TOUT EST DIT

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jeudi 25 mars 2010

Pour Jouanno, «le Medef a planté la taxe carbone»

«Désespérée» par le report sine die de la taxe carbone, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie ne mâche pas ses mots et affirme vouloir continuer son combat pour l'écologie.

Chantal Jouanno est en colère. Dès mardi, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie avait été l'une des premières à réagir suite à l'annonce par François Fillon de l'abandon de la taxe carbone. Dans un accès de sincérité, elle s'était dite «désespérée de ce recul», affirmant «ne pas être en phase avec cette décision». La fronde avait continué mercredi, lorsque Chantal Jouanno s'était fait remarquer par son absence au premier conseil des ministres du gouvernement remanié. Peut-être pour ne pas entendre Nicolas Sarkozy affirmer dans une déclaration qu'une taxe carbone serait adoptée en France uniquement si l'Union européenne mettait en place une «taxe aux frontières» pour protéger l'agriculture et l'industrie. Le matin même, sur RTL, Chantal Jouanno s'était pourtant montrée pleine de confiance à l'égard du chef de l'Etat, assurant qu'«il ne va pas renoncer» et voyant en lui son «meilleur soutien pour l'écologie».

Jeudi, la secrétaire d'Etat pique une nouvelle colère dans une interview à Libération. «Si on attend que l'Europe prenne une décision, la taxe carbone sera reportée sine die. Nos élus et une partie de la société n'ont pas compris l'importance de l'écologie», lance-t-elle, amère. Parmi eux, le Medef, que Chantal Jouanno accuse d'avoir «planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. Est-ce que le Medef s'est ému des 2 milliards de bonus distribués aux banquiers ?». Mardi, la présidente de l'organisation patronale Laurence Parisot s'était dite «soulagée, notamment pour toute l'industrie qui n'aurait pas supporté ce nouveau handicap de compétitivité». Dans son réquisitoire, la secrétaire d'Etat met aussi en cause les «céréaliers intensifs», sans s'étendre sur le sujet.

«Je vais parler vrai»

Plus globalement, Jouanno voit dans le détricotage de cette mesure pourtant emblématique le triomphe de «la culture du pouvoir sur la culture de l'action» et juge qu'«on n'est pas complètement sorti d'une forme de monarchie. C'est le pouvoir de l'apparence : officiers de sécurité et gyrophares pour les ministres». Encore plus que l'abandon de la taxe carbone, c'est donc l'organisation même du système politique, ce «cycle permanent et répétitif», que Chantal Jouanno semble dénoncer. Une position difficile à tenir au sein d'un gouvernement.

Interrogée sur une éventuel départ de l'équipe de François Fillon, elle répond pourtant que «la démission est la dernière des solutions». La championne de karaté s'affiche en battante. «On est contraint d'accroître le combat. (…) Et j'ai l'obligation de porter début mai, devant le Parlement, le projet de loi Grenelle 2». Mais pas question pour autant de se taire. A l'avenir, Chantal Jouanno, qui était restée discrète au gouvernement jusqu'à sa candidature aux régionales en Ile-de-France, compte bien faire entendre sa voix : «Il me reste la parole. Je me ferai peut-être exploser mais ce n'est pas grave. Je vais juste parler vrai. Je préfère aller au bout. Je ne suis pas là pour faire de la provoc, mais pour porter la parole que l'écologie n'est l'otage d'aucun clan», explique-t-elle. Avant de conclure : «Quand je prends un coup, je me montre encore plus combative».

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