TOUT EST DIT

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dimanche 7 septembre 2014

René Coty, Benoît XVI... La vraie grandeur : quitter le pouvoir quand il est temps !

Dans ses adieux- tonitruants - du 25 août, Arnaud Montebourg a cru bon de citer Cincinnatus. Ce faisant, le ci-devant ministre de l'Economie et du Redressement productif se donnait quelque importance. Le légendaire consul, figure tutélaire de la Rome des premiers temps, n'avait-il pas transformé son époque et fasciné toutes les autres? Quoique patricien de premier plan, il avait d'abord opté pour une vie de cultivateur ; si son dévouement au bien public a marqué les siècles, c'est qu'ayant deux fois sauvé, personnellement, la République, et deux fois exercé le pouvoir suprême, il y renonça de lui-même, par deux fois, afin de retourner à sa charrue. Sachant cela, on voudra bien admettre qu'il faille une certaine audace pour se comparer soi-même à un tel personnage…

Dans les heures qui ont suivi le discours de Bercy, la plupart des médias ont découvert - ou feint de découvrir - l'existence de ce modèle antique. Aucun, ou presque, n'a cependant rappelé que, dans l'histoire plus récente, une figure infiniment mieux connue avait été qualifiée de Cincinnatus moderne: c'est George Washington. En effet, après deux mandats empreints de dévouement, d'abnégation même, le père des institutions américaines, vainqueur de la Guerre d'indépendance, pacificateur d'un pays en formation, s‘était retiré sur ses terres de Mount Vernon, pour s'occuper de sa distillerie de brandy... Il faut bien de la sagesse, sans aucun doute, lorsque l'on a goûté aux délices du pouvoir, pour choisir librement d'y renoncer. Charles Quint en avait donné l'exemple, dès le milieu du XVIème siècle. Renonçant à ses lourdes couronnes au profit de son fils et de son frère, il s'était retiré dans le verdoyant monastère de Yuste, en Estrémadure, pour y finir paisiblement ses jours au milieu de ses proches, parmi les belles pendules de sa collection.
Plus près de nous, deux autres abdications ont été bien accueillies par ceux qu'elles regardaient. Le pape Benoît XVI, en déposant la tiare - cas sans précédent, pour ainsi dire, au Vatican - a retrouvé chez les catholiques une popularité inouïe. Quant au roi d'Espagne, Juan-Carlos Ier, son retrait volontaire a été salué, au printemps, par les hommages presque unanimes de ceux qui, la veille encore, l'accusaient des pires travers. L'un et l'autre, il est vrai, avaient, pour tirer leur révérence, le motif évident de l'âge. Leur démarche pourrait-elle inspirer un dirigeant plus jeune, moins las, soucieux de s'éloigner uniquement pour le bien de son pays?
Serait-il envisageable qu'un politique de premier plan - considérant sa présence au sommet comme un obstacle à la confiance ou au dynamisme - ait la dignité de s'effacer devant des personnes mieux propres à assumer ses hautes fonctions?
Un chef d'Etat français l'a fait, qui n'avait ni la vertu d'un Cincinnatus, ni la sagesse d'un Charles Quint, ni la force d'âme d'un Washington. Il avait simplement le souci de l'intérêt général. Ce président - exemplaire en la circonstance - s'appelait René Coty ; en 1958, il a fait preuve d'une humilité et d'une correction suffisantes pour laisser discrètement sa place au général de Gaulle - et à la Vème République.
M. Coty avait le respect de lui-même ; il est certain qu'il aimait la France.


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