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dimanche 11 novembre 2012
Une nouvelle guerre mémorielle
Une nouvelle guerre mémorielle
Le sujet sera-t-il abordé aujourd'hui à Rethondes par Jean-Marc Ayrault ?
La création d'une mission interministérielle unique coiffant les
commémorations des deux conflits mondiaux et la décision d'associer, en
2014, le centenaire du début de la guerre de 14-18 et le
soixante-dixième anniversaire du débarquement de Normandie de 1944, a
créé la polémique cet automne. La fronde est partie des rangs du PS, et
notamment d'Yves Daudigny, président PS du conseil général de l'Aisne.
Avec la crainte de voir la singularité de la Première Guerre mondiale
amoindrie par ce que certains historiens n'hésitent pas à qualifier de «
régression mémorielle ». Que les deux guerres mondiales aient un lien
dans le « court XXe siècle » qu'évoquait le grand historien britannique Eric John Ernest Hobsbawm dans son Âge des extrêmes, c'est une évidence. Mais
le centenaire du premier conflit mondial mérite, en soi, un traitement
spécifique. Surtout si l'on entend mobiliser sur tout le territoire
autour de cet événement. Et le sujet est particulièrement sensible en
Picardie et dans les autres régions qui furent en première ligne. L'an
passé, la volonté de Nicolas Sarkozy, le regard toujours tourné vers
l'Amérique, de créer un jour unique du souvenir, le 11 novembre, avait
déjà créé un certain remous et provoqué des critiques à gauche. À défaut
d'être revenu depuis sur ce « Memorial Day » bancal à la française, le
nouveau gouvernement pouvait, au moins, éviter de donner l'impression,
de participer à accentuer encore la confusion. Et cela même si, dans la
mémoire collective, on devrait continuer à distinguer le 8 Mai du 11
Novembre.
mardi 30 octobre 2012
La restauration de la TVA au menu
La restauration de la TVA au menu
Après les « pigeons » des start-up, les restaurateurs ? Le rapport que le socialiste Thomas Thévenoud remet aujourd'hui à la commission des finances de l'Assemblée suscite déjà l'émoi, même s'il conviendra ensuite au gouvernement et aux députés de trancher. Et même si le diagnostic du député de Saône-et-Loire est sans appel. Selon lui, la baisse de la TVA accordée en 2009 est en effet injustifiable au vu des promesses non tenues par la profession. Et sa formule sur « une subvention de 153 000 ¤ par emploi » porte assurément. Cette vieille promesse électorale de Jacques Chirac, argument clientéliste plus que priorité économique, a finalement été honorée par Nicolas Sarkozy. Mais sans jamais vraiment convaincre. De plus, cette revalorisation - qui faisait partie du programme de François Hollande - s'appuie sur un autre constat difficilement contestable : son coût insupportable pour les finances publiques. Reste à voir quelle sera la suite donnée à ce dossier. La fin de la TVA réduite dans la restauration n'a pas été inscrite dans le collectif budgétaire de juillet, ni dans le projet de loi de Finances 2013. Au mieux s'intégrera-t-il peut-être dans le futur « pacte de compétitivité » à venir. Sauf si le gouvernement préfère éviter d'ouvrir un nouveau front catégoriel En réplique, les restaurateurs annoncent déjà des suppressions d'emploi massives et une hausse des tarifs (après une baisse qui, elle, n'a jamais été très visible). Au moins la majorité pourra-t-elle, sans mal, plaider qu'il s'agit bien là d'un héritage du précédent gouvernement.
Après les « pigeons » des start-up, les restaurateurs ? Le rapport que le socialiste Thomas Thévenoud remet aujourd'hui à la commission des finances de l'Assemblée suscite déjà l'émoi, même s'il conviendra ensuite au gouvernement et aux députés de trancher. Et même si le diagnostic du député de Saône-et-Loire est sans appel. Selon lui, la baisse de la TVA accordée en 2009 est en effet injustifiable au vu des promesses non tenues par la profession. Et sa formule sur « une subvention de 153 000 ¤ par emploi » porte assurément. Cette vieille promesse électorale de Jacques Chirac, argument clientéliste plus que priorité économique, a finalement été honorée par Nicolas Sarkozy. Mais sans jamais vraiment convaincre. De plus, cette revalorisation - qui faisait partie du programme de François Hollande - s'appuie sur un autre constat difficilement contestable : son coût insupportable pour les finances publiques. Reste à voir quelle sera la suite donnée à ce dossier. La fin de la TVA réduite dans la restauration n'a pas été inscrite dans le collectif budgétaire de juillet, ni dans le projet de loi de Finances 2013. Au mieux s'intégrera-t-il peut-être dans le futur « pacte de compétitivité » à venir. Sauf si le gouvernement préfère éviter d'ouvrir un nouveau front catégoriel En réplique, les restaurateurs annoncent déjà des suppressions d'emploi massives et une hausse des tarifs (après une baisse qui, elle, n'a jamais été très visible). Au moins la majorité pourra-t-elle, sans mal, plaider qu'il s'agit bien là d'un héritage du précédent gouvernement.
dimanche 14 octobre 2012
Un manque de désir au Parti socialiste
Un manque de désir au Parti socialiste
Un vrai sabotage. Ou plutôt un sabordage. En un an, le PS a réussi à
faire disparaître l'enthousiasme - fut-il ambigu - des Primaires. En
octobre dernier, près de trois millions de Français s'étaient déplacés
pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle. Première
impulsion d'une dynamique qui allait conduire François Hollande à
l'Elysée. Ce jeudi, à peine la moitié des militants - quelque 80 000
personnes - sont allés voter sur les motions devant permettre de
désigner le nouveau Premier secrétaire de leur parti. L'arrangement
estival entre Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, autour d'une « motion
de soutien à François Hollande » réunissant tous les poids lourds du
gouvernement et les éléphants du PS avait certes verrouillé l'issue de
ce vote, devenu sans nul autre enjeu... que celui du score obtenu par
Harlem Désir. Or, même cet objectif-là n'est pas franchement atteint.
Alors que cette motion majoritaire était pronostiquée au départ à 90 %,
elle n'atteint pas les 70 % de votants (voire à peine 65 %, par exemple,
dans la Somme). A contrario, l'aile gauche du PS - promise à la
marginalisation - obtient un honorable 13,4 %, auxquels s'ajoutent les
12 % plus inattendus de la motion des « indignés » de Stéphane Hessel.
La direction du PS peut certes tenter de positiver et de voir là une
preuve de vivacité dans l'unité - ou l'inverse - c'est bien un Premier
secrétaire bien mal élu qui sortira du congrès de Toulouse à la fin du
mois. Ce qui n'est pas non plus une bonne nouvelle pour l'Elysée ou
Matignon.
dimanche 30 septembre 2012
Valls sans hésitation
Dans une rentrée gouvernementale plombée par les dossiers sociaux, un
budget de rigueur et l'adoption du Traité européen, un ministre demeure
immaculé, voire accroît sa popularité : Manuel Valls. Son ascension n'a
pourtant rien d'évident, vu le contexte. Et au vu de son propre
itinéraire. Voilà douze mois, c'était un concurrent minoritaire de
François Hollande aux primaires du PS. Battu, il réussit un premier
rétablissement en squeezant les « hollandais » historiques pour devenir
l'un des hommes forts de la campagne présidentielle, directeur de la
communication omniprésent. Nouvelle réussite lors de l'attribution des
maroquins ministériels, où il devance un autre « hollandais », François
Rebsamen. Depuis son arrivée place Beauvau, il a soigné sa différence -
et sa marque - via l'abandon du récépissé de contrôle pour les
policiers, la poursuite des expulsions de roms ou à une récente sortie
contre les « intégristes musulmans ». Sans tomber dans la « paresse
intellectuelle » - qu'il dénonce dans l'interview qu'il nous accorde ce
jour - consistant à le classer « à droite », il faut convenir que son
positionnement singulier se renforce. Celui qui s'est affiché «
blairiste », paraît mêler le rocardisme de ses origines à un
républicanisme qui renvoie plus à un Clémenceau qu'aux figures
classiques du panthéon de la gauche. Son engagement à rendre la gauche «
plus efficace que la droite en matière de sécurité » a valeur de ligne
politique. Il peut aussi être pris comme un challenge face à l'un de ses
prédécesseurs à l'Intérieur à qui son parcours fait de plus en plus
songer : Nicolas Sarkozy. Pas sûr que cela lui déplaise tant que ça.
mercredi 26 septembre 2012
Sanofi ou ça suffit ?
La rumeur qui bruissait est devenue officielle. Sanofi a bien
l'intention de se séparer de près d'un millier de salariés d'ici 2012.
Un chiffre plancher selon les syndicats, qui craignent un chiffre plus
élevé encore. Un cas d'école et une nouvelle épine pour le gouvernement.
Comme pour PSA Aulnay en juillet, Arnaud Montebourg a encore dénoncé un
plan « inacceptable », mais sans aucun engagement concret à annoncer.
Hier, son cabinet se félicitait plutôt que le groupe pharmaceutique ait «
suivi les recommandations du gouvernement » en réduisant l'ampleur des
suppressions de postes - de 1 371 à 900. La marge d'action du ministère
du Redressement productif est désormais connue : 34,5 %. Une avancée,
certes, et qui, vu le sujet, n'incite pas particulièrement à l'ironie.
Reste que, plus encore que pour Peugeot - en réelles difficultés
économiques - ce plan social apparaît difficilement justifiable d'un
point de vue politique. Le champion tricolore, en passe de devenir le
leader mondial de la pharmacie, affichait 5,7 milliards d'euros de
bénéfices en 2011. En partie grâce à cette stratégie de restructurations
massives qui a valu à son PDG de se faire traiter de « patron voyou »
par le maire socialiste de Toulouse, qui craint pour l'avenir du centre
de recherche de Sanofi implanté dans sa ville. Ce nouveau dossier remet
aussi la pression sur le gouvernement afin qu'il légifère contre les
licenciements boursiers. Un engagement de François Hollande lors de la
primaire du PS, repris, en juin, par Montebourg. Mais une promesse qui
ne paraît plus être à l'ordre du jour.
jeudi 20 septembre 2012
Caricatures et liberté d'expression
Après la vidéo, les dessins. S'agissant du numéro de Charlie hebdo et
des « caricatures de Mahomet », il y a même un petit air de redite,
après les caricatures danoises en 2006 et la « une » de 2011 ayant donné
prétexte à un attentat. Opportuniste, cette initiative l'est sans doute
(la rupture de stock assortie d'une réédition dès demain confortera
cette opinion) ; inopportune en raison du contexte actuel voire «
irresponsable », c'est plus discutable. C'est en effet l'objet même d'un
magazine satirique que
de faire dans la satire ! Avec, pour chacun, le
loisir d'en apprécier ou pas le contenu, de trouver le dessin de
mauvais goût ou pas drôle, ou l'idée affligeante ; et, en dernier
ressort, de ne pas l'acheter, ni le lire. L'attitude ambivalente de
certains politiques hier - jusqu'à la Maison-Blanche ! - apparaît en
revanche plus surprenante. Dans une démocratie laïque, la liberté
d'expression est l'une des bases de la société. Cette liberté est
totale, sauf à ne plus être qu'une caricature dénaturée, justement. Par
ailleurs, le délit de blasphème n'existe plus en France : la République
se doit de protéger les atteintes aux personnes, pas aux croyances. Elle
donne la possibilité de faire des caricatures comme celui d'exprimer
son mécontentement à l'égard de celles-ci. Dans les limites du droit, à
chaque fois. Mais il faudrait aussi redonner sa réelle dimension,
relative, à cette « affaire ». Ainsi, ce même mercredi, c'est dans une
quasi indifférence que le Traité européen et sa règle d'or, aux
conséquences pourtant plus fortes pour l'avenir du pays, ont été
présentés au conseil des ministres...
lundi 3 septembre 2012
Vincent Peillon garde la morale
C'est le supplément d'âme (laïque) imprévu de cette rentrée. La volonté affichée hier par Vincent Peillon de dépasser la seule « instruction civique » pour insuffler une « morale laïque » aux élèves et le rappel qu'une « refondation de l'école républicaine » - autre objectif du ministre - passe par le retour de valeurs donnent de la hauteur à un dossier scolaire qui, ces dernières rentrées, se réduisait à compter les postes d'enseignants manquants Mais l'affirmation de la nécessité d'un « réarmement moral » de l'école - difficilement contestable dans ses intentions - pose problème. Du côté de l'enseignement privé catholique déjà, où le terme de « laïcité » fait figure de chiffon rouge. À l'inverse, c'est la « morale » et ses relents de moralisme qui pourraient faire tiquer dans le camp laïque et à gauche. Le ministre philosophe, spécialiste des socialistes utopiques du XIXe siècle, qui est allé peut-être chercher son concept chez Durkheim et son cours sur l'éducation morale (1902), y trouvera sans doute matière à s'inscrire dans le sillon des hussards noirs de la République et à s'asseoir dans le fauteuil de Jules Ferry (que Hollande avait déjà récupéré pour son premier discours présidentiel, malgré les ambiguïtés du personnage). Accessoirement, cette annonce a aussi l'avantage de sortir du débat sur les seuls « moyens » alloués à l'Éducation nationale et de ne pas coûter cher. Mais demain, cette grande ambition intellectuelle et politique (ou cette diversion) s'effacera devant les difficultés concrètes et immédiates de la rentrée scolaire.
C'est le supplément d'âme (laïque) imprévu de cette rentrée. La volonté affichée hier par Vincent Peillon de dépasser la seule « instruction civique » pour insuffler une « morale laïque » aux élèves et le rappel qu'une « refondation de l'école républicaine » - autre objectif du ministre - passe par le retour de valeurs donnent de la hauteur à un dossier scolaire qui, ces dernières rentrées, se réduisait à compter les postes d'enseignants manquants Mais l'affirmation de la nécessité d'un « réarmement moral » de l'école - difficilement contestable dans ses intentions - pose problème. Du côté de l'enseignement privé catholique déjà, où le terme de « laïcité » fait figure de chiffon rouge. À l'inverse, c'est la « morale » et ses relents de moralisme qui pourraient faire tiquer dans le camp laïque et à gauche. Le ministre philosophe, spécialiste des socialistes utopiques du XIXe siècle, qui est allé peut-être chercher son concept chez Durkheim et son cours sur l'éducation morale (1902), y trouvera sans doute matière à s'inscrire dans le sillon des hussards noirs de la République et à s'asseoir dans le fauteuil de Jules Ferry (que Hollande avait déjà récupéré pour son premier discours présidentiel, malgré les ambiguïtés du personnage). Accessoirement, cette annonce a aussi l'avantage de sortir du débat sur les seuls « moyens » alloués à l'Éducation nationale et de ne pas coûter cher. Mais demain, cette grande ambition intellectuelle et politique (ou cette diversion) s'effacera devant les difficultés concrètes et immédiates de la rentrée scolaire.
Et il faudra pour le
ministre garder, aussi, le moral.
dimanche 15 juillet 2012
Les limites de la méthode Hollande
Hier, François Hollande n'a pas seulement renoué avec la tradition des entretiens du 14 juillet. Il l'a fait aussi avec la méthode de sa campagne électorale : pas d'annonces tonitruantes (la seule révélation étant le nom de Lionel Jospin pour présider la commission sur la moralisation de la vie politique ; choix difficilement criticable), un rappel de ses engagements, un ton apaisant, un style simple et direct. Bref, un parfait exemple de politique modeste en « rupture » avec son prédécesseur. Le président était, avant tout, attendu sur le dossier PSA. Il a fait montre d'une fermeté inhabituelle dans un discours présidentiel (assurant que le plan était « inacceptable dans l'état »). Une même forme de clarté a prévalu sur les questions fiscales ou internationales ou sur l'équipe de France de foot. Mais c'est sur l'Europe que la méthode Hollande a révélé ses limites. Et que son volontarisme a laissé percer la simple stratégie de communication. Affirmer avoir « renégocié le traité », quand on lui a juste ajouté un « pacte de croissance » nettement moins contraignant et que ce pacte budgétaire européen sera ratifié « dans l'état » (lui), cela tient de l'enrobage politique. Il en de même avec l'affirmation sur la « règle d'or », qui ne sera pas dans la Constitution Posture formelle, quand les conséquences de celle-ci pèseront de la même façon sur les marges de manuvres de l'État. Depuis vingt ans, l'Europe a été le révélateur d'une certaine impuissance des socialistes à changer le cours des choses. Hier, ce chapitre pouvait faire peser le doute sur la réalité des mesures prises dans les autres domaines.
Hier, François Hollande n'a pas seulement renoué avec la tradition des entretiens du 14 juillet. Il l'a fait aussi avec la méthode de sa campagne électorale : pas d'annonces tonitruantes (la seule révélation étant le nom de Lionel Jospin pour présider la commission sur la moralisation de la vie politique ; choix difficilement criticable), un rappel de ses engagements, un ton apaisant, un style simple et direct. Bref, un parfait exemple de politique modeste en « rupture » avec son prédécesseur. Le président était, avant tout, attendu sur le dossier PSA. Il a fait montre d'une fermeté inhabituelle dans un discours présidentiel (assurant que le plan était « inacceptable dans l'état »). Une même forme de clarté a prévalu sur les questions fiscales ou internationales ou sur l'équipe de France de foot. Mais c'est sur l'Europe que la méthode Hollande a révélé ses limites. Et que son volontarisme a laissé percer la simple stratégie de communication. Affirmer avoir « renégocié le traité », quand on lui a juste ajouté un « pacte de croissance » nettement moins contraignant et que ce pacte budgétaire européen sera ratifié « dans l'état » (lui), cela tient de l'enrobage politique. Il en de même avec l'affirmation sur la « règle d'or », qui ne sera pas dans la Constitution Posture formelle, quand les conséquences de celle-ci pèseront de la même façon sur les marges de manuvres de l'État. Depuis vingt ans, l'Europe a été le révélateur d'une certaine impuissance des socialistes à changer le cours des choses. Hier, ce chapitre pouvait faire peser le doute sur la réalité des mesures prises dans les autres domaines.
samedi 14 juillet 2012
Tweetweiller, épisode 2
Alors qu'il renoue avec le traditionnel entretien du 14 juillet,
François Hollande songera peut-être à la citation de ce roi macédonien
(souvent attribuée à Voltaire) : « Gardez-moi de mes amis ! mes ennemis,
je m'en charge ! ». À moins qu'il ne se remémore la fameuse harangue de
Gide : « Famille je vous hais. » Président « normal », le nouvel
occupant de l'Élysée a, de fait, pour l'instant, surtout des problèmes
de « gens normaux ». À chaque sortie officielle, il se ramasse la pluie,
au point d'avoir déjà le surnom de « Rain Man » aux États-Unis
Et,
surtout, comme nombre de pères de famille recomposée, il doit gérer les
états d'âme et tensions familiales. Seule différence, ceux-ci occupent
la scène médiatique. Ainsi du fameux « tweet » de Valérie Trierweiller,
dont l'onde de choc avait paru s'éteindre, tandis que la journaliste se
faisait particulièrement discrète. Mais la polémique a été bruyamment
relancée par les propos prêtés à Thomas Hollande - puis maladroitement
démentis par ce dernier. Une attaque en règle contre le « facteur
d'instabilité », que présenterait cette dernière pour le Président, rien
de moins. Il serait pour le moins injuste qu'un tel « buzz »
anecdotique plombe l'image de François Hollande. Car il s'est efforcé,
plutôt avec talent depuis le 6 mai, de restaurer le statut présidentiel
et une plus correcte répartition des rôles avec son gouvernement. Mais
les débuts de Nicolas Sarkozy, voilà cinq ans sont là pour rappeler que
c'est aussi - et parfois surtout - à de tels détails que les présidents
seront jugés. Prisme déformant, mais qui impose une vigilance plus que
normale.
L'Etat ne peut pas tout, mais...
Bien qu'attendue, la confirmation par PSA de la fermeture de son usine
d'Aulnay et de la suppression de 8 000 postes, a néanmoins provoqué un «
véritable choc », selon la formule du Premier ministre. Les arguments
économiques ne manquent pas à PSA pour justifier le départ programmé
d'un salarié sur huit de leurs sites français d'ici 2014 : un fort recul
des ventes (en partie lié à l'effet d'aubaine de la « prime à la casse »
qui a artificiellement dopé le marché), une rentabilité insuffisante,
une délocalisation jusqu'ici plus limitée que le concurrent Renault, une
surcapacité de production, un positionnement pas assez ciblé, etc. Le
tout sur fond de déclin continu de la production automobile française.
Face à cela, le pouvoir politique s'est voulu réactif hier. Jean-Marc
Ayrault demandant une « concertation sans délai » et François Hollande
faisant part de sa « vive préoccupation ». Des propos qui tranchent avec
ceux qui furent reprochés à Lionel Jospin, en 2000, lorsqu'il annonça
chez Michelin que « l'État ne peut pas tout ». L'impuissance politique
n'est pas forcément moins forte aujourd'hui qu'hier... ce qui « ne veut
pas dire que l'État ne peut rien » (pour compléter la citation
jospinienne souvent tronquée). Ainsi, la déclaration d'Arnaud Montebourg
affirmant le gouvernement « n'accepterait pas le plan en l'état » a
fait replonger le titre PSA en bourse - action qui s'était envolée après
l'annonce des licenciements... Mais, au-delà de la présentation, le 25
juillet, d'un plan de soutien à la filière, et après le sinistre
précédent de Renault-Vilvorde de 1997, le gouvernement socialiste est de
nouveau placé face à ses responsabilités.
mardi 3 juillet 2012
L'heure des comptes
C'est une figure de style de tous les débuts de mandat : la mise en
cause du bilan, forcément mauvais, laissé par la majorité sortante.
François Hollande avait même officialisé l'argument durant sa campagne,
en faisant de l'audit de la Cour des comptes sur l'état des finances
publiques, le point de départ de son action et des réévaluations
éventuelles de ses promesses électorales. Remis hier au Premier
ministre, le rapport avait été précédé d'une - classique - passe d'armes
droite-gauche. Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac pointant des
dépenses budgétées sans financement par l'équipe Fillon, et la droite
enfourchant le cheval du matraquage fiscal annoncé
oubliant un peu vite
son projet de TVA sociale et les quelques autres hausses qui étaient
inscrites dans le dernier exercice budgétaire. Mais Didier Migaud,
premier président de la Cour des comptes (et pourtant ancien député PS)
s'est gardé de tout réquisitoire contre le précédent gouvernement. Il a
en revanche évoqué une dérive financière qui, si elle pourra être
contenue cette année, appelle des mesures strictes pour l'an prochain.
C'est désormais au Premier ministre, aujourd'hui, dans sa déclaration de
politique générale, de commencer à indiquer le cap qui sera pris. Le
débat n'est plus entre rigueur de gauche et austérité de droite, mais
bien sûr le sens politique des mesures de redressement qui seront
prises. Notamment en terme de justice sociale. Il s'agira moins d'être
habile que sincère, et faire preuve de conviction plutôt qu'uvre de
communication. Sinon le désaveu risque, lui aussi, de croître.
dimanche 24 juin 2012
Plus si verts
En matière environnementale, le gouvernement se met aussi au recyclage,
avec un deuxième ministre de l'Écologie en moins de deux mois. Exit
Nicole Bricq. Bonjour Delphine Batho, exfiltrée du ministère de la
Justice. Considérée comme sérieuse et bûcheuse, cette dernière est plus
connue pour ses compétences sur les questions de sécurité que pour sa
fibre écologiste. Et cette proche de Ségolène Royal doit, de fait,
surtout sa promotion à la nécessité de régler les incompatibilités
d'humeur avec Christiane Taubira, son ex-ministre de tutelle... et à la
volonté de conforter la présidente de Poitou-Charente après son échec à
La Rochelle. En prenant la décision d'attribuer le portefeuille de
l'écologie à un(e) socialiste, le gouvernement marquait sa volonté de «
dé-ghettoïser » la question environnementale et d'en faire un sujet
prioritaire. Là, il donne un signal inverse. Effet renforcé par le
camouflet subi par Nicole Bricq sur la question de la reprise des
forages pétroliers au large de la Guyane... Pour autant, les écologistes
ne sont pas exempts de reproches. Paradoxalement, le renforcement
d'Europe Écologie à l'Assemblée pourrait se traduire par une diminution
de leur singularité. Leur « liberté de vote » est déjà remise en cause.
Et les propos de Daniel Cohn-Bendit, hier dans Libération, déplorant
l'arrivisme des leaders verts, pour vachards qu'ils soient, n'en mettent
pas moins l'accent sur l'institutionnalisation accélérée du mouvement,
soupçonné d'avoir vendu son âme contre un plat de lentilles, même pas
bio. Pour Pascal Durand aussi, qui succède à Cécile Duflot, ce week-end,
le plus dur commence...
dimanche 17 juin 2012
Fin de campagne, début de mandat
Cette semaine d'entre deux-tours n'aura pas été de nature à modifier les
grandes tendances politiques de ce printemps - entre tweet impromptu de
Valérie Trierweiler, frénésie d'état-major pour sauver le soldat Royal,
et, hier, Nadine Morano piégée par un canular de Gérald Dahan... Seule
évolution lourde, qui se confirme : la radicalisation de l'électorat UMP
et le glissement de la formation de Jean-François Copé vers des «
valeurs » de plus en plus partagées avec l'extrême droite. Pour le
reste, ces législatives sont bien parties pour n'être qu'un scrutin de
validation de la présidentielle. Effet mécanique du passage au
quinquennat... Et confirmation de la logique des électeurs qui, après
avoir fait le choix du nouvel occupant de l'Élysée, vont lui donner les
moyens parlementaires de mettre en uvre sa politique. Les projections
en siège - dont celle de BVA que nous publions ce jour - traduisent une
large majorité à la gauche. Voire même une majorité absolue au Parti
socialiste et à ses satellites du MRC et du PRG. De quoi faciliter la
tâche du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, libéré de l'obligation de
négocier avec les plus encombrants alliés d'Europe Écologie, voire avec
les élus du Front de gauche. S'ils se voit effectivement libéré de cette
contrainte, le PS devra, en revanche, être vigilant à tout excès
d'arrogance. L'abstention - qui relativise l'ampleur réelle de
l'adhésion à son programme - et les nuages qui s'annoncent, en matière
budgétaire comme européenne, font que cette majorité, même large, n'aura
en aucun cas « carte blanche ». Pour elle, le plus dur commencera
lundi.
dimanche 10 juin 2012
Cent milliards d'euros au soleil
Il n'est désormais plus question de se demander si l'Espagne va faire appel à l'aide européenne. Et si hier, les annonces évoquant un prêt pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, visaient à dédramatiser le plus possible la mesure, il n'en reste pas moins qu'un quatrième pays de la zone euro ne peut faire autrement qu'afficher sa faiblesse. La volonté farouche du gouvernement de Madrid de tenter de s'en sortir seul a atteint ses limites. Tout comme son système bancaire. Cette fois, contrairement à la Grèce ou au Portugal, la crise ne vient pas d'une gestion trop « laxiste » de la dette publique, mais des conséquences de la bulle immobilière des années 2000, spéculation qui a plombé les établissements bancaires d'actifs douteux. Comme un parfum de retour aux origines de la crise initiale des subprimes américaines d'il y a quatre ans... Et, une fois encore, il va falloir « sauver les banques » afin d'éviter un krach plus dévastateur encore... La solidarité entre états de l'Union est donc indispensable. Car un embrasement de la quatrième puissance de la zone euro pourrait cette fois provoquer une vraie crise systémique dont aucun pays ne ressortirait indemne. Mais, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, avec une Allemagne les pieds sur le frein et une commission de Bruxelles hors du coup - sinon pour admonester la France en exigeant d'elle une politique plus libérale - le système européen continue de vaciller. Au-delà des mesures d'urgence immédiates, c'est bien un destin politique commun qu'il faudra parvenir à bâtir. Et celui-ci ne pourra se faire sans les peuples.
Il n'est désormais plus question de se demander si l'Espagne va faire appel à l'aide européenne. Et si hier, les annonces évoquant un prêt pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, visaient à dédramatiser le plus possible la mesure, il n'en reste pas moins qu'un quatrième pays de la zone euro ne peut faire autrement qu'afficher sa faiblesse. La volonté farouche du gouvernement de Madrid de tenter de s'en sortir seul a atteint ses limites. Tout comme son système bancaire. Cette fois, contrairement à la Grèce ou au Portugal, la crise ne vient pas d'une gestion trop « laxiste » de la dette publique, mais des conséquences de la bulle immobilière des années 2000, spéculation qui a plombé les établissements bancaires d'actifs douteux. Comme un parfum de retour aux origines de la crise initiale des subprimes américaines d'il y a quatre ans... Et, une fois encore, il va falloir « sauver les banques » afin d'éviter un krach plus dévastateur encore... La solidarité entre états de l'Union est donc indispensable. Car un embrasement de la quatrième puissance de la zone euro pourrait cette fois provoquer une vraie crise systémique dont aucun pays ne ressortirait indemne. Mais, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, avec une Allemagne les pieds sur le frein et une commission de Bruxelles hors du coup - sinon pour admonester la France en exigeant d'elle une politique plus libérale - le système européen continue de vaciller. Au-delà des mesures d'urgence immédiates, c'est bien un destin politique commun qu'il faudra parvenir à bâtir. Et celui-ci ne pourra se faire sans les peuples.
dimanche 29 avril 2012
Les affaires reprennent
Boules puantes. C'est ainsi que l'on résumera, dans le camp de
l'actuelle majorité, les derniers rebondissements de la thèse du complot
politique destiné à faire chuter DSK et des nouveaux soupçons de
financement par la Libye de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Dans
le premier cas, aucune révélation, en fait. L'article paru dans le
Guardian, tout comme le livre à paraître aujourd'hui ne font que
reprendre la thèse déjà évoquée d'un Dominique Strauss-Kahn victime
d'une machination. En l'absence d'éléments probants, cela n'est pas de
nature à effacer les autres faits qui sont reprochés pour l'heure à DSK.
Et ce nouvel épisode de ce désormais trop long et mauvais feuilleton
est plutôt de nature à desservir les intérêts du candidat socialiste. La
publication par le site Mediapart, hier, d'un document attribué à un
ex-dignitaire libyen affirmant que Tripoli avait accepté d'apporter « 50
millions d'euros » pour la précédente campagne présidentielle de
Nicolas Sarkozy est, elle, d'une autre nature. En soi, il ne paraît pas
apporter la preuve d'un financement effectif, mais pour le moins - sauf à
ce que son authenticité soit remise en cause - la trace d'un lien entre
l'entourage du candidat UMP et celui de Mouammar Kadhafi. Un élément
troublant supplémentaire, après l'information - avancée par
l'ex-patronne d'Areva - du projet du gouvernement français de vendre une
centrale nucléaire civile au régime du dictateur libyen... Face à la
gravité de cette accusation, c'est à la justice de faire la lumière sur
une affaire qu'il est difficile de juger « ridicule ».
Et qui reflète un climat de fin de règne.
(Ça, c'est moins sûr)
Et qui reflète un climat de fin de règne.
(Ça, c'est moins sûr)
vendredi 13 avril 2012
L'ère du speed-dating politique
Avec ses deux soirées, France 2 a inauguré le speed-dating de la
présidentielle : 1/4 d'heure pour convaincre. On pourra y voir une
concession de plus au show- business - mais acter la réussite de la
chaîne d'être parvenue à faire participer les dix candidats, car les
deux favoris des sondages n'avaient rien à gagner à descendre dans
l'arène ; et François Hollande comme Nicolas Sarkozy ont été tous deux
plutôt en retrait... Pas de grand débat donc, ni de révélations. Plutôt
un petit oral qui a permis en revanche à certains de retoucher une
image, d'ancrer un positionnement, voire de s'imposer enfin. À ce petit
jeu, c'est Philippe Poutou qui « ne se rêve pas président », avec son
profil ouvrier, très nature, qui a crevé l'écran. Dans un registre plus
doctrinal, Nathalie Arthaud s'est révélée, elle, en digne clone
d'Arlette Laguiller. Les autres n'auront pas forcément marqué des
points. Nicolas Dupont-Aignan, en gaulliste patriote, a bordé son
terrain contre l'Europe libérale ; Eva Joly avec ses nouvelles lunettes
vertes a été sérieuse et parfois cinglante mais sans parvenir à créer
d'engouement. Marine Le Pen s'est replacée à l'extrême droite toute et
Jacques Cheminade a confirmé un positionnement... nébuleux. Plus
attendu, François Bayrou a été clair sur ses thèmes forts (la rigueur et
le made in France) mais d'une façon plutôt terne. Enfin Jean-Luc
Mélenchon a fait montre de son aisance et sa maîtrise, qui ne
surprennent plus. Reste qu'une émission ne fait pas l'élection. Le
sondage que nous publions ce jour montre ainsi François Hollande en
forte hausse, Nicolas Sarkozy en panne et le retour du FN en troisième
place.
mercredi 11 avril 2012
En banlieue de la République
C'est la « séquence banlieues » de la présidentielle. Le 1er avril,
Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche tenaient meeting à Grigny. En
fin de semaine, François Hollande effectuait son marathon entre Vaux-
en-Velin et la banlieue parisienne après un détour à Creil. Et hier,
Nicolas Sarkozy, faisait donc une visite surprise à Drancy, en
Seine-Saint-Denis. Occasion pour le président-candidat de tacler
François Hollande et la gauche, accusés de n'avoir « jamais investi un
centime dans les banlieues », au contraire de son gouvernement... Une
mauvaise querelle (d'autant que le fameux plan banlieues porté par
Fadela Amara après 2007 s'est avéré nettement plus modeste qu'annoncé),
car, en trente ans de « politique de la ville », droite et gauche au
pouvoir ne sont pas mieux parvenues à sortir les zones défavorisées de
leur dépression et à faire disparaître les « ghettos ». À ces
difficultés concrètes à faire évoluer la réalité économique et sociale,
s'ajoute une méconnaissance de ces banlieues de la République, trop
souvent pensées dans une logique d'instrumentalisation sécuritaire. La
discrétion de la visite-éclair du candidat de l'UMP, hier, s'expliquait
d'ailleurs aussi peut- être par la persistance dans les mémoires de
l'épisode du « Kärcher » de 2005, qui avait rendu l'ex-ministre de
l'Intérieur personna non grata dans les quartiers... Faut-il donc que
les banlieues s'embrasent, comme en 2005, pour que le sujet s'impose
dans le champ de la présidentielle suivante ? Cette fois, tout laisse à
penser qu'il restera encore à la marge. Et c'est aussi dans ces
territoires que l'abstention risque d'être la plus forte.
lundi 9 avril 2012
L'instrumentalisation de l'islam
L'islam devient objet de tous les amalgames en période électorale ou
lorsqu'un événement fait ressurgir le « péril islamiste ». Plus encore
quand les deux actualités se percutent. Ainsi, depuis l'affaire Merah,
a-t-on assisté à des opérations spectaculaires contre de présumés
djihadistes (dont la dernière s'est finie par la remise en liberté de
tous les interpellés sans qu'aucune charge ne soit retenue). Dans le
même temps, le gouvernement frappait d'interdiction d'entrée sur le
territoire plusieurs orateurs attendus au rassemblement de l'Union des
organisations islamiques de France (UOIF). Et Nicolas Sarkozy mettait en
garde publiquement cette fédération conservatrice et proche des Frères
musulmans. Une fermeté qui ressemble fort à de l'opportunisme, venant de
l'ancien ministre de l'Intérieur qui voulait faire de l'UOIF un
interlocuteur privilégié, du temps où il comptait sur les imams pour «
pacifier les banlieues ». Et une intransigeance anachronique, alors que
l'association est en phase de notabilisation et d'affaiblissement face à
des salafistes plus radicaux qu'elle. Les thèses intégristes doivent
bien sûr être combattues sans relâche, et l'image d'orateurs parlant
devant une salle où hommes et femmes voilées sont séparés a de quoi
heurter (en n'oubliant pas que l'église catholique avait, il n'y a pas
si longtemps, des exigences assez similaires). Il est facile d'agiter le
chiffon rouge - où plutôt vert - mais si Tariq Ramadan est suspect de
double langage, ses mots d'hier, appelant les politiques à « unir la
France plutôt qu'à la diviser », avaient la force du bon sens. Et les
musulmans, comme les autres, ont le droit à l'indifférence.
NON ET NON, LES EXCÈS DES MUSULMANS TANT DANS LEURS EXTRÊMISMES QUE DANS LEUR COMPORTEMENT SOCIAL, FONT QU'UNE MAJORITÉ DE FRANÇAIS VOMIT CET ABSOLUTISME.
lundi 2 avril 2012
Abstention, piège à cons ?
Après le vote « utile » et l e vote « efficace »... au moins le vote. Hier, François Hollande a mis l'accent sur un élément jusqu'ici absent du discours des candidats : l'abstention. Au-delà de l'argument tactique visant à remobiliser son électorat, le candidat socialiste a bien résumé l'enjeu : « Bien plus que la dispersion, c'est l'abstention qui est le risque dans cette élection présidentielle. » La part d'incertitude est encore grande en effet, tout comme la volatilité des électeurs et, surtout, un parfum de désintérêt paraît flotter sur cette campagne présidentielle. Loin de l'ambiance de 2007 où, chacun à leur façon, les principaux candidats avaient su capter l'air du temps et y insuffler leur vision. Or, ces derniers jours, seul le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon est apparu capable de mobiliser les foules - de la Bastille à Lille avant Toulouse ce jeudi - et d'aller, semble-il, chercher les abstentionnistes, grâce à la lisibilité de son positionnement. Or, si cet appel de François Hollande à lutter contre l'abstentionnisme est civiquement salutaire, il reste politiquement léger. Ce n'est pas sur le mode incantatoire que les électeurs seront ramenés vers les urnes. Le désenchantement actuel peut aussi s'expliquer par un manque d'appétence à l'égard d'une élection-zapping, où les « séquences » s'enchaînent sans cohérence, trop souvent réduite au seul « duel » entre un candidat qui n'enthousiasme pas assez et l'autre qui suscite trop le rejet. Si la perspective d'un 22 avril 2002 bis - conséquence d'une abstention record - n'est pas la plus probable, elle rappelle que l'abstention peut parfois se terminer en piège à cons.
Après le vote « utile » et l e vote « efficace »... au moins le vote. Hier, François Hollande a mis l'accent sur un élément jusqu'ici absent du discours des candidats : l'abstention. Au-delà de l'argument tactique visant à remobiliser son électorat, le candidat socialiste a bien résumé l'enjeu : « Bien plus que la dispersion, c'est l'abstention qui est le risque dans cette élection présidentielle. » La part d'incertitude est encore grande en effet, tout comme la volatilité des électeurs et, surtout, un parfum de désintérêt paraît flotter sur cette campagne présidentielle. Loin de l'ambiance de 2007 où, chacun à leur façon, les principaux candidats avaient su capter l'air du temps et y insuffler leur vision. Or, ces derniers jours, seul le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon est apparu capable de mobiliser les foules - de la Bastille à Lille avant Toulouse ce jeudi - et d'aller, semble-il, chercher les abstentionnistes, grâce à la lisibilité de son positionnement. Or, si cet appel de François Hollande à lutter contre l'abstentionnisme est civiquement salutaire, il reste politiquement léger. Ce n'est pas sur le mode incantatoire que les électeurs seront ramenés vers les urnes. Le désenchantement actuel peut aussi s'expliquer par un manque d'appétence à l'égard d'une élection-zapping, où les « séquences » s'enchaînent sans cohérence, trop souvent réduite au seul « duel » entre un candidat qui n'enthousiasme pas assez et l'autre qui suscite trop le rejet. Si la perspective d'un 22 avril 2002 bis - conséquence d'une abstention record - n'est pas la plus probable, elle rappelle que l'abstention peut parfois se terminer en piège à cons.
dimanche 1 avril 2012
Hollande doit reprendre des couleurs
Partir sous les tropiques pour reprendre des couleurs ? La visite de
François Hollande ce week-end à la Réunion et à Mayotte n'a rien d'un
séjour de vacances. Mais elle apporte un bol d'air à un candidat qui a
vu toute cette semaine, la progression persistante de Jean-Luc
Mélenchon. Si les « communistes n'existent plus en France », comme avait
cru bon de lâcher le candidat du PS au Guardian, les partisans du
candidat du Front de Gauche (auquel le PCF apporte le poids principal)
apparaissent bien de plus en plus nombreux. Et la campagne
présidentielle, qui avait pu être envisagée comme un référendum
anti-Sarkozy, est bousculée par cette naissance, à gauche du PS, d'un
espoir d'alternative qui ne se réduise pas à une simple alternance
gestionnaire. D'où les appels récents de hiérarques socialistes au vote
efficace et à l'impérieuse nécessité du rassemblement. Avec la
difficulté de ne pas insulter l'avenir, ni surtout les électeurs du
Front de Gauche
Instrumentalisée par l'UMP, cette tendance peut rendre
fébrile au PS. Si son candidat n'est pas antipathique, est sérieux,
modéré, « normal », il ne fait pas rêver. Et quelques-uns de ses
revirements peuvent interpeller sur l'orientation réelle qu'il entend
impulser, qu'il s'agisse de la laïcité (où la volonté de
constitutionnaliser la loi de 1905 aboutit au final
à sacraliser le
Concordat en Alsace-Moselle) ou de la finance, désignée comme
l'adversaire principal au Bourget avant d'y faire plus ou moins
allégeance à Londres. Et si le vrai problème de François Hollande était
moins Jean-Luc Mélenchon
que François Hollande ? Il lui reste trois
semaines pour tenter d'y remédier.
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