dimanche 7 septembre 2014
François Hollande : le Pot aux Roses ne meurt jamais
Un tour d’horizon de la rentrée politique à la fois déprimant et hilarant.
La vie politicienne a parfaitement joué son rôle cet été : faire oublier, par une vaine agitation, l’aggravation des problèmes de la France. Montebourg eut son quart d’heure de célébrité. Il en est profondément satisfait. Il nous avait livré sa plaisante conception du redressement économique de la France depuis Bercy en juillet dernier, usant des accents d’un Churchill de pacotille. Sous la férule d’un chef charismatique (devinez qui ?), un armée de patrons-patriotes, moines soldats du redressement industriel, allait se lever, boutant l’ennemi libéral, le mauvais financier et le Teuton hors de notre outil de production. Cette bouillie doctrinale n’avait évidemment pour objet que de nourrir sa mégalomanie ordinaire. Montebourg s’imagine en calife du socialisme à la française et spécule sur la déroute qui frappera Valls 3 dans un délai de six mois au maximum. Il devait avoir les vrais chiffres de la croissance et des déficits sur son bureau de ministre de l’économie et a choisi en conséquence d’appuyer au plus vite sur le bouton de son siège éjectable.
Montebourg n’a raison que sur un point : l’euro surévalué tue notre industrie à petit feu. Pour tout le reste, il a tort, comme tous ses « amis » de la gauche du PS. Réclamer la fin d’une prétendue austérité, concrètement la mise en route de la planche à billets, pour financer le puits sans fond des déficits dus à l’entretien de l’énorme bureaucratie française ne peut que se heurter à l’opposition germanique. À peine la Banque centrale européenne aurait-elle racheté mille milliards d’euros de dette française, italienne, grecque et espagnole que Montebourg et ses émules en fabriqueraient deux mille supplémentaires. Les Américains peuvent encore – pour combien de temps ? – se permettre ce genre de facéties pour des sommes du même ordre. Mais les Européens sont trop faibles militairement et politiquement pour vivre aux crochets de la planète juchés au sommet d’une pyramide de Ponzi.
Bref, la nasse se resserre autour du président qui se disait normal. Les rangs des frondeurs, comme nous l’anticipions, vont se garnir peu à peu de tous ceux qui penseront qu’il leur vaut mieux tomber à gauche. Et ce ne sont pas les provocations involontaires de Macron ou Rebsamen sur les 35 heures ou le contrôle des chômeurs qui contribueront à les dissuader de passer à l’opposition pure et simple. L’idée qu’une dissolution se profile, dès lors que le gouvernement ne pourra plus faire voter ses textes et qu’un 49-3 coalise contre lui une majorité de parlementaires, fait son chemin.
Pourtant, le roublard Hollande ne s’en tirera pas comme le rusé Mitterrand. L’opposition sait d’avance qu’elle aurait grand tort d’accepter de gouverner avec Hollande en embuscade à l’Élysée. Si elle a deux sous de jugeote, elle lui donnera un choix plus simple que celui que Gambetta laissa jadis à Mac Mahon : se démettre ou se démettre.
Le côté subtil de cette situation est que, conscient du risque élevé d’avoir à quitter l’Élysée sous les lazzis et les hourvaris après pareil bras de fer, Hollande sera désormais tenté de tout faire pour éviter ladite dissolution. Mais il devra alors passer sous les fourches caudines de ses détracteurs et éviter toute réforme stigmatisée comme libérale par l’aile gauche du PS… Sa paralysie n’en sera que plus grande. D’ores et déjà, Valls est condamné à ne pouvoir agiter que ses bras et son menton, comme son recul sur le blocage des loyers l’a montré.
Contrairement à ce que la presse socialo-compatible a tenté d’établir, les contestataires socialistes ont donc bel et bien remporté la première manche. Il suffit de voir comment les Radicaux de gauche ont, pour ce qui les concerne, facilement obtenu le maintien en vie des conseils généraux pour mesurer à quel point le gouvernement aura comme seule issue de capituler sur presque tous les sujets.
Les déficits en tout genre vont continuer à se creuser, le chômage à augmenter, les annonces de réformes non suivie d’effets à se succéder et l’inertie à croître.
Au doux refuge sociétal
Heureusement, Vallaud-Belkacem va pouvoir jouer les fières-à-chevilles en tenant bon sur la réforme des rythmes scolaires ou quelques sujets sociétaux trouvés çà et là. La partie n’est pas gagnée pour elle car il reste rue de Grenelle quelques méchants dossiers en suspens, budgétaires notamment. Hamon a eu le nez suffisamment creux pour s’enfuir avant la rentrée des classes. 147 jours ministre de l’Éducation nationale, de quoi comprendre qu’il vaut mieux sauter au plus vite du dos du Mammouth quand il s’enrhume. Enfin… Quoi qu’il arrive, Najat V-B sera intraitable sur la suppression des bourses au mérite, un mot que le socialisme à la française a décidé de bannir.
Macron ministre
Les recettes fiscales en berne ne laissent aucun espoir de réduction du déficit à la énième édition du « meilleur-inspecteur-des-finances-de-sa-génération », produit que le monde entier nous envie de moins en moins tant il est vrai qu’on finit par juger un arbre à ses fruits. Emmanuel Macron va devoir rapidement ajuster ses ambitions à un niveau microscopique et se contenter d’un rôle de syndic de faillite annoncée.
Pendant ce temps Merkel avance ses pions à Bruxelles, où la Commission européenne devient peu à peu la succursale d’une entreprise berlinoise. Moscovici sera nommé aux affaires économiques sous la surveillance d’un vice-président germano-obédient.
Tous les autres leviers de commande échappent à l’influence française. Hollande est arrivé au pouvoir en espérant que Merkel en serait chassée lors des législatives allemandes à venir. Elle les a brillamment remportées alors qu’à Paris le gouvernement socialiste ne cessait de s’affaiblir. Le président français est ensuite passé au registre du chantage : la France est trop grosse pour faire faillite, la BCE et l’Allemagne doivent la renflouer sans exiger qu’elle se réforme. Mais, si la situation économique outre-Rhin n’est pas florissante, le début de stagnation est encore loin, aux yeux de la chancelière, pour justifier qu’elle prenne le risque de mettre en péril l’épargne de ses concitoyens pour les beaux yeux des Français. De plus, elle sait que Hollande va se ratatinant et que l’hypothèse de son départ anticipé n’est plus théorique. Voilà un cas d’école de retournement de situation. Verstehen sie sich ?
Merci aux brillants sujets qui nous gouvernent depuis trente ans et que le monde entier nous envie (de moins en moins) d’avoir si bien géré le capital politique laissé par de Gaulle.
Duflot bouillante
Artiste du blocage du marché immobilier, Duflot nous a concocté, le peu de temps qu’elle a pu méfaire dans son ministère, un arsenal bureaucratique dissuadant les affreux profiteurs d’investir dans l’immobilier. Valls, conscient d’un des pires désastres provoqués par le gouvernement de son prédécesseur, a vainement tenté de desserrer un peu le corset en renonçant à un absurde encadrement des loyers. La crise immobilière française est due en effet à 100% aux règles qui permettent aux élus clientélistes de s’immiscer dans le marché, limiter la construction et privilégier l’habitat dit social pour y loger des électeurs reconnaissants.
Mais Duflot n’apprécie pas que son héritage soit ainsi bradé et l’a fait savoir. Dès le départ, à Paris, ville où depuis 13 ans le malthusianisme politicien triomphe maquillé par des opérations festives, Valls acceptait de faire exception à la nouvelle règle : les gentils élus pourront enquiquiner à satiété les méchants propriétaires.
La situation est perverse car la condition du maintien des socialistes au pouvoir dans la capitale est le niveau élevé du prix de l’immobilier. Il remplit en effet les caisses de la ville en gonflant les recettes de droits de mutation et donne aux logés sociaux un sentiment de privilège quand ils comparent le montant de leurs loyers à ceux du secteur privé. Aubry, jalouse, rien que pour embêter Valls, a demandé à bénéficier du même pouvoir de coercition à Lille. D’autres maires suivront, cherchant un marqueur de gauche authentique en cette période troublée.
La crise du logement est bien installée, soyez rassurés pour elle.
Bagus
En Indonésie, pays superbe dont je reviens avec toujours plus de difficultés, un nouveau président, dont l’acronyme est Jokowi (pour Joko Widodo) a décidé, sitôt élu, de prendre par les cornes le principal problème budgétaire du pays : les subventions au prix de l’essence à la pompe. Cette folie distrait plus de 20% des ressources financières de l’État. Jokowi a choisi, malgré l’accoutumance de la population, d’en finir avec cette drogue et a déclaré : « Je préfère assumer tout de suite l’impopularité de ma décision ». Jokowi ne pourrait faire partie de l’élite que le monde entier envie (de moins en moins) à la France. Il a peiné dans ses études, travaillé dès l’âge de treize ans et exercé différents métiers dans le commerce et l’industrie avant de se lancer en politique.
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