TOUT EST DIT

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jeudi 25 mars 2010

Priorité à droite

Sans doute voulait-il être au-dessus, bien au-dessus du parti qu'il a méthodiquement organisé pour le porter au pouvoir. Depuis son élection, en mai 2007, il n'avait cessé de lui échapper, obstinément, pour construire le roman d'une hyperprésidence soucieuse de gommer tout lien de dépendance. Le chef de l'État était bien décidé à s'affranchir de son propre camp et même de son propre clan. Et à le leur faire comprendre. Après la constitution de son premier gouvernement, les dignitaires de l'UMP, frustrés par la part belle laissée à des personnalités de gauche, ne réclamèrent-ils pas une ouverture « allant jusqu'aux sarkozystes... »
Hier, le président a officiellement refermé cette page de la première partie de son quinquennat. Secoué par l'abstention d'une partie importante de son électorat personnel aux deux tours des régionales, il a semble-t-il fait son deuil d'une pratique politique capable de transcender les frontières partisanes. Certes, il n'a pas voulu perdre la face en semblant rendre les armes, et il s'est présenté comme le défenseur de « la pluralité des opinions ». Mais il rétablit la priorité à droite. L'urgence, c'est de rassurer les siens. De tuer dans l'oeuf une contestation grandissante dans les rangs de sa propre majorité. De revenir aux fondamentaux. De célébrer à nouveau la suprématie de « la valeur travail » sur l'assistanat.
Martin Hirsch, l'homme du CSA, celui qui portait la promesse sociale du 6 mai (« personne ne restera au bord de la route »), est parti. La taxe carbone, qui concrétisait un engagement écologiste volontariste est subordonnée à une taxe aux frontières.
« L'exemplarité », fut-elle solitaire, n'est donc plus à l'ordre du jour, rattrapée par la stratégie classique du rapport de forces. On devait montrer la voie à l'Europe avec une fiscalité environnementale dissuasive. On ne fera, au mieux, que la suivre quand elle aura, elle même, pris l'initiative.
Évidemment, cette nouvelle prudence ne saurait apparaître comme telle. Il faut conjurer à tout prix une giscardisation de son quinquennat en traçant une croix sur l'audace, comme l'avait fait son lointain prédécesseur en 1976. Officiellement, on gardera donc le cap des réformes. Mais on va ralentir le rythme des machines. Le président voulait engager toutes les réformes à la fois - à juste titre - pour faire bouger un pays ankylosé. Il sera plus sélectif. Le sprinter donnera du temps au temps.
Pour se reconstruire, il sacrifiera à la logique éternelle d'un pouvoir qui veut durer : revenir vers les forces qui l'ont élu pour faire la politique pour laquelle il a été élu... Ce président qui a souvent froissé les agriculteurs leur promet maintenant de défier l'Europe au nom de la défense de la PAC. Au mépris, aussi, du fonctionnement des 27 qu'il connaît pourtant bien. Avec regret, peut-être. Mais, il le sait, il n'a plus le choix.

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