la défense du bouclier fiscal.
La compassion n'est que l'envers de cette fermeté. Le président de la République en a lardé ses propos. Invoquant l'injustice qu'il y aurait à faire croire que la réforme n'est pas nécessaire quand 10% des pensions sont financés par l'emprunt. Il n'a pas hésité à faire mention des « souffrances » dont les manifestations de rue sont à ses yeux le reflet : Nicolas Sarkozy les fait siennes. A deux reprises aussi, il a pris pitié de l'agriculture, dont il veut à tout prix défendre le modèle « français et européen ».
Le ton complice a surgi peu à peu, après quelques tours de chauffe. Quoiqu'il en pense, le président de la République s'est bien gardé d'attaquer les médias. Il sait trop bien que les journaux sont dans la même barque que les pouvoirs qu'ils agacent : l'Etat fournit les rames. Complicité matoise encore révélée par cette réflexion sur l'argent. Réputé proche des parrains de l'économie française, Nicolas Sarkozy affirme qu'il se méfie autant des gens qui idolâtrent l'argent que de ceux qui le détestent. Nul doute qu'il ait trouvé dans ce trait une clé pour gagner la sympathie des Français. Au rapport à l'argent si compliqué.
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