Les formes graves commencent à apparaître, mettent en garde les réanimateurs.
Comment convaincre des citoyens globalement peu motivés de se faire vacciner contre la grippe pandémique ? C'est l'équation complexe qu'ont désormais à résoudre la plupart des pays qui ont commencé leur campagne de vaccination. En dehors des États-Unis, où l'afflux de volontaires a entraîné un début de pénurie de vaccins ; les réticences ne faiblissent pas. En France, elles sont même à la hausse. Il y a un mois, 4 Français sur 10 envisageaient de se faire vacciner. Selon les derniers sondages, ils ne sont plus que 30 %, a révélé jeudi la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, lors d'un colloque scientifique consacré à la pandémie à Paris. «L'opinion est oublieuse de ce qu'ont changé les vaccins pour des maladies comme le tétanos, la diphtérie ou la polio. C'est une réaction de gosses de riches», a lancé la ministre, visiblement excédée par les rumeurs persistantes sur le manque de fiabilité des vaccins anti-H1N1.
Les spécialistes présents à cette journée avancent d'autres arguments pour expliquer le malaise actuel et légitimer la vaccination. Le Pr Claude Hannoun, l'un des spécialistes historiques des virus grippaux - il a commencé à travailler sur le sujet dans les années 1940 - souligne le caractère exceptionnel de la situation. «Ce virus H1N1 a fait le tour du monde en deux mois, trois fois plus vite que celui de la grippe pandémique de 1957, explique-t-il. En outre, ce nouvel agent grippal n'est pas comme les autres. Il s'accommode assez bien de températures clémentes contrairement à la majorité des virus grippaux, note Claude Hannoun. La recrudescence importante observée aux États-Unis doit aujourd'hui nous inciter à assurer une vaccination convenable.» Cette stratégie est aussi une évidence pour les cliniciens qui ont à prendre en charge des formes graves de la nouvelle grippe.
Extrapolant l'expérience australienne, les réanimateurs français se préparent à accueillir plus de 2 000 patients grippés en soins intensifs, dont beaucoup pour une pneumopathie sévère due directement au virus H1N1. «Pour nous, ce n'est plus de la science-fiction, les cas sévères ont déjà commencé. Ils seront peu nombreux, mais nécessiteront une lourde prise en charge», confirme le Pr Pierre Carli, chef du service de réanimation de l'hôpital Necker (Paris) et patron du Samu de Paris.
Les services de réanimation se sont organisés pour pouvoir augmenter les capacités en lits de soins intensifs, et ils ont formé leur personnel aux techniques de circulation extracorporelle. En effet, selon les prévisions nationales, 160 patients, peut-être plus, pourraient avoir besoin d'un tel traitement. Exceptionnelle pour les pneumopathies des grippes saisonnières, cette stratégie a été utilisée avec succès en Australie chez 68 malades qui ne répondaient pas aux techniques habituelles de réanimation. 80 % d'entre eux, parfois mourants, ont ainsi été sauvés, raconte le Pr Carli.
Pour illustrer ses propos, le Pr François Bricaire, du service des maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière (Paris), montre des radios de poumons prises la veille parmi les quatre malades hospitalisés en réanimation dans cet établissement. Sur les clichés, les poumons ne sont plus noirs (gorgés d'air) comme chez une personne saine mais complètement blancs. Ces images spectaculaires ont convaincu les infirmiers les plus sceptiques de se faire vacciner, selon François Bricaire.
Impliquer les médecins de famille
Dans un registre moins dramatique, le Dr Jean-Louis Bensoussan, généraliste à Toulouse et président des groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog), estime «qu'on peut encore gagner le pari de la vaccination». À condition, selon lui, d'impliquer activement les médecins de famille dans la campagne. Depuis cet été, plusieurs enquêtes et sondages ont montré que ces professionnels de santé (comme les autres catégories de médecins et de soignants) étaient aussi peu motivés ou méfiants que le grand public vis-à-vis des vaccins anti-H1N1. «Les généralistes ont mal vécu la période de mai-juin où on leur demandait d'envoyer tous les enfants fébriles dans des hôpitaux spécialisés, estime-t-il. Leur méfiance vient peut-être de cette période-là. Et le Dr Bensoussan d'insister. «Les campagnes de santé publique qui fonctionnent bien sont celles qui incluent les généralistes. On devrait pouvoir proposer à ceux qui le souhaitent de vacciner leur patientèle.»
La situation est encore plus tendue dans d'autres pays. En Allemagne, les révélations par la presse que les hauts fonctionnaires, les militaires et les responsables de la santé n'auraient pas le même vaccin que le reste de la population ont provoqué une polémique intense ces derniers jours. Pour calmer le jeu, la chancelière Angela Merkel a fait savoir qu'elle aurait recours au vaccin «commun» plutôt qu'à celui réservé aux «personnels essentiels». En Belgique, un collectif de citoyens a déposé un recours en référé devant la justice pour faire suspendre la campagne, bien que celle-ci soit comme ailleurs basée sur le volontariat.
Ça me parait bizarre quand même, pourquoi nous poussent-ils à la vaccination ? C'est une histoire de gros sous ? Ça coûte cher une campagne de vaccination.
dimanche 25 octobre 2009
H1N1 : des experts tentent d'inciter à la vaccination
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